Chapitre six

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Le cœur battant, je me laisse choir sur le sofa convertible. Décidément, avec Côme, on fonctionne de la sorte : fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis. Mais à trop jouer avec le feu de l'indécision, ne risque-t-on pas de se brûler les ailes ?

Je compose son numéro avant de tomber sur la messagerie.

— Salut, c'est Shalta. J'ai passé un moment sympa, hier soir. Hum... Il paraît que les croissants de chez Meldy sont à se damner. On pourrait juger ça par nous-mêmes ?

Je me lève, enroulant les draps autour de mon corps nu. Je me rends dans la salle de bains, contemple mes traits fatigués dans le miroir et me fais couler un bain chaud.

— Ou alors... Je voulais savoir si, par hasard, tu accepterais de m'accompagner au gala de ce soir ? ajouté-je en glissant mes orteils dans l'eau. Je te rassure, ça ne t'engage à rien. On peut même y aller entre amis si tu le souhaites.

J'ai à peine prononcé cette phrase que je souhaite disparaître sous les flots et ne plus jamais remonter à la surface. Qu'est-ce qui m'a pris de dire cela ? Je souhaite que Côme fasse partie de ma vie, de quelque façon que ce soit, mais je devrais me rendre à l'évidence : nous ne serons jamais amis.

— En plus, ça tombe bien. Tu connais Shiver comme ta poche. Je suis sûre qu'elle sera ravie de te voir.

Et voilà que je sors les grands prétextes... Franchement, pourquoi je me réduis à cela ?

— Bon, tu me tiens au courant. Je croise les doigts.

Je jette mon téléphone sur le tapis de douche, tapant mon front contre ma paume de main. Plus risible que mon comportement, il n'y a pas. Pourquoi suis-je si pathétique quand il s'agit de Côme ?

— C'est moi ! s'exclame ce dernier en claquant la porte d'entrée.

En parlant du loup... Le voici qui débarque dans la bergerie, prêt à ne faire qu'une bouchée du pauvre mouton que je suis.

Je le jauge du regard. Lui, se départ de ses vêtements pour me rejoindre dans la baignoire.

— Tu prends toute la place, maugréé-je malgré moi.

— Ne fais pas la rabat-joie... C'est un bassin, ta baignoire.

La brute pince mon nez avant de m'embrasser tendrement. Il glisse ses grandes mains dans ma chevelure humide, désormais coupée au carré.

— Elles ne sont pas si inégales que ça, souligne le poète en enroulant une mèche autour de son doigt.

— Je crois que ça ne me déplaît pas... L'impulsivité fait parfois des miracles.

— J'espère que tu parles de notre épopée d'hier soir.

— Où est-ce que tu étais quand je me suis réveillée ? dis-je en pivotant dans sa direction.

— Dis, ça te regarde ?

— Ne fais pas le rabat-joie, le repris-je sur un ton moqueur. Tu n'es plus avec...

— Non, me coupe-t-il aussitôt. Au fait, ma cousine organise une réception ce soir.

— Je sais. Je t'ai laissé un message pour te proposer de m'y accompagner.

— On est connectés. Eh bien, tu m'en verrais honoré.

Vêtue de ma robe sirène, je déferle dans la soirée avec l'imprévisibilité d'un ouragan. J'ignore ce que le destin me réserve. Une chose est sûre : ce moment sera propice à la détente et aux rencontres si je daigne mettre dans un coin de ma tête mon obstination pour les affaires.

ShaltaTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon