Chapitre XXVI :

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Le lendemain midi, le soleil était à son zénith, éclatant de mille feux il baignait la chambre d'Ama et Ginny d'une épaisse lumière qui aurait put rendre aveugle si on ne prenait pas garde. Mais l'Empathe se fichait pas mal de ce détail, occupée à se vêtir de vêtements discrets elle se fixait dans le miroir, elle n'était par narcissique, mais son reflet l'attirait.

Elle n'avait pas changé, elle avait les mêmes cheveux blanc, quoiqu'un peu plus long, le même physique avec une ou deux cicatrices de plus, ses yeux étaient toujours aussi bleus que la nuit.

Mais elle avait changé.

C'était la lueur dans son regard qui avait changée précisément. Auparavant, son regard était neutre, terne et inexpressif, aujourd'hui elle le voyait brillant et expressif, désormais elle voyait même de la joie en pensant à quel point elle était heureuse d'avoir changé.

Derrière s'étendait un sombre passé, houleux, dangereux, mais pourtant si sage. Etrange dit comme cela, mais son passé était empli de la sagesse qu'elle avait aujourd'hui et de l'expérience, elle ne disait pas qu'elle était une personne très sage qui faisait la morale aux autres, non, juste qu'elle avait la sagesse de ses années de combats et qu'elle le montrait parfois.

— Ama, et si, au lieu de te fixer dans le miroir, tu te bougeais pour qu'on aille au rendez-vous avant qu'Arwen trouve le moyen de nous ramener mentalement ? proposa Ginny en arrivant dans la chambre.

Ama hocha la tête, elle n'était pas d'humeur à parler ce matin, sans un mot Ginny s'approcha d'elle et luit prit la main pour transplaner. Ama avait certes appris à transplaner grâce à ses gènes magiques, mais elle appréhendait toujours de le faire seule.

Les filles atterrirent dans un clapotis de bous répugnant, l'Allée des Embrumes semblait la seule allée où l'humidité était toujours présente, mais également bondée. Elle faisait presque peur à Ama, les sorciers qui passaient ici avaient des regards mauvais, des sourires carnassiers, et elle ne parlait que des femmes, les hommes quant à eux... Ils avaient des sourires malveillants avec des regards très effrayants, aucun doute de ce qu'il se passait dans leurs têtes lorsqu'ils voyaient de belles jeunes femmes.

Protectrice, Ama lança un regard noir aux hommes qui s'approchaient trop près d'elle et Ginny et se mit en rempart devant cette dernière, bien que l'Hypnotiseuse sache qu'elle détestait ça, elle fut rassurée de voir que Ginny ne cherchait pas à se dégager.

Les deux amies longèrent le mur jusqu'à entrer dans une petite échoppe noire comme de l'encre, Ama ne parvint pas à lire le nom de la boutique, mais en entrant elle cru arriver dans un coin de paradis. Des plumes, des livres et des carnets en cuir, si elle ne se retenait pas elle se jetterait dessus.

— AH bah enfin ! cria Arwen en apparaissant devant elles.

— Evite de rameuter toute la rue, grogna Ginny en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule.

— Déstresse, c'est la boutique de mes parents, je les aide pendant les vacances et aujourd'hui c'est leur journée de libre, j'en profite.

— Hooo, c'est pour ça que tu nous fais venir dans l'endroit le plus glauque et douteux du Chemin de Traverse alors ! s'écria Ginny avec sarcasme.

— Lucie ne viendra jamais ici au moins, tempéra Ama.

— C'est sûr qu'avec ses décolletés plongeants, ça ferait tâche. Mais heu... Arwen, pourquoi tu t'es coupé les cheveux ? demanda Ginny.

Ama releva brusquement la tête, elle était tellement attirée par ce qui l'entourait qu'elle n'avait même pas pris la peine de regarder la Serpentard, en effet, ses cheveux châtains qui lui tombaient aux milieu du dos étaient désormais coupés au carré, bien que ça lui aille très bien Ama se demanda pourquoi elle avait fait ça.

— Deux prénoms : Lucie et Zacharias, gronda Arwen.

— Comment ?? Je ne suis partie que deux jours avant la fin ! s'écria Ginny.

— Zacharias est venu me parler, Lucie s'est glissée dans mon dos et a mis quelque chose dans mon verre, je le sais parce que je l'ai reconnu courir de loin. Insouciante j'ai bu et voilà le résultat.

— Dis-toi que ça te va très bien que moi et Ginny on a l'honneur d'avoir Lucie au Terrier, fit Ama, presque boudeuse.

— Eh c'est un coup dur pour Ama la commentatrice de Quidditch et Ginny la meilleure poursuiveuse ! déclara Arwen en joignant ses mains devant sa bouche pour faire comme un micro.

— Tu ne peux pas savoir. Mais passons, de quoi voulais-tu parler justement ? dit Ginny, ramenant les filles à la réalité.

— Lucie justement. Elle a réussi à terroriser les première et deuxième année de Serpentard. Ils m'ont dit qu'elle avait des talents qu'on ne pouvait même pas soupçonner, et je leur fais confiance à ce niveau-là, déclara Arwen.

— Le talent de comédie en fait partit ? Parce qu'avec elle on bat des records, elle a réussi à faire croire que j'avais des problèmes mentaux, soupira Ama.

— Et qu'elle était désolée, renchérit Ginny.

— On est tombée sur fort. On va tomber, je ne suis pas pessimiste, mais réaliste, prévint Arwen. On va tomber à un moment ou un autre et vous le savez.

— Mais dans une chute, le plus important n'est pas cette dernière, c'est la vitesse à laquelle on se relève, contra Ama.

Arwen allait ouvrir la bouche quand la clochette de la boutique sonna, Ama se retourna et eut l'horrible chance de voir le professeur Baiard avec un homme aux cheveux châtains et aux yeux gris.

— Papa ! Je te présente mes amies, dit Arwen sans dire les noms à l'homme aux cheveux châtains.

— Je les connais déjà, merci, répondit-il froidement les mains croisées dans le dos.

Ama jugea qu'il était temps de filer, hors de question de voir le professeur Baiard plus que nécessaire, elle posa sa main sur l'épaule d'Arwen et s'y appuya pour lui murmurer :

— On te recontacte dès qu'on a des infos supplémentaires.

Arwen hocha la tête et Ama et Ginny quittèrent la boutique, en passant devant le professeur Baiard celui-ci les suivit du regard, se passant une main dans ses cheveux gris argentés il arbora un sourire malveillant.

L'Empathe pressa le pas, poussa Ginny et lui prit la main pour transplaner au plus vite au Terrier.

— Génial, même le prof fait peur maintenant ! gémit Ginny.

— Il a toujours fait peur, la corrigea Ama.

— Oui. Mais on fait quoi maintenant ?

— On attend. Et on évite au maximum les contacts avec Lucie, donc moi je pense que je vais passer toutes mes journées à la boutique des jumeaux et dans les boutiques alentours, sinon je vais finir par commettre un acte regrettable.

— Eh bien moi j'irai voir Luna et je te donnerai de ses nouvelles, j'essayerai de passer chez Neville aussi. Si tu vois quelque chose au Chemin de Traverse tu me tiens au courant.

— Si tu apprends la moindre chose chez nos amis aussi, acquiesça Ama.

— Comme toujours Ama.

— Et ça restera ainsi longtemps vu les mauvaises augures qui s'annoncent dans notre vie, soupira l'Hypnotiseuse le regard porté sur le soleil qui s'était fait éclipsé par les nuages gris.

La Mélodie du Temps. Tome I : Souvenirs de printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant