Le Joyau Cosmique | MIB International

✦ 01 - Une mission chaotique ✦

     Seule face à sa tasse de café fumante, Eïleen adoptait une posture décontractée, appuyée contre le dossier de sa chaise. Ses cheveux détachés et d'épaisses lunettes de soleil sur le nez, elle gardait son regard rivé sur sa tasse ou son téléphone, posé juste à côté, sur la table de la terrasse à laquelle elle s'était installée. Son air détaché aurait pu tromper n'importe qui. Et ça tombait bien, puisque c'était exactement le but recherché. 

En effet, malgré son apparente décontraction, la jeune femme gardait un œil sur son environnement. Du coin de l'œil, elle guettait chaque individu, chaque mouvement inhabituel. La foule était dense dans les rues de Londres, même en pleine semaine. Après tout, ils étaient en plein mois de juin. Les rues commençaient donc à grouiller de monde. Ce qui ne lui facilitait pas la tâche, certes, mais qui avait tout de même l'avantage de la dissimuler plus efficacement. Il fallait toujours voir le positif dans le négatif, après tout. 

« Agent 13, vous me recevez ? »

Eïleen prit le temps de porter sa tasse de café encore brûlante à ses lèvres. Elle grimaça lorsque le liquide sombre lui brûla la gorge avant de lui réchauffer tout le corps. La prochaine fois, elle opterait peut-être plutôt pour une menthe à l'eau... Ou n'importe quoi d'un peu plus frais. Car, aussi étonnant que cela puisse paraître, la journée était plutôt belle et chaude à Londres. C'était sans doute pour cette raison qu'il y avait encore plus de touristes que d'habitude dans les rues. Tout en reposant sa tasse sur la table en fer forgé devant elle, la brunette porta discrètement sa main libre à son oreille. Là, elle appuya sur l'oreillette qui s'y trouvait du bout de l'index, tout en jetant un regard alentour. 

- Affirmatif, répondit-elle dans un murmure à peine perceptible. 

« Avez-vous le moindre contact visuel avec les cibles ? »

- Négatif. Aucun signe de vie de mon côté.

Elle n'obtint aucune réponse de son supérieur, ce qui n'était pas étonnant : il n'y avait rien à ajouter. Et elle était prête à parier, sans même le voir, que son patron était en train de soupirer en se passant une main sur le visage, à l'heure actuelle. Elle en était à son quatrième café, et il n'y avait toujours aucun signe de leurs cibles. Eïleen commençait à douter qu'ils se montreraient aujourd'hui. Pourtant, ils ne pouvaient pas s'être trompés, c'était impossible... Leurs renseignements étaient clairs et on ne peut plus fiables. 

Ils finiraient pas se montrer. Elle devait juste se montrer patiente. Ce qui n'avait jamais vraiment été son point fort, elle devait bien l'admettre... Actuellement, elle aurait tout donné pour un peu d'action. D'autant plus que ses nombreuses tasses de café avalées commençaient à rendre ses nerfs à vif. Elle se tortilla sur sa chaise, de plus en plus impatiente et nerveuse. Dissimulé sous sa veste en cuir noir, son pistolet frotta contre ses côtes, l'invitant un peu plus à passer à l'action. Ce qu'elle ne pouvait pas faire, pour l'instant. 

« Cible aperçue à Saint James Park. Elle se dirige vers le quartier de Soho. Nous la gardons en visuel. »

Au même instant, le téléphone d'Eïleen se mit à vibrer. Surprise, la jeune femme s'apprêtait à le mettre en silencieux, pensant l'avoir déjà fait, lorsque le nom s'affichant sur l'écran l'en dissuada. Les sourcils froncés, elle ouvrit le message en veillant à rester attentive aux données que ses collègues étaient en train de se communiquer. Mais bien vite, tout intérêt qu'elle pouvait porter jusque-là à sa mission disparut, remplacé par un intense sentiment d'exaltation. Prenant son téléphone à deux mains, elle relut plusieurs fois le message que son ami Andrew venait de lui envoyer. 

« Je les ai trouvés. »

C'était tout ce que le message contenait. Mais c'était amplement suffisant. Le souffle de la jeune femme se coupa, tandis que ses yeux s'écarquillaient et qu'un sourire triomphal venait étirer ses fines lèvres. Elle allait répondre à son ami et collègue lorsque des coups de feu retentirent. Automatiquement, la jeune femme se baissa, dans le but de se protéger. D'un geste rapide, elle retira ses lunettes de soleil en poussant un juron. Dans le même mouvement, sa main se posa fermement sur la crosse de son pistolet, toujours soigneusement dissimulé sous sa veste.