Chapitre 5: Le retour en classe

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PDV: STILES

Je tousse...

Ma respiration est de plus en plus difficile, j'ai la sensation que la poussière a trouvé son chemin jusqu'au fond de ma gorge en passant par mes narines. Cela fait plus d'une heure qu'il y a des aller-retours excessifs dans les marches d'escaliers, résultat tout la poussière me tombe sur le corps et j'ai la sensation que je risque de faire une crise d'asthme alors que je ne fais même pas d'asthme.

Je cache mes yeux lorsqu'ils sont attaqués par la lumière du jour, je prends quelques secondes pour m'habituer à la lumière puis reconnais la silhouette de mon père. J'ai l'impression durant une demi-seconde qu'il s'inquiète pour moi, mais je comprends trop tôt que je n'ai vu que ce que je voulais voir dans son regard et qu'il m'observe toujours avec indifférence.

"Dépêche-toi d'aller te laver, ton déjeuner est sur la table."

"D-D'accord." Dis-je difficilement, toujours à cause de la poussière.

Je rampe hors de mon placard avec difficulté. Bien que la majorité de mes blessures ne me font plus mal, mes côtes, eux, me font toujours atrocement mal, surtout lorsque je reste longtemps dans une même position. J'entend mon père fermer la porte derrière moi et je frissonne lorsqu'il m'aide à me mettre sur pied. Je laisse sortir un hoquet et le repousse pour courir à l'étage avant de me mettre à pleurer... Depuis combien de temps ses mains m'avaient touché d'une façon aussi douce?

J'essaie d'ouvrir la porte de la salle de bain, mais elle est verrouillée et la voix de Marc hurle que c'est occupé. Je soupire, désespéré et pars dans ma chambre pour me prendre des vêtements. Je sors caleçon, jeans, t-shirt et mon éternel hoodie rouge, au même moment j'entend Simon sortir de sa chambre et je serre mon hoodie très fort contre moi priant pour qu'il passe devant ma chambre sans y entrer. Je tombe sur mon lit de soulagement lorsque je l'entend descendre les escaliers.

Je me dépêche de prendre possession de la salle de bain dès que Marc en sort. Je m'enferme à l'intérieur et pose mes vêtements sur le comptoir. Je m'observe dans le miroir, je suis affreux. Mes joues sont creuses, signe qu'on m'a privé de repas beaucoup trop souvent au cours des deux dernières semaines. Je retire mes vêtements poussiéreux et laisse sortir un hoquet les larmes coulant sur mes joues alors que je me tourne légèrement sur le côté pour voir l'hématome dans mon dos qui n'a pas diminué de dimension en deux semaines, il faut dire que ce placard ne me permet pas vraiment de guérir d'une côte foulé... si elle n'est pas cassé.

Tout ça parce que Simon m'a accusé de l'avoir frappé... tout ça parce qu'à chaque jour on m'accuse d'une nouvelle chose que je n'ai pas faite et cette nuit? Pourquoi me suis-je retrouvé dans ce placard? Parce que j'ai fait des efforts pour ne pas faire de vagues lors du repas avec la famille McCall. Parce que j'ai fait attention à ce que je répondais, parce que je ne voulais pas que Scott s'intéresse trop à moi comme Simon ne m'en considère pas digne... Et en retour à quoi j'ai droit? Ma belle-mère me trouve impolie envers les McCall... Elle a passé le reste de la soirée à convaincre mon père et s'est lui-même qui m'avait enfermé dans le placard.

Je descends au rez-de-chaussée lorsque je termine de prendre ma douche, prêt à manger mon déjeuner, mais je m'arrête figée devant la table vide. Je regarde sur le comptoir de la cuisine, mais non, là aussi c'est vide. J'avance vers le réfrigérateur et l'ouvre, mais aucune assiette ne m'attend. J'entend alors quelqu'un arriver dans la cuisine et je sors mon nez du réfrigérateur pour voir Josée me regarder avec son petit sourire suffisant.

"Quoi? Tu t'attendais vraiment qu'en prenant autant ton temps il y aurait encore une assiette à t'attendre? Fallait se dépêcher mon grand, tu ne veux pas que ton père soit en regard n'est-ce pas?"

"Si vous avez si peur que père soit en retard, pourquoi vous ne laissez pas Simon nous conduire à l'école?"

"Parce qu'une voiture de police nous donne le droit à plus de respect qu'une vieille poubelle."

