Prologue

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  • Dedicado a L.
                                    

                 Les quatre murs de couleur bleu acier baignaient dans les rayons juvéniles du soleil, invités par les fenêtres grandes ouvertes. Seul le calme régnait et remplissait d'une immuable gaieté, le cœur de la jeune fille, assise au centre de la pièce. Après une heure d'aller-retours, de soupirs et même de panique, elle venait enfin de défaire ses valises et de réinstaller ses affaires dans toute la maison. Deux ans d'absence mais elle s'y sentait toujours aussi bien, c'était chez elle. Le lieu dans lequel elle avait construit des souvenirs avec son père, avec ses amis, ou toute seule et dorénavant, elle voulait y construire son avenir. Voilà pourquoi, du jour au lendemain, elle avait envoyé valser sa vie d'étudiante débordée à New-York, avait quitté son appartement qu'elle partageait avec deux colocataires extravagantes et avait mis un terme à ses chances de devenir designer. Puis elle s'était empressée d'annoncer à son vieux père qu'elle était de retour à Phoenix ! Ce dernier avait bien essayé de la convaincre de rester, de terminer l'année scolaire qui venait tout juste de commencer mais quand elle avait quelque chose en tête, elle ne lâchait rien. Elle était comme ça, Shayleen ... 

Donc comme décidé, elle était de retour. Prête à mener sa vie dans une toute autre direction : la musique. Elle voulait créer, jouer, produire, partager ! Tout l'intéressait, du moment que ça touchait la musique. Elle n'avait aucune formation pour mais elle avait au moins le talent et la volonté. Peut-être que les deux seraient suffisants pour l'emmener loin, elle l’espérait. Elle se lançait sans être certaine, comme elle l'avait fait toute sa vie. Comme elle l'avait fait en débutant des études d'Art et design, à l'autre bout des États-Unis. Elle ne s'était pas trompée finalement, ces deux années d'études s'étaient révélées intéressantes. De plus, elle excellait dans ce domaine, elle avait trouvé sa place seulement il lui manquait toujours ce truc, qu'elle cherchait depuis des années. Cette chose  qui lui donnerait l'impression d'être complète, d'être heureuse. Elle ne connaissait ni sa nature, ni son lieu, alors elle continuait de chercher, partout... Elle le chercherait dans le domaine de la musique, à partir de ce jour. Lorsque sa plus proche amie new-yorkaise lui avait dit : « C'est un secteur dangereux, tu n'es même pas sûre de trouver un job. », Shayleen s'était contentée de répondre « Justement ! Le seul moyen d'être sûre de ça, c'est de tenter. ». Et c'était ici, dans sa ville natale qu'elle voulait le faire. 

Elle était encore en train de s’extasier sur les objets qu'elle retrouvait petit à petit sur son bureau, ou dans son armoire, quand soudain un sifflement strident déchira le silence. Ses yeux noisettes scrutèrent les murs comme si elle pouvait mieux entendre ainsi. Elle conclut que ça venait sûrement de son père, qui préparait le déjeuner en bas mais le bruit semblait provenir du couloir, et ne cessait toujours pas. 

- J'ai peut-être ramené une bombe avec moi, marmonna-t-elle.

Elle chassa ses idées farfelues d'un coup de main dans le vide et décida tout de même d'aller voir, attisée par la curiosité. Elle se leva, plissa sa robe et enleva par la même occasion les quelques pellicules de poussières qui s'y étaient agrippées. D'un geste machinal, elle secoua sa chevelure brune et bouclée qu'elle avait décidé de lâcher ce jour-là. Quand elle fût en dehors de sa chambre, dans le long couloir éclairé, elle nota que la source de ce fameux bruit se trouvait dans la pièce juste en face de la sienne. Cette pièce qui avait longtemps été une chambre d'amis inoccupée ou qui quelques années plus tôt avait servie pour héberger des personnes lors de fêtes, était maintenant habitée par un étudiant de 20 ans, tout droit livré d'Italie. Quand Shayleen était partie, s'inquiétant que son père se sente seul, elle lui avait proposé de faire ça. C'était aussi une manière de gagner de l'argent, sa famille, qu'ils constituaient tous deux, ne roulait pas sur l'or alors son père en avait bien besoin.

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