Gardiens des Cités Perdues, Tome 9 : Trahison (TERMINEE)

Explications

- A quel point, dit Sophie en s'efforçant de maîtriser sa voix. A quel point étiez-vous proches ?

Oralie se tordit les mains.

- Ce n'est pas ce que tu penses... Je ne lui ai plus parlé depuis.

- Elle avait l'air de vraiment bien vous connaître, remarqua la jeune Télépathe, irritée. Et pourquoi l'avez-vous appelée Minette ?

- Je pense que le plus simple serait de te montrer, murmura Oralie.

Sophie la dévisagea sans comprendre.

- Comment ? Vous voulez que je lise dans vos pensées ?

- En effet, acquiesça la Conseillère. Je te laisserai accéder à des souvenirs, pour que tu comprennes.

Sophie s'avança le plus lentement possible. Elle n'avait aucune envie de plonger dans l'esprit de sa mère biologique, et encore moins de la toucher. Malgré tout, elle posa deux doigts sur chaque tempe et ferma les yeux.

L'esprit d'Oralie était très différent de tout ce qu'elle avait imaginé. Ses pensées tourbillonnaient à toute vitesse, et ses émotions étaient presque écrasantes.

La douce voix d'Oralie résonna.

- Les souvenirs de Gisela sont en violet, l'informa l'Empathe.

Sophie regarda autour d'elle, essayant de distinguer du violet. Soudain, elle en aperçut dans un coin reculé et sombre. Elle flotta jusqu'à eux et en sélectionna un au hasard.

Tout tourna autour d'elle et elle se retrouva dans un couloir de Foxfire. Oralie portait l'uniforme du niveau 1 et semblait anxieuse. Elle atteignit son casier et lécha rapidement la languette, en grimaçant en sentant le goût de piment. La jeune fille s'empressa d'attraper tous ses manuels pour les fourrer dans son sac. Mais au moment où elle retournait, une bande de garçons de niveaux quatre et cinq l'entourèrent en ricanant. L'un d'eux se saisit de son sac et la poussa sans ménagement contre le mur.

- Alors, tu n'as plus de langue ? se moqua-t-il.

Oralie tressaillit et rougit.

- Re... Rends-moi mon sac, bafouilla-t-elle sans grande conviction.

- Je rêve ou tu viens de me donner un ordre ? répliqua le garçon d'un ton mauvais. T'inquiète, je vais te le rendre ton torchon de sac, petite princesse.

Il ouvra le sac et le retourna, répandant toutes les fournitures d'Oralie sur le sol. Puis il tourna les talons, suivi par les autres.

Retenant à grand-peine ses sanglots, la jeune Oralie se baissa et commença à ramasser ses affaires. Soudain, elle entendit une voix féminine dire :

- Tu vas te laisser martyriser comme ça longtemps ?

L'Empathe leva la tête. Une jeune fille blonde aux traits ciselés et aux yeux bleu glacier se tenait devant elle, un de ses manuels à la main.

- Je ne fais pas martyriser, protesta la petite fille.

L'autre haussa les sourcils.

- Ah oui ? Et tu appelles ça comment alors ? Cela fait combien que ça dure ? Depuis la rentrée ?

Les épaules d'Oralie s'affaissèrent.

- Ecoute, reprit l'autre. Il faut que tu saches de défendre. Tu n'as donc aucun ami ? dit-elle en fronçant les sourcils quand Oralie secoua négativement la tête.

- Les autres ne m'aiment pas, expliqua-t-elle d'une voix faible. Ils sont jaloux de mes notes et de la manifestation précoce de mon talent.

- Quel talent as-tu ?

- Je suis Empathe.

L'autre lissa son uniforme de niveau 5 avant de l'aider à ramasser le reste de ses fournitures.

- Je m'appelle Gisela Minette Torhtal en fait. Et toi ?

- Oralie.

Gisela lui sourit.

- Enchantée Oralie.

Sophie émergea de l'esprit de la Conseillère en tremblant.

- Difficile à croire, n'est-ce pas ? la devança Oralie.

Bel euphémisme. Comment une jeune fille venant aider les autres pouvait manipuler son fils et tuer des gens ?

- Elle était comme ma grande sœur, soupira Oralie. La sœur que je n'avais jamais eu. 

- Et pourquoi avez-vous cessé de vous voir ? demanda Sophie.

- Elle...changeait, répondit la jolie blonde. Elle devenait lunatique et manipulatrice. Tout s'est arrêtée quand je suis devenue Conseillère. Elle a arrêté de me parler du jour au lendemain. Et si tu te poses la question, elle avait essayé de m'enrôler dans les Invisibles.