Because of you.

Prologue

Ella Harper

— Tu vas venir ce soir ?

— Non, je suis de garde.

— D'accord.

Je défais mon tablier et l'accroche dans mon casier.

— Fais attention en rentrant.

— Je sais.

Je détache mes cheveux et les secoue. Ça fait du bien de lâcher ses cheveux !

— Bon sang ! Tu sais que je n'aime pas que tu fasses la fermeture lorsque je suis de garde, se plaint-il.

— Oui, je sais. Mais je ne pouvais pas refuser quand même.

— Oui. Laisse-moi un message lorsque tu rentres chez toi.

— À vos ordres, commissaire ! rigolais-je en verrouillant la porte extérieure.

Lorsque je sors de « la fleur rose », la pâtisserie dans laquelle je travaille, je regrette d'avoir accepté de faire la fermeture. Les rues d'Atlanta semblent plus sombres et vides que d'habitude. Les bus ne circulent plus à cette heure si tardive. Mon appartement n'est pas aussi loin, 20 minutes à pied. Cependant, je suis épuisée et cela pourrait prendre 40 minutes. Je me félicite d'avoir opté pour un jean et un t-shirt plutôt que la robe que je comptais mettre. C'est comme si j'avais deviné que Rosalinda allait me demander de faire la fermeture.

Je mets mes écouteurs et marche tranquillement. Je profite de cette tranquillité et ignore ma peur. Je sais que même s'il ne m'est jamais rien arrivé, on est jamais assez prudent. Surtout à cette heure-ci. En évitant de marcher dans les rues étroites, je sais que le risque de danger est minimal.

Arrivée dans mon petit appartement, j'enlève mes chaussures et me déshabille en allant dans la salle de bain. Heureusement, l'eau chaude ne tarde pas à couler. Il me faut une dizaine de minutes parfois pour avoir de l'eau chaude.

Je sors de la salle de bain en m'enveloppant dans une serviette, contente d'avoir pu laver mes cheveux sans aucun problème. Je déteste devoir finir de laver mes cheveux dans l'évier de la cuisine.

Une fois séchée, j'enfile mon pyjama et me prépare un bon chocolat chaud. Je m'allonge sur le canapé, qui me sert aussi de lit, et attrape mon ordinateur portable qui traine tout le temps sur la table basse. J'ouvre un épisode d'Orange Is The New Black et le regarde tranquillement. J'aime les soirées tranquilles comme celles-ci.

Depuis quelques années, c'est devenu mon quotidien. Travailler dans la pâtisserie et finir la soirée dans mon canapé avec une boisson en main.

Dire que j'en suis fière serait mentir, mais j'évite de me plaindre. Je me répète sans cesse que ça aurait pu être pire...

La sonnerie de mon téléphone retentit. Je n'ai pas besoin de vérifier pour savoir qui c'est. Ces temps-ci, il n'y a que deux personnes qui m'appellent. Et à cette heure-ci, c'est toujours la même.

— Allo ?

Je soupire.

— Si vous continuez, je vais aller à la police.

Comme d'habitude, pas de réponse.

— Vous savez que si vous parlez, ça serait plus simple ? Vous commencez à m'agacer lourdement.

Je raccroche.

Quelqu'un a pris l'habitude de m'appeler presque tous les soirs depuis un mois. J'ignore l'identité de celui-ci, car il ne parle jamais. Je pensais d'abord qu'il s'agissait d'un enfant qui voulait s'amuser, mais je doute qu'un enfant continue aussi longtemps. J'aurais bien voulu le bloquer, mais il appelle en numéro masqué.