Chère inconnue, cher inconnu,
Tu la connais toi aussi, la tenue de pluie. Cette espèce de poncho imperméable à grosse capuche et ces bottes soit trop grandes, soit trop petites. Cette tenue que tu enfilais avec joie enfant et que tu redoutes aujourd'hui.
Avant, les jours de pluie, tu sortais le sourire aux lèvres pour aller consoler les nuages qui pleuraient. Tu enfilais ta tenue de pluie tel un costume de super-héros ou de super-héroïne. Puis, avec tes bottes rayées, jaune canari ou à motif coccinelle, tu allais innocemment sauter à pieds joints dans les flaques d'eau. Il y en avait des toutes petites par-dessus lesquelles tu pouvais sauter et d'autres immenses dans lesquelles tu plongeais sans hésiter. Ton père, qui portait ton parapluie grenouille, te retenait et te prévenait :
— Sois prudente. Ces miroirs fluides peuvent renfermer bien des choses. Ils peuvent te surprendre par leur profondeur et t'engloutir dès que tu effleures leur surface de ta botte.
Mais, insouciante, tu continuais à sauter dans les flaques d'eau, sans jamais avoir peur de t'y noyer parce que ton vaillant chevalier au parapluie grenouille était là.
Aujourd'hui, les jours moroses, tu exècres ta tenue de pluie. Elle n'est pas jolie, ton manteau est trop grands et tes bottes trop petites. Tu rechignes à tenir compagnie aux nuages parce qu'ils te mettent de mauvaise humeur, ces gros moutons gris. Ni blancs, ni noirs, leur morosité déteint sur toi. Alors tu sors sans manteau, sans bottes parce que tu refuses qu'ils gâchent ta journée. Tu marches vite, en essayant d'esquiver les gouttes de pluie, en slalomant entre les flaques d'eau. Tu les regardes pensivement. Tu vois ton reflet aux cheveux trempés. Tu notes les sept différences :
Ta mine est grise, tu ne rendras jamais le sourire aux nuages ainsi.
Ton costume de super-héros ou de super-héroïne fait peine à voir.
Tes baskets ne peuvent rivaliser avec ta super collection de bottes rayées, jaune canari ou à motif coccinelle.
La flaque, seulement troublée par les gouttes te nargue, tu as peur de sauter et d'éclabousser les passants.
Ton chevalier vaillant ne protège plus tes arrières avec son parapluie grenouille, tu es seule et tu as peur de te noyer.
Tu as perdu ton insouciance qui te rendait si forte.
Pas de doutes, l'enfance et sa frivolité t'ont quitté(e).
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Bouteille à la mer
Short StoryJ'ai lu "L'homme qui rit" de Victor Hugo et j'ai découvert le fabuleux métier de Barkilphedro, officier déboucheur de bouteilles. J'ai été saisie par la poésie de cette fonction... Déboucher et découvrir le contenu de bouteilles ayant parcouru les o...
