Partie 3

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Le voyage put reprendre dès que Jubia se sentit mieux, cependant elle garda une attitude étrangement distante et rêveuse.
Ayant perdu du temps sur le voyage et ne voulant pas arriver en retard à leur rendez-vous.
Grey sauta deux arrêts prévus, en conduisant de nuit tandis que Jubia dormait la plupart du temps, la tête posée sur son dos.

Après 20 longs jours de voyage, ils arrivèrent dans le petit village de Palm, situait dans le nord de la Perse.
Celui-ci semblait prospère et sympathique.
Difficile d'imaginer que des meurtres se soient passés là.
Les maisons étaient fabriquées avec des pierres d'un blanc pur et possédaient toutes des volets bleus.
Ils parquèrent la moto au centre, là où se trouvait la petite mairie. Devant elle s'étendait un grand parc. Ce dernier était rempli de gamins qui couraient autour des cerisiers sous les yeux attentifs de leurs mères. À cette vue, Jubia ne put s'empêcher de sourire.

- Ah j'ai enfin le plaisir de voir ton sourire, je commençais à ...

Grey ne put jamais finir sa phrase, car un ballon lui frappa l'arrière de son crâne.
Des gamins vinrent s'excuser et lui demander de venir jouer avec eux.
Le mage sourit à son tour et rejoint la partie de foot, un vrai enfant.
Jubia se posa dans l'herbe, regardant le jeune homme torse-nu, qui s'amusait comme un petit fou.
Heureusement qu'avant d'arriver au village ils avaient appliqué sur leur tatouage une potion de dissimulation, car il s'était de nouveau mis torse-nu...
La partie fini, ils purent se diriger vers la mairie, où le commanditaire les attendait le sourire aux lèvres.

- Bienvenu dans le charmant village de Palm ! accueillit- il les bras grands ouverts. Vous devez être les nouveaux venus, M. et Mme. Fullbuster !

Cette fois si ce fut Jubia qui réagit: elle rougit et se trémoussa gênée. C'était la première fois que quelqu'un l'appelez Mme. Fullbuster.

- Enchanté. répondit Grey, en lui serrant la main.

L'homme quadragénaire lui répondit de même, lui faisant un clin d'œil entendu.
Puis, il se tourna vers Jubia la détaillant de la tête aux pied avec un regard obscène. Il la salua en baisant la main de la jeune fille qui fut parcourue d'un frisson de dégout.
Grey lui lança un regard à vous geler le sang, visiblement pas content qu'on touche à sa femme. Le maire éclata de rire en disant que l'amour était la plus belle chose au monde, alors il fallait la chérir.
Il donna une clef et leur expliqua que leur appartement se trouvait près de l'auberge.
Grey n'attendit pas plus de détail pour entraîner Jubia hors de ces yeux de rapace.
Après une bonne quinzaine de minutes de marche, le couple trouva leur nouvelle demeure.
Celle-ci était déjà meublée et décorée à la grande joie de la femme, qui visita joyeusement chaque pièce.
Il fallut guère longtemps, pour qu'une voisine vienne leur souhaiter la bienvenu avec un plat remplit de petits biscuits et discuter de tout et de rien. Avant de partir, elle leur informa qu'une fête était organisée au parc le soir même et que ça serait merveilleux d'y voir le jeune couple.
Grey ferma la porte en poussant un soupir de soulagement, puis chipa un biscuit dans le plat.

- Jubia pense que nous devrions nous rendre à cette fête, ainsi nous pourrions récolter des informations et nous fondre dans la masse. dit-elle très sérieusement.

Grey acquiesça, mais ne semblait pas vraiment emballé par cette idée.
Il partit faire une sieste, épuisé par le voyage, tandis que sa femme se rendait dans sa nouvelle salle de bain pour y faire sa toilette.
Le soir venu, ils se rendirent au parc où un barbecue avait été monté.
Les habitants très sociables leur souhaitèrent la bienvenue.
Jubia fut séparée de Grey, se faisant entraîner par un groupe de femmes. Elles se mirent à radoter ensemble, jusqu'à qu'une certaine Judith dise qu'elle trouvait Grey canon.
Voyant ou sentant les éclaires que lui envoya la femme de ce dernier, elle se rattrapa en disant qu'elle préférait son chéri.
Grey qui discutait avec l'architecte du village, ne pouvait s'empêcher de surveiller sa femme du coin de l'œil. C'est pour cela que son regard devint dur, au moment où un binoclard se mit à tourner autour de sa femme. Certes c'était peut-être un binoclard, avec de l'acné plein le visage, mais voir Jubia rire à ses paroles, faisait bouillir le sang du mage.

