Chapitre 17

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Accompagnée du Prince, Mélia avait rejoint les autres voyageurs dans une grande salle. Celle-ci comportait diverses tables en bois où des victuailles étaient entreposées. De grandes gens étaient déjà installées et se servaient au milieu du brouhaha. La jeune femme accompagna Morgareth jusqu'à la table royale.

Cette dernière se trouvait face aux autres. Le Roi à la chevelure dorée surplombait ses invités. Il était habillé de lourds vêtements. Son visage ridé par le temps était marqué de taches brunes, comme les autres membres de son peuple. À ses côtés se trouvait une femme. Les cheveux tout aussi caractéristique de la famille royale. Ceux-ci étaient d'une longueur incroyable, tressés et ramenés en un chignon imposant.

Une fois que les derniers vinrent s'asseoir à table, ils prirent également part au repas. Mélia sourit à ses compagnons, en guise de salutation. Ils faisaient face aux membres royaux, dont Morgareth. Ce dernier prit la parole :

« Je vous présente solennellement ma chère sœur et futur Reine Lynsa, ainsi que mon père Hildur, Roi de Prael. »

Tous se penchèrent, en signe de respect.

« Malheureusement, reprit le Prince, ils ne parlent pas l'alosien, bien qu'ils en comprennent certaines brides. »

La princesse et futur Reine, était la seule dont le sourire jurait avec leur destinée. La douceur de son visage aux marques brunes, ne laissaient entrevoir que la bienveillance et la tendresse. Beaucoup, cependant, la croyaient incapable de diriger le pays des maudits. Une nature pareille ne pouvait être née au sein d'un peuple au désespoir infini.

Le Prince se tourna ensuite vers sa famille pour leur parler. À chaque parole du Roi, il les traduisait aux voyageurs.

« Mon père vous remercie de votre venue, dit-il. Il espère également que l'accueil à Prael a été convenable. Pour l'instant, il vous propose de manger votre repas, avant de passer aux choses sérieuses. »

Et c'est ce qu'ils firent, ne sachant où donner de la tête face à cet incroyable buffet. Les invités sortaient et entraient dans la salle pour être servi à leur tour. L'ambiance était bruyante, mais pour autant l'animation n'en était point joyeuse. Les discussions, dans cette langue brute, se faisaient sans éclats de rire.

Des employés royaux vidaient, pour remplir à nouveau, les plats sur les tables. Mélia avait profité de son dernier repas à Edhira. Jugeant chacune de ses bouchées, elle prenait le temps d'en apprécier toutes les saveurs. Quand celui-ci fut terminer pour la table principale, nos invités furent conduit à une autre salle. Ils grimpèrent les escaliers pour se rendre à l'étage supérieur et être conduit jusqu'à une pièce rempli de sofas et tables basses. Un coin tranquille pour se reposer ou pour passer le temps à lire, loin des bruits environnants.

Le Roi parla à son fils, parfois joint par la Princesse. Cela dura un moment avant que Morgareth leur traduisit :

« Cirus, la pièce d'à côté a été disposée pour que tu puisses discuter avec les reflets. Le Roi aimerait s'assurer que tu leur parles du présage de notre Dieu, mais également, que tu leur demandes si tu sais où nous pouvons le trouver. Mon père a déjà essayé à plusieurs reprises de converser avec lui, mais aucune réponse.

– Bien sûr, répondit-il, mais il me faut plus de détails sur les récents événements. »

Le Prince se tourna à nouveau vers son père, puis parla à l'alosien :

« Sais-tu exactement comment fonctionne une discussion entre un correspondant royal et son Dieu ?

– Uniquement dans les grandes lignes.

