2- Le temps passe

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Il était 21:33 exactement, je m'en souviens parce que ce soir-là était le dernier du tournage. Ça faisait 2 mois qu'on tournait à LA et je voyais la fin de mon séjour aux États-Unis approcher à grand pas. Cette pensée me rendit encore plus mélancolique lorsque je la vis s'approcher de moi avec un sourire fatigué mais plein de bonne humeur.
-Je suppose que c'est l'heure de se dire au revoir..., je lui dit avec une petite voix et un sourire triste.
-Roooh... ! sois pas si dramatique, on se revoit demain...!
Elle avait raison, il fallait que j'arrête d'y penser, même si je devais repartir dans deux jours, nous avions prévu de nous voir autour d'un dernier déjeuner dans notre restaurant préféré. Enfin, je dis restaurant, mais il s'agissait surtout d'une sorte de fast-food pas loin du lieu de tournage. On avait l'habitude d'y aller déjeuner tous les midis lors de la pause et de discuter de tout et de rien.
Le souvenir de nos discussions partagées, de nos sourires échangés, de nos rires entremêlés lors de nos fameux concours de blagues, tout me revint en tête, et une boule se forma dans ma gorge:
-Je sais... mais après ça on se verra plus, je devrais rentrer en France, on pourra plus se parler...
-Mais si, j'ai ton numéro de téléphone, et toi t'as le mien...!
-Oui mais c'est pas la même chose que de se voir en vrai...
-Je sais... Moi aussi ça me rend triste, mais tu pourras toujours revenir aux États-Unis pour des vacances, et si tu trouves un autre tournage ici, tu n'auras qu'à me rendre visite... !

Dans un sens elle avait raison, mais en même temps elle ne savait pas qu'elle avait tort. Certes j'étais triste à la pensée de ne plus voir mon amie que j'avais fréquenté tous les jours pendant deux mois, avec qui j'avais discuté chaque midi pendant presque deux heures, avec qui j'avais partagé des émotions, des gestes, des scènes, mais en réalité ce qui me rendait le plus triste, c'était de devoir partir sans lui avoir dit que je l'aimais. Je l'aimais. De tout mon cœur, de toute mon âme.
Je n'ai pas osé lui dire lorsque je l'ai rencontré, parce que je ne voulais pas paraître pour un fan accro, pourtant c'est ce que j'étais : accro.
Mais désormais, nous étions amis, et je m'en voulais de ne lui avoir toujours rien dit, parce que je savais que cette relation que l'on partageait était autre chose que de la simple amitié. J'avais d'autres amies en France, et aussi aux États-Unis, des actrice qui était sur le tournage avec nous, mais la relation que j'entretenais avec elles, même mes amies les plus proches, était très différente de celle que j'entretenais avec Lizzie.
Avec Lizzie on se taquinait, on se faisait des clins d'œil, et nos sourires voulaient dire plus qu'un simple « Merci », ou un « Comment tu vas ? », ou encore un « Salut toi ! », non, avec elle c'était des messages, des sous-entendus... Je ne savais pas si elle m'aimait, mais je savais qu'elle m'appréciait plus qu'un ami, cependant j'étais presque sûr que ce n'était pas assez pour être amoureuse.
Je soupirai et la regarda avec le même air triste que j'avais depuis le début de notre conversation. J'avais envie de la prendre dans mes bras, la serrer très fort et ne pas la lâcher. Mais je n'ai pas eu le courage, j'avais peur que ce soit bizarre, peur qu'elle s'échappe de mes bras et me lance  un regard interrogateur, peur qu'elle annule le rendez-vous demain, ou alors s'il avait toujours lieu que ce soit bizarre... C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je me posais beaucoup trop de questions, que je réfléchissais trop, et que ce câlin j'avais envie de le faire. Mais au moment même où je m'apprêtais à tendre les bras vers elle je senti une secousse parcourir mon corps. Quelque chose était contre moi, quelque chose de chaud, et d'agréable. J'ai baissé les yeux et me rendit compte que ce quelque chose était Lizzie qui m'avait pris dans ses bras, comme si elle avait pu lire dans mes pensées et décidé de faire le premier pas puisque je ne me décidais pas. Je la fixais, avec des yeux incrédules, elle m'avait surpris. Puis après cinq longues secondes dans son étreinte, et moi ne disant rien, j'ai compris qu'il était peut-être temps de réagir. Alors je la pris à mon tour dans mes bras, et la serra fort contre moi, fermant les yeux et respirant son parfum.
Cette odeur, je la connaissais par cœur. Chaque jour, sur le tournage, elle la répandait derrière elle partout où elle allait. C'est comme ça que je savais quand elle n'était pas loin. Une odeur indescriptible, mais si agréable qu'à chaque fois qu'elle était près de moi je ressentais des petits picotements dans mon estomac; des papillons dans le ventre comme disent les gens.
J'étais perché en haut de ma tour, la tête dans les étoiles, quand je sentis un mouvement au creux de mes bras.
« Merde ! Ça fait combien de temps qu'on est comme ça ?! »
Je rouvris les yeux et desserra ma prise. Lizzie leva la tête un sourire radieux sur le visage et plongea ses yeux dans les miens. J'observai ses iris verts scintillants à la lumière des projecteurs de la pièce, ils étaient encore plus beaux que d'habitude.
J'avais envie de l'embrasser, de tout oublier; la fin du tournage, le départ dans 2 jours, le dernier repas avec elle demain... Mais avant que je puisse me rendre compte que j'étais encore dans la lune, elle retira ses bras de mon dos et recula, m'observant avec ce même sourire qui réchauffait toute mon âme dès que je le voyais.
-Bien ! Sur ce, à demain !, dit-elle sur un ton enjoué.
-À... à demain...!
« Woa... bravo champion, ça c'était viril...»
Elle me fit un petit geste de la main et s'en alla d'un pas rapide.

Ce jour là, j'ai su que les chances entre nous venaient d'augmenter, et je pris une décision:

« Demain, tu lui dit. Je m'en fiche de savoir si t'as peur de la perdre, ou que ce soit gênant, parce que c'est pas une vraie excuse. Tant que tu lui aura pas demandé, tu sauras pas ce qu'elle pense vraiment. T'en as toujours rêvé, et là, c'est ta chance. Tu vas lui montrer à Quentin que c'est possible de sortir avec Elisabeth Olsen ! »

Ton sourire Where stories live. Discover now