- Ne vous inquiétez pas, votre femme est vraiment amoureuse de vous, ça se voit ! rassura l'architecte, qui semblait avoir remarqué la jalousie de l'homme.
- Je ne suis pas inquiet ! mentit Grey, jouant en vain l'indifférent.
- Vous savez ce garçon n'a pas eu la vie facile, ses parents se sont fait tuer il y a deux ans.
- Comment ça ? demanda Grey plus intéressé et compatissent, mettant de côté un instant sa jalousie.

Un adolescent aux cheveux blonds qui se nommait jack lui parlait depuis un petit moment, il devait être du genre timide, car il bafouillait et rougissait souvent.
Pendant qu'ils discutaient, Jubia remarqua que Grey les observait, était-il jaloux ?
Une partie de son esprit lui disait qu'elle rêvait une fois de plus, tandis que l'autre plus enjouée lui affirmait le contraire.
Écoutant cette dernière, elle se laissa porter par la discussion, riant de bon cœur.
Quelques minutes plus tard elle jeta un coup d'œil à son mari et remarqua qu'il semblait en effet, contrarié. Il avait les poings serrés, la mâchoire crispée et lançait un regard foudroyant à l'ado qui ne le voyait pas.
Après une dizaine de minutes, apparemment la limite de sa patience, il se dirigea vers sa femme un sourire forcé sur ses lèvres, saluant poliment jack, puis souleva le menton de Jubia et plonga ses yeux gris dans ceux de la jeune femme, qui rougissait.

- Jubia, il se fait tard... rentrons ! décida Grey.
- Ou..oui ! répondit Jubia troublée par la proximité des lèvres de son prince charmant.

Grey, visiblement satisfait de cette réaction, lui embrassa la joue. Ce qui ravit la demoiselle qui semblait perdue dans les nuages. Jack qui avait suivi la scène, bafouilla un adieu et disparu rapidement.
Lors du trajet du retour, Jubia prit le bras du jeune homme qui essayait de se convaincre que ce n'était pas de la jalousie, lui ne sera JAMAIS jaloux, d'accord ?

Arrivé à l'appartement, il fut pris par un énorme dilemme.
Dormir sur le canapé pour combattre ses pulsions ou dormir dans le lit est être torturé par ses envies qui lui disaient de prendre la fille dans ses bras et la posséder.
Pour finir, voyant les yeux pleins d'espoir de la mage et n'ayant pas le cœur de la laisser seule dans ce nouvel appartement, il se glissa sous les couvertures aux côtés de sa femme.
Avant de s'endormir, le couple décida de trouver du boulot pour mieux réussir le camouflage de la mission.

Les jours s'écoulèrent et le couple trouva un rythme stable à son quotidien.
La semaine ils travaillaient; Grey en tant qu'assistant architecte, apparemment l'homme qu'il avait rencontré au barbecue semblait penser qu'il avait un réel talent.
Grey lui se demanda si ce n'était pas le fait de devoir reconstruire la guilde, assez fréquemment qu'il lui avait apporté les bases.
Jubia s'était trouvée quand à elle un petit boulot dans la boulangerie du village, ce qui lui permettait de se tenir informée des derniers ragots.
D'ailleurs depuis qu'elle s'occupait de la caisse, les recettes semblaient avoir considérablement augmentées, à la plus grande joie de la patronne.
La jeune fille ne semblait pas l'avoir remarquée, mais elle était très populaire auprès de la gent masculine, qui se précipitait à la boutique.
Grey qui ne supportait pas de voir autant de zigotos tourner autour de sa femme , particulièrement un : Jack qui était devenu le collègue de la demoiselle, du prendre les mesures qui s'imposait.
Tous les soirs, il passait prendre la jeune femme , au grand plaisir de cette dernière.
Les jours de "repos", ils sortaient hors du village pour changer de paysage ou se rendaient sur le lieu des différentes scènes de crimes.