– Laisse moi t'expliquer dans ce cas. Mon père se rend au culte de Praelni toutes les semaines. Cet endroit est sacré, et il est le seul à pouvoir s'y rendre. Je ne pourrais te dire exactement à quoi ressemble ce lieu, mais une statut de notre Dieu y trône. Mon père communique à travers elle, et alors, la voix de Praelni se met à résonner dans l'enceinte du culte. Ce fameux jour, le Dieu semblait acculé par quelque chose. Sa voix était distordue et faible. Mon père a eu dû mal à déchiffrer tous ses dires. Pour autant, de ce qu'il a comprit, c'est que l'alignement des reflets pourrait entraîner le chaos sur Edhira. Un ennemi commun pourrait apparaître d'ici peu et prendre possession de notre cher monde. Malheureusement, alors que la voix de notre Dieu se faisait plus faible, le Roi n'a pas réussit à savoir quoi faire pour éviter se funeste destin, si ce n'est de parler aux reflets. Bien entendu, il a essayé à plusieurs reprises, des jours durant, de reprendre contact avec Praelni. Cependant, comme tu le sais déjà, ce fut un échec. Mon père m'a dit qu'il ne parvenait même pas à ressentir sa présence. Le culte semble si vide à présent. »

Il fit une pause un instant. Son père lui parlant à nouveau.

« Tu dois comprendre comment empêcher le présage de se réaliser, continua-t-il, mais nous aimerions également savoir où se trouve notre Dieu et comment reprendre contact avec lui. Tu sais sûrement qu'un pays sans Dieu est un pays mort, perdu dans la solitude la plus totale. Nous continuons à prier, mais nos prières semblent encore moins écoutées qu'auparavant. Nous avons besoin de Praelni. Un Dieu ne peut pas mourir, il doit forcément y avoir un autre moyen pour prendre contact avec lui. C'est essentiel pour comprendre quelle est cette destiné dont nous allons devoir faire face.

– Je vais faire de mon mieux, annonça Cirus.

– C'est tout ce que nous souhaitons. »

À ces mots, Cirus fut accompagné jusqu'à la pièce d'à côté. Mélia s'était joint à lui après avoir récupérée ses affaires. Daery et Brithellia étaient restées avec le Prince et sa sœur. Le Roi les avait quitté pour retourner à ses tâches royales.

La fameuse pièce où s'étaient rendu l'alosien et la terrienne, abritait en son centre un grand miroir. Celui-ci avait été placé là pour l'occasion.

« Que leur diras-tu une fois que je serais partie ? demanda Mélia, la voix pleine de tristesse.

– Ne t'en fais pas pour ça, je pourrais toujours leur dire que tu es restée voyager dans les reflets, et que tu n'as donc plus aucune raison de continuer le voyage en notre compagnie. »

La mine déconfite de la jeune femme, lui fit de la peine.

« Nous en avons déjà parlé, Mélia. Ne sois pas triste, ce n'est peut-être pas la fin. Je reviendrais te voir, et qui sait, peut-être que je t'emmènerai à nouveau sur Edhira. Il faut simplement que cette histoire se résous, et ensuite de nouvelles possibilités pourraient émerger. »

Elle acquiesça, non sans soupirer.

« Je suis heureux de t'avoir rencontré, continua-t-il, et que tu es fais ce bout de chemin à mes côtés. »

Les yeux larmoyants, elle ne put lui répondre avec des mots. Elle l'avait pris dans ses bras, sanglotant au milieu de sa poitrine. Il l'avait prit à son tour, caressant son dos pour calmer ses soubresauts. Le temps exact dans lequels ils restèrent dans cette position, était incertain. Mais il fallut bien plusieurs minutes avant qu'ils ne se détachent, les yeux de la jeune femme asséchés de larmes.

« Tu es prête ? » susurra l'alosien.

Elle acquiesça, résolue. Se tenant la main, comme à chaque fois, elle vint s'agripper à lui. Il traversa avec une lenteur inhabituelle, pour que les dernières secondes sur Edhira soient inoubliables. Mélia ferma les yeux, se tenant à l'aligne-reflets. Cirus passa une main puis, alors qu'il s'engouffrait, lâcha prise. La jeune femme retomba sur cette pièce praelienne au miroir en son centre. Ouvrant les yeux, elle déglutit. Surprise, elle eut du mal à comprendre, quand elle vit Cirus sortir du miroir tout autant étonné qu'elle.

Cette fois encore elle ne passerait pas. L'heure de rentrer n'avait pas encore sonnée.


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TragicBird - Wattpad

Edhira : La Disparition du Dieu mauditWhere stories live. Discover now