Moi

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Je me dresse devant toi comme une pâle statue
Je te regarde avec désir, émoi, mes regards de poète...
Seras-tu pour moi un renfort ou une plaie?
Me consoleras-tu des maux que j'ai soufferts avant de te rencontrer?
Sauras-tu pourquoi je pleure à minuit?
Pourquoi mes yeux luisent à la tombée du noir?
N'es-tu ni poète, ni rêveur, ni civilisé, ni barbare?
Es-tu un homme?
Qu'y a-t-il dans cette mâle poitrine, dans cet œil de lion, dans cette peau froide?
Quand tu dors, rêves-tu que tu voyages vers la lune?
Quand les hommes te font du mal, embrasses-tu les lèvres des cœurs brisés?
Te trouves-tu seul quelquefois parmi une foule?
Es-tu rempli d'amour pour aimer ainsi
Ou rempli de haine pour me baiser ainsi?
Serai-je ta muse ou ton thrène?
Quand je comblerai tes désirs, me regarderas-tu comme un enfant?
Quand je me jette dans tes bras, ton souffle se coupe pour des instants?
Et ton âme, survit-elle à ton corps, quant tu quittes le corps de celui que tu aimes?

Qui êtes-vous beau rêveur, fleur bleue
J'ai tant voulu humer ta rose
J'ai beau rêvé souffrir l'amour d'un héros momentané
De tourner mon sang en vin, j'ai beau essayé
Qu'il serait doux de t'aimer
et il n'y a rien de plus fort que la douceur

Je te désire mon maître
Ou désiré-je un âge tendre à mon être
Je tourne vers un passé sinistre funeste;
Ou pour un plus bel amour je suis ma traverse
Mais je n'ai vu luire encore que les feux du matin
Je veux achever ma journée
Et si je touche mon enfance,
Quel incèste!
Si je baise ma mère,
Quel incèste!
Incèste;
Mes mains qui caressent un père que je déteste!
Mais si je t'aime beau rêveur,
Quelle ivresse!

L'affreux Where stories live. Discover now