Je ferme un peu trop violemment la porte du frigidaire à son commentaire, n'appréciant pas qu'elle compare la Roscoe de ma mère à une poubelle, mais je regrette tout de suite en voyant mon père s'intéresser au bruit que je viens de faire.

"Qu'est-ce qui se passe ici?" demanda Noah montrant son impatience.

"Mon chéri, ton fils s'est fâché après moi, il ne comprend pas que j'y suis pour rien s'il ne se dépêche pas pour venir manger, tu vas être en retard non? C'est pour ça que je me suis débarrassé de son assiette."

"Ce n'est pas vrai, si je me suis fâché, c'est parce qu'elle traite la voiture à maman de vieille poubelle, je ne peux pas accepter ça!"

Un éclair de colère passa dans les yeux de Josée pour l'avoir contredit, mais quand il s'agit de ma mère je refuse de m'abaisser. Je supplie mon père du regard pour qu'il me croit, mais je suis tout tremblant lorsque je le vois soupirer et je ne sais pas si c'est parce que j'ai peur de sa réaction ou parce que je suis en colère qu'il ne considère pas plus que ça le dernier vestige de ma mère. Il porte son regard sur sa femme avant de reporter son attention sur moi.

"Stiles, ta belle-mère à raison, on va être en retard, on y va."

Je pourrais me fâcher qu'il ne dit rien face au commentaire de Josée, je pourrais oui... mais je ne le fais pas, parce qu'il m'a appelé Stiles, parce qu'il m'a considéré malgré qu'il ne l'ait pas montré. Ma cage thoracique grossit sous l'émotion alors que j'hoche la tête quittant la cuisine pour retrouver mon sac d'école sur le bord de la porte.

J'avais vraiment mal lorsque je sortais de la voiture une fois dans le stationnement de l'école. Durant tout le trajet j'avais l'impression d'avoir des centaines d'aiguilles qui se plantaient au niveau de mon énorme bleu. J'attendais que mon père nous ouvre la valise pour y prendre mon sac lorsque je levai mon regard au loin, ayant l'impression étrange d'être observé. Ma gorge se serra devant l'intensité de ce regard, je ne rêvais pas, j'étais la personne que cet homme, au fond du stationnement, observait les bras croisés, appuyé contre sa voiture.

Je me sens étrange, j'ai l'impression de reconnaître ce regard. Mon cœur s'emballe soudainement alors que je vois ses yeux briller. Je me dis que ce doit être une illusion, un reflet de la lumière, pourtant je n'y arrive pas, je ne peux m'empêcher de me dire que je n'ai pas rêvé, même lorsque ses yeux redeviennent normal et je continue de l'observer, incapable de regarder ailleurs. Sa présence est discrète, comme s'il parvenait à se fondre dans le décor malgré son air un peu sombre et sa veste de cuire et une partie de moi l'envie pour ça.

Je sursaute lorsqu'un bras s'accroche à mes épaules et mon regard dévie vers Simon, le propriétaire du bras. Je frissonne d'effrois devant son merveilleux sourire, je sais que ça ne veut rien dire de bon. Il se rapproche doucement et je penche la tête sur le côté alors que je le laisse glisser vers mon oreille pour m'y chuchoter quelque chose. Une sensation de froid me traverse la colonne vertébrale et mon regard se dirige vers Scott un peu plus loin avec ses amis.

"Sérieux, j'peux pas, Simon..." Suppliai-je.

"C'est ça où je m'arrange pour t'accuser de quelque chose de bien pire."

Je ferme les yeux alors que j'entendais mon demi-frère murmurer comment il pourrait s'arranger pour faire croire à Noah que j'ai abusé de la gentillesse de Scott en le forçant à faire mes devoirs. C'est la douleur au cœur que j'ouvre les yeux et chuchote que j'accepte sa demande et je peux presque sentir son sourire contre mon oreille me lançant de nouveaux frissons dans tout le corps.

"Oh, regardez, c'est Scott là-bas." Dit-il pour se faire entendre par tout le monde incluant mon père.

Je portais à mon tour mon attention sur l'adolescent qui, étonnement s'était tourné vers nous avant même que Simon ne dise son nom à voix haute. Je soupire ne pouvant plus reculer et ouvre partiellement les lèvres laissant sortir un faible, mais audible "Hey" tout en saluant de mon bras pour le faire s'approcher.

Je commence à me demander si c'était une bonne idée d'accepter... pas pour moi, dans tous les cas la réaction sera la même, je vais me faire battre, mais je me sentais vraiment mal d'être obligé de lui faire subir cette humiliation... 

La vraie familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant