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Point de vue : Hermione Granger

     Je n'avais jamais connu une attente aussi grande que l'aller que nous devions endurer pour atteindre Poudlard. Non pas que le Poudlard Express était un moment désagréable à passer, mais l'enthousiasme de rejoindre le château était si fort dans ces moments que l'attente n'en restait que plus longue. Pourtant, l'attente que je vivais à présent dépassait mon seuil de tolérance.

« Vous ne pouvez pas aller plus vite ? »

     Des regards noirs me répondirent et je décidais de ne pas en tenir compte. Nous attendions de pouvoir entrer dans la Grande Salle, mais les premiers années prenaient un temps fou à s'installer. Je savais que je n'étais pas très patiente ces derniers temps, les évènements mettaient mes nerfs à rude épreuve, mais je considérais qu'ils pouvaient faire un effort. Prenant donc mon mal en patience, je me contentais de souffler en me rapprochant d'Harry et de Ron.

« Tu ne peux rien faire de toute façon.

-Je déteste qu'on me dise ça. »

     J'observais rapidement les alentours pour constater les réactions des autres Gryffondor. Beaucoup semblaient paniqués, et je ne pouvais que les comprendre. La vision de la Grosse Dame cachée dans un tableau qui n'était pas le sien, son habitation d'origine dégradée de la sorte, cela n'avait rien de rassurant. Mais les jumeaux semblaient prendre la situation avec légèreté. A ne pas s'y méprendre, je savais qu'ils avaient conscience de la gravité que tout cela impliquait, mais ils semblaient mettre un point d'honneur à changer les idées de leurs amis et des autres élèves qui les écoutaient, n'hésitant pas à les faire rire à la moindre occasion. Mon regard croisa celui de Fred et je lui offris un sourire, qu'il me rendit immédiatement.

« C'est bon Hermione, ton souhait est exaucé. »

     Ron m'indiqua le chemin à suivre et nous entrâmes dans la Grande Salle. Je m'arrêtais un moment au milieu de tous ces sacs de couchage et constatais que Fred venait de se placer à côté de moi, observant lui aussi l'organisation mise en place. Ses cheveux décoiffés me donnaient envie d'y passer ma main, mais comme toujours je retenais mon geste. Fred Weasley provoquait en moi des sentiments que je ne reconnaissais pas toujours, sa bonne humeur étant plus contagieuse que ce que j'avais rencontré jusqu'alors. Il n'était pas simplement un des jumeaux farceurs, mais bien une personne complexe qui ne rendait pas la tâche facile à qui voulait tenter de l'élucider.

     Je me souvenais particulièrement bien de ce jour où j'avais oublié de me rendre à l'un de mes cours. Mon retourneur de temps autour de mon cou, la journée était passée à une vitesse folle et je m'en voulais terriblement d'avoir manqué une heure. Je culpabilisais et je repensais à la promesse que j'avais faite au professeur McGonagall. Là, il était arrivé et avait vu ma détresse. Pas une seule farce n'avait franchi ses lèvres. Il avait pris place à mes côtés et m'avait alors enjoint à parler. Son calme m'avait procuré un bien fou et ses réponses, à ce que je lui racontais, m'avaient permis de me sentir mieux. Je n'avais pas eu besoin de cet épisode pour constater que Fred Weasley demeurait gentil, cependant. A bien des moments il se montrait serviable, parfois pleins de compliments et toujours pleins d'empathie, contrairement à ce que ses remarques sur Harry au début de l'année dernière pouvaient laisser à penser.

     Un jour, il était venu à la bibliothèque alors que j'y travaillais. M'ayant vu, il s'était installé à la même table que moi, son petit manuel de potion en main, me demandant si ça ne me dérangeait pas qu'il travaille ici. A ce moment-là, j'étais tellement désemparée devant tant de travail que je n'avais même plus la force de rabrouer quiconque venant me déranger. Mais Fred avait remarqué que je ne me sentais pas bien et il m'avait alors aidé à faire le tri dans mes devoirs, à finir certains de mes parchemins et à rendre les livres dont je n'avais plus besoin. Nous étions ensuite rentrés dans notre Salle Commune. Je me souviens particulièrement de ce moment car je n'avais pas beaucoup l'occasion de me retrouver seule avec lui et que j'avais pu découvrir ainsi une autre facette de sa personnalité. Il me permettait de lui faire confiance, mais aussi d'avoir confiance en moi. Cela restait assez étrange, mais j'avais l'impression qu'un lien particulier avait fini par se tisser entre nous, différent de l'amitié, et ce n'était pas désagréable. Je ne ressentais pas le besoin de passer beaucoup de temps avec lui, même si j'étais ravie de le voir lorsqu'il survenait. Je pouvais affirmer que je me trouvais fier de ce qu'on partageait.

« On dirait que le moment est venu de faire une grande pyjama party.

-Les sorciers aussi, font ça ?

-Je suis même prêt à affirmer que ce sont les moldus qui nous ont piqué l'idée. »

     Il m'échangea un sourire avant que nous nous tournions tout naturellement vers le reste du groupe. Nous étions assez éloignés de l'allée centrale, mais nous n'avions rien autour de nous qui puissent nous procurer un minimum d'intimité. Le confort n'était pas présent, mais aux vues de la situation actuelle, nous ne serions pas à même de nous en plaindre.

     Fred s'allongea à côté de moi alors qu'Harry se trouvait de l'autre côté. Je savais déjà que j'allais éprouver des difficultés à trouver le sommeil. Avant qu'il ne s'endorme, je tournais la tête vers le rouquin afin de lui demander :

« Fred, ça va aller pour tes B.U.S.E.S. ? »

     Je le vis porter la main à son visage. Je me demandais ce qu'il avait lorsque j'entendis son rire.

« Hermy, il n'y a que toi pour penser à ça maintenant. »

     Sans pouvoir m'en empêcher, je fronçais les sourcils. Observant le plafond, je tentais de comprendre pourquoi il avait choisi ce surnom. Alors me vint l'idée que ça ne me dérangeait pas du tout, ce qui me tracassait était pourquoi ça me faisait bizarre. D'ailleurs... personne ne m'avait jamais appelé par un surnom.

« Ne t'inquiète pas pour moi. »

     J'hochais la tête pour lui répondre, ne sachant même pas s'il l'avait vu. Décidant de couper court à mes réflexions, je me tournais vers lui et constatais qu'il me regardait. Ron choisit cet instant pour émettre son premier ronflement.

« Fred ?

-Oui ?

-J'aime bien discuter avec toi. »

     Le sourire qu'il m'offrit eu le don de me mettre en confiance instantanément. Je le lui rendis, consciente de ce que je faisais et des conséquences que cela pouvait avoir. Je m'ouvrais officiellement à Fred, permettant alors à notre lien de s'ancrer un peu plus, s'il en avait toujours envie.

« Moi aussi, ça me plaît. »

     Je souris d'autant plus et je décidai de fermer les yeux. Je ne voulais pas l'empêcher de dormir. Une de mes mèches de cheveux vint se perdre sur mon nez et je fronçais ce dernier afin de la faire partir. Je m'apprêtais alors à souffler ou à sortir un bras du sac de couchage pour m'en libérer, quand je sentis des doigts venir placer cette gênante mèche derrière mon oreille. Mes yeux ouverts m'apprirent que c'était Fred. Il m'offrit un sourire d'excuse et je le remerciais dans un murmure. Il ferma alors les yeux et je fis de même, espérant pouvoir me reposer assez et, ne sait-on jamais, plonger dans quelques beaux rêves. Mais rien en cet instant ne m'en faisait vraiment douter, je me sentais bien, et pour le moment, pour cette nuit du moins, cela restait tout ce qui m'importait.

Fin à suivre

Les 8 nouvelles d'une histoire de Poudlard  (Fremione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant