Chapitre 5

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- Et vous ? demanda-t-elle avec un petit sourire en coin.
 
- Quoi moi ?
 
- Maintenant qu’on a un peu de temps devant nous, c’est quoi toutes ces choses que vous auriez à me dire ?
 
Roche resta silencieux, son regard plongé dans celui de Cassandre. Elle attendait, elle ne voulait pas le brusquer, elle le laissait prendre son temps.
Il prit sa main dans la sienne, elle se laissa faire, un frisson parcourut tout son corps.
 
Roche, la regardant toujours dans les yeux et serrant sa main pour se donner du courage, se lança.
 
- Ok, vous l’aurez voulu… Il y a certaines choses que je vous ai déjà dites, mais vous avez préféré laisser une distance entre nous et je ne vous en veux pas. Alors je vais faire comme si rien n’avait été dit, on repart de zéro.
 
- Ok, je vous écoute.
 
Elle serra sa main.
 
- Ok, alors quand mon père est mort, j’ai vraiment voulu partir, loin, très loin d’ici, puis vous êtes arrivée. Je suis resté et je n’ai pas regretté. Ça n’a pas été facile au début mais j’ai appris à vous connaitre et je n’avais plus du tout envie de partir. Puis j’ai appris à vous apprécier, à apprécier votre façon de tenir tête à ma mère, votre fichu caractère et surtout votre intégrité. Puis quand ma mère est morte, vous étiez là et j’avais besoin de vous sentir à mes côtés. Vous m’avez changé.
 
Il s’arrêta un instant de parler. Serrant toujours la main de Cassandre, il posa son autre main sur la joue de Cassandre, elle pencha un peu la tête pour profiter encore plus de cette caresse et ferma les yeux quelques secondes pour les replonger dans ceux de Roche. Il reprit.
 
- Et puis j’ai appris… à vous aimer Florence, vous la femme pas la commissaire.
 
Le cœur de Cassandre s’emballa, elle était touchée, quelques larmes commençaient à apparaitre aux coins de ses yeux. Il continua.
 
- Depuis que vous êtes entrée dans ma vie, vous avez tout bouleversé, dans le bon sens bien sûr ! Grâce à vous, je me suis rapproché de ma mère et je me suis assagi. Et surtout, j’ai compris ce qu’était aimer quelqu’un plus que tout parce que dès je croise votre regard, j’ai des papillons dans le ventre. J’ai envie de vous regarder dormir, de me réveiller à vos côtés, j’ai envie de vous retrouver le soir et pouvoir vous serrer dans mes bras. J’ai… J’ai besoin de vous Florence !
 
Il essuya de son pouce une larme qui coulait sur la joue de Cassandre. Elle se rapprocha alors de Roche, posa ses mains sur son torse tandis qu’il passa ses bras autour de ses épaules. Elle avança son visage jusqu’à ce que leurs lèvres ne soient plus qu’à seulement quelques millimètres…
 
- Vous êtes sûre ? demanda-t-il d’une faible voix.
 
- Taisez-vous ! Chuchota-t-elle.
 
Puis leurs lèvres se rapprochèrent enfin pour finir par de tendres baisers. Ils se séparèrent et Cassandre se blottit dans les bras de Roche. Elle nicha sa tête dans son cou, puis s’approcha de son oreille.
 
- Merci.
 
- Vous pensez que j’aurai dû vous dire tout ça au cabaret ? dit-il moqueur.
 
Elle se recula en riant et fit non d’un signe de tête, il rit avec elle. Il l’embrassa furtivement puis s’écarta.
 
- Vous pensez qu’il est encore temps de boire nos tisanes ? Demanda-t-il.
 
- Oh mince, j’espère qu’elles sont encore assez chaudes.
 
De la fumée s’en échappait encore, ils saisirent les tasses et les terminèrent en un rien de temps. Puis Cassandre déposa les deux tasses dans l’évier.
 
Tout à coup, lorsque Cassandre se retourna en joignant ses mains, le regard de Roche se posa sur son annulaire gauche. Etonnée, elle descendit ses yeux jusqu’au point que fixait Roche. Son cœur sursauta, elle comprit tout de suite. Un sourire apparut sur le visage du capitaine, il marqua une pause puis la fixa de nouveau. Elle était comme paralysée.
 
- Vous l’avez gardée ? Demanda-t-il, affichant un sourire malicieux.
 
- De quoi vous parlez ? Dit-elle gênée et essayant de cacher sa main.
 
- De ma bague en toc. Vous ne l’avez pas enlevée ?
 
- Ah oui, j’ai dû oublier. Fit-elle innocemment.
 
- Avouez, ça vous a plus de jouer mon épouse, hein !
 
- Vous emballez pas Pascal !
 
- Ah bon ?
 
Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel.
 
- Bon capitaine, il serait peut-être temps d’aller se coucher. Je sais qu’on ne travaille pas demain mais bon, je sais pas vous, mais moi, je commence à avoir envie de dormir. Non ?
 
- Ah si ! Et d’ailleurs, en parlant de dormir, vous pensez que Jules voudrait bien me prêter son lit ? Non parce que le canapé…
 
Cassandre lui prit la main et avança vers les chambres.
 
- Il ne serait pas contre mais je pense qu’il me reste une petite place, si ça vous dit bien sûr ?! dit-elle d’un air malicieux.
 
Il s’arrêta et la stoppa dans son élan. Surprise, elle se retourna pour voir ce qui lui arrivait.
 
- Vous me surprenez de plus en plus !
 
Elle rit et le tira pour continuer d’avancer, il suivit, amusé.
 
Arrivés dans la chambre, elle lui lâcha la main et fila à la salle de bain. Roche fit le tour de la chambre avec les yeux, c’était la première fois qu’il entrait dans la pièce la plus intime de sa chère commissaire. Sa chambre était simple et sobre, quelques photos de Jules à différents âges, une photo d’elle en uniforme puis ses yeux tombèrent sur un dernier cadre… Elle avait une photo de leur équipe, ça le fit sourire et surtout ça lui réchauffait le cœur de voir qu’ils étaient présents même ici. Le bruit de l’eau le sortit de ses pensées.
 
- Ah au fait, vous pourriez me prêter du dentifrice et… une brosse à dents par la même occasion ? Bah oui, j’avais pas vraiment prévu de dormir ici !
 
Elle passa sa tête au travers de la porte avec un grand sourire puis disparut de nouveau. Deux minutes plus tard, elle réapparut, elle s’était mise en pyjama. Roche la fixa en faisant une petite moue. Elle fronça des sourcils.
 
- Dommage… j’aimais bien votre robe… (Il se rapprocha d’elle) … mais ça, ça vous va bien aussi ! dit-il en entourant son visage et déposant un baiser sur son front. Il fila à la salle de bain.
 
- Vous avez un côté préféré ? Demanda-t-elle.
 
- Quoi ?
 
- Pour le lit ? A droite ou à gauche ?
 
- Ah !… ça m’est égal, faites comme chez vous !
 
Cassandre s’installa d’un côté du lit. Elle s’y s’allongea, replaça l’oreiller sous sa tête et remonta la couette sur ses épaules. Elle était tournée vers le côté où se coucherait Roche, elle voulait pouvoir le voir lorsqu’il reviendrait mais ses paupières commençaient à être lourdes. Tout à coup, le bruit de l’eau s’arrêta, il revint dans la chambre et s’avança jusqu’au lit.
 
- Bon alors j’ai bien ROULÉ le tube de dentifrice ! dit-il en riant.
 
- Arrêtez de dire des bêtises et venez-vous coucher ! Répondit-elle à moitié endormie.
 
Il enleva son pantalon, puis déboutonna sa chemise, elle entrouvrit les yeux et l’aperçut torse nu debout à côté du lit. Il lui sourit. Elle souleva la couette afin qu’il puisse s’installer. Il s’allongea à côté d’elle et écarta son bras pour lui faire une place. Maintenant qu’elle avait lancé la machine, elle ne pouvait plus faire marche arrière, et puis de toute façon, elle ne le voulait pas. Elle s’approcha donc de lui et se cala au creux de son épaule, elle posa délicatement sa main sur son torse et commença à suivre les contours de ses tatouages. Il appréciait ses gestes tendres, il posa sa main sur la sienne et la caressa.
 
Cassandre se releva et s’appuya sur son bras afin de pouvoir lui faire face, elle caressa son visage et sourit.
 
- J’ai… j’ai une doléance à faire. Dit-il timidement.
 
- Oui… j’vous écoute ! dit-elle en plissant les yeux.
 
- Florence ! Promettez-moi que… que demain vous ne viendrez pas me dire que cette soirée ça ne voulait rien dire. Dit-il le regard un peu triste.
 
Cassandre renouvela sa caresse sur sa joue afin de le rassurer, puis elle afficha un immense sourire.
 
- Je vous le promets Pascal !
 
Puis elle déposa un doux baiser sur ses lèvres et se recula pour pouvoir le contempler encore. Il décida alors de se mettre également sur le côté, appuyé sur son bras, avec l’autre main il remit une mèche de cheveux derrière son oreille puis caressa son visage. Ils étaient maintenant face à face.
 
- Pourquoi ce soir ?
 
- Quoi ce soir ?
 
- Qu’est ce qui a fait que CE soir, vous êtes…euh… tombée dans mes bras ? fit-il en riant.
 
- Euh… j’sais pas moi. Vous en avez de ces questions ! J’croyais qu’on n’était plus en service Capitaine ?
 
- Allez, sérieusement, répondez-moi !
 
- Peut-être parce que vous étiez plus convainquant que d’habitude ! dit-elle en riant.
 
Il lui lança un regard noir, elle essayait d’esquiver la question mais il ne céda pas.
 
Cassandre, comprenant qu’elle n’y échapperait pas : OK !... En fait, je pense simplement que je n’avais plus envie de résister,… ce soir j’avais juste envie de profiter de ce que vous m’offriez. Alors j’ai laissé faire les choses comme elles venaient, en impro totale !
 
- C’est plutôt pas mal quand vous laissez faire les choses !
 
Il l’embrassa sur le front et se remit sur le dos, il écarta son bras afin qu’elle vienne à nouveau se caler contre lui, ce qu’elle fit sans attendre. Il l’entoura de ses bras et serra son étreinte. Elle l’enlaça elle aussi puis ferma les yeux. Sa respiration se cala sur le rythme des battements du cœur de Roche. Ils restèrent un moment silencieux, profitant juste de l’instant présent. Pascal regarda Florence en souriant.
 
- Admettez-le, vous êtes bien avec moi !
 
Elle sourit avant d’ouvrir les yeux et de le regarder.
 
- J’avoue tout. Je suis bien avec vous ! Même très bien !
 
Il était heureux qu’elle le dise enfin, elle se reblottit contre lui, il resserra son étreinte puis éteignit la lumière.
Ils s’endormirent tendrement enlacés.
La première nuit d’une longue série pour le plus grand bonheur de notre Capitaine et de sa chère Commissaire.
 
Ils avaient enfin franchi le premier pas, ce ne serait pas simple tous les jours mais ils avaient trouvé leur plus grande force : être tous les deux, unis.

Soirée entre amis - Cassandre & RocheWhere stories live. Discover now