Chapitre 3 :

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Notre mère arrive, malheureusement pour moi, pile au moment où ma sœur récupéra son manteau. Elle fut ravie de la voir, d'autant plus que cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas donné de nouvelles. Aux yeux de ma mère, ma sœur était la fille parfaite, innocente, douce, belle, intelligente, serviable... Bref tout le contraire de moi le vilain petit canard de la famille, et ce, malgré son mariage fait en catimini, dans le secret, son opinion ne changera pas. Ma mère saisis l'occasion de ce mariage pour me rappeler que je devais faire comme Sophie, me trouver un bon parti à épouser, plutôt que de perdre égoïstement mon temps à l'école de stylisme. Elle me reprochait aussi de traîner avec ce garçon un peu trop gay à son goût. Je ne lâchais pas un mot durant toute la soirée, à quoi bon la conversation se faisait entre ma mère, Sophie et Thomas, qui s'était joint à nous, puisque il devait récupérer ma sœur. Il n'y en avait que pour Sophie par-ci Sophie par-là...  Et Thomas et Sophie... Bref j'étais la femme invisible ce qui me permis de m'éclipser si tôt le dîner fini.
C'est avec soulagement que je suis montée dans ma chambre, mon havre de paix. Prête pour la nuit et avant d'aller me coucher, je me suis posée sur le bord de la fenêtre avec mon ordinateur pour prendre des nouvelles en appel vidéo de mon père et François.
Je leur ai parlé un long moment, il me manquaient et j'avais hâte de les retrouver. Même si les résultats étaient peu visible, ils étaient positifs.
L'heure était venue pour moi de me coucher, de naturel optimiste je m'endormis en pensant que ma vie était parfaite et que peu importe ce qu'il se passera je continuerai d'être heureuse.

Le lendemain matin, je me retrouvais à table avec ma mère, elle ne m'adressa pas un mot, pas un regard, plus froide qu'un glaçon.
Ma mère ne comprenait pas que je perde mon temps dans mes études de design, d'autant que pour elle cela n'aboutira jamais à un vrai métier et je ne gagnerai pas ma vie. Elle ne peut concevoir qu'à vingt et un ans, on ne soit pas mariée, avec des enfants, ou à défaut en union libre. L'air chargé de tension, je me dépêche de déjeuner, prends mon sac et pars pour ma chasse au trésor, c'est-à-dire du matériel pour mes cours et travaux de couture personnels. À partir de lundi je commencerai à passer mes examens pour valider ma licence. Une fois obtenu je rêve de travailler dans une grande maison pour à terme créer la mienne, c'est ma seule motivation. Je commençais ma quête dans une boutique où j'avais mes habitudes, la devanture ne payait pas de mine, mais pour moi c'était la caverne d'Ali Baba, on avait l'impression que le temps s'était arrêté. La boutique avait des présentoirs en bois, l'odeur de la cire chatouillant mes narines . À chaque visite j'étais sûre de trouver mon bonheur, tantôt un tissu, des babioles pour en orner des bustiers de la passementerie... Mes achats effectués, la propriétaire avec qui des liens d'amitiés s'étaient noués avec le temps, me glissa quelque chutes de tissus dont un brocard que je convoitais depuis longtemps, mais trop cher pour moi. Je restais à la regarder avec étonnement. Elle me sourit en me disant qu'un tel talent comme le mien, il ne faut pas le gâcher et que je saurais embellir les chutes. Cette femme n'est que gentillesse et douceur...  Je l'ai remerciée et après avoir payé, je continuai vers d'autres merceries, où tissus et inspiration m'attendaient.

Cela faisait à peine une heure que j'étais rentrée chez moi que mon téléphone se mit à sonner. C'était ma chère sœur, après un long soupir je me décide enfin à lui répondre.

« Allô Sophie ?
–La rencontre avec David a été avancée à ce soir ! Dit-elle d'un ton autoritaire! Une voiture viens te chercher à 20h précises !
–Je ne sais pas si tu es au courant mais j'ai une vie aussi et je suis pas à disposition de M. Galardi ! J'ai un rendez-vous avec Lucas et je ne compte pas annuler !
–Non tu vas annuler avec ton Lucas et tu iras dîner avec David, point ! J'ai trouvé la solution pour aider la famille alors tu vas faire ce que je te dis ! ! Puisque tu enchaînes les petits boulots qui ne rapportent rien, vas à ce dîner et fais tout pour que ça marche ! Et Lucas tu le verras lundi, il va pas mourir parce que tu as annulé , on s'en fout de Lucas, vociféra-t-elle.
–Pardon ? Des petits boulots qui rapportent rien ? Rappelle moi qui as un revenu qui rapporte de quoi honorer les dettes et de quoi nous nourrir ! Je ramène chaque mois de quoi honorer deux mensualités ! Alors je fais ce que je veux du temps libre qu'il me reste et si j'ai envie de voir Lucas, j'irai le voir ! Je ne tournerai pas le dos à mon meilleur ami au prétexte que Madame en a décidé ! Lâchais-je dans une grande colère.
–Écoute tu fais ce que je te dis ! Oublie pas que maintenant je suis mariée et que j'ai d'importantes dépenses, il faut que je reste féminine, cela demande des sacrifices ! Dit-elle plus calmement
–Tu es pathétique, un monstre d'égoïsme ! ! ! Mais bon, puisque une fois de plus il est de mon devoir de me sacrifier et bien soit, je vais dîner avec ton Mr. Galardi et ce n'est pas de gaieté de cœur !
_Bien tu deviens enfin raisonnable ! Évite de t'habiller comme un sac ! Parce qu'une poubelle reste poubelle même teinte en rose et neuve alors habille toi sexy comme moi ! Me crache-t-elle.
–Non mais j'hallucine tu te prends pour qui ? Dois-je te rappeler que je suis plus au fait de la mode que toi ? Et puis si je ressemble à une poubelle, toi aussi je te signale que nous sommes jumelles, alors réfléchi avant de parler tu auras l'air un peu plus intelligente.
_ Keynna ne joue pas à la plus maligne avec moi ! Je viendrai m'assurer que tu es correctement vêtue et à l'heure ! À ce soir !

Elle me raccrocha au nez. Je restai coite. Une fois les idées claires j'appelai Lucas pour reporter notre soirée au lendemain. Il comprit ma décision, devant la colère de ma sœur il savait que je n'avais d'autres solutions. Je lui promis de lui raconter ma soirée dans les détails et c'est encore lui qui réussi à m'apaiser. Je le laissais, il était temps pour moi de me préparer.

Le contrat de la dernière chanceWhere stories live. Discover now