Le quinzième jour, alors qu'ils prenaient leur repas de midi ensemble dans un restaurant self-service.
Grey qui avait déjà remplie son assiette, se posa à une table observant la jeune femme.
Alors qu'elle se servait au buffet, il nota qu'elle remplissait copieusement son assiette.
Elle le rejoignit bientôt et ils se racontèrent les derniers potins.
Grey se désapa au milieu du repas, ce qui lui valut des regards adorateur de la mage et un fou rire des autres clients qui s'étaient habitués à cette manie.
Une fois son assiette vide, la mage la repoussa devant visiblement calée.

- Jubia avait une faim de loup, c'était délicieux ! s'exclama-t-elle, un immense sourire aux lèvres.

Grey attendrie par l'air innocent de la demoiselle, ne put s'empêcher de rire.

- Grey-sama, si c'est possible, Jubia voudrait rentrer seule aujourd'hui. dit-elle visiblement agitée, fuyant son regard.

Elle lui cachait quelque chose, il en était sûr. Il aurait voulu lui demander pourquoi, lui dire qu'il refusait. Mais à la place il hocha la tête, affichant son masque de glace.
Ce visage blessa énormément la jeune fille, qui se demanda ce qu'elle avait fait de mal.
Elle savait que Grey ne l'aimait pas, mais ne pouvait s'empêchait de vouloir le croire.
À chaque mot gentil qu'il lui adressait, chaque geste tendre; il la nourrissait d'espoir.
D'un espoir destructeur.
La pause finit, elle retourna au travail, retenant les larmes qui voulaient s'échapper.
Jack qui avait remarqué la mine triste de sa collègue, essaya quelques blagues pour la détendre, en vain.
Le soleil commençait à se coucher, quand elle se retrouva dans la rue l'esprit embrouillé
Elle arriva devant une porte, la boule au ventre.
Derrière, elle trouvera sûrement les réponses à ses craintes et doute.
Poussant un gros soupir, elle toqua et rentra, passant à côté d'un panneau: «Guérisseur».


Grey du se faire violence pour ne pas passer par la boulangerie ce jour-là.
Luttant ainsi contre son esprit qui était assailli de suggestions les plus ridicules les uns que les autres. Sur le chemin de la maison, il s'arrêta au parc.
Voulant se changer les idées, il s'incrusta dans une partie de foot déjà en cours.
Il joua ainsi avec les enfants pendant une bonne heure, puis ses derniers durent rentrer.
Il allait faire de même quand il entendit une voix horrifiée, provenant de derrière.

- Grey-sama !!! hurlait-elle.

À peine fut-il retourné, que la jeune fille lui sauta au cou, provoquant ainsi leur chute.

- Qu'est-ce qui te...

Il se tue.
La demoiselle tremblotait et semblait tétanisée. S'agrippant à son mari, la tête enfuit au creux de son cou; elle pleurait.
Grey maintenant habitué à cet aspect si fragile de la mage, resserra son étreinte et la berça gentiment, lui murmurant qu'elle n'avait plus rien à craindre et qu'il resterait à ses côtés.
Il déposa un baiser tendre au sommet de son crâne, continuant de la bercer. Une fois calmée, elle lui raconta l'histoire.

- Alors que Jubia rentrait à la maison, elle pressentit que quelqu'un la suivait. Elle marcha donc plus vite, mais les bruits de pas suivirent Jubia. La peur monta en Jubia et elle se mit à courir désespérément, appelant Grey-sama...

Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle sentit la pression sur ses hanches s'accentuer.
Elle leva les yeux vers son mari. La mâchoire crispée, il abordait un regard assassin.
Il se promit de trouver le gars qui avait harcelé la mage d'eau, car oui il était sûr que s'en était un et lui régler son compte.
Cependant, il n'eut pas le temps de s'attarder sur ses pensées vengeresses, car la jeune femme venait de s'endormir dans les bras puissants et rassurants de son mari.
Celui-ci soupira et se demanda s'il émettait des ondes alphas. Elle s'endormait presque à chaque fois qu'elle se retrouvait dans ses bras. Poussant un soupire, il cala la jeune femme dans ses bras avant de la soulever, la portant tel une princesse jusqu'à la maison.
Sur le chemin, la vieille aubergiste postée sur le rebord de sa fenêtre, ne put s'empêcher de lui crier que s'était beau la jeunesse.
Grey gêné resserra son étreinte et lui répondit d'un immense sourire, en lui disant qu'elle aussi avait dû passer par là.

Arrivé chez eux, il posa Jubia dans le lit et se dirigea vers la cuisine se servir de l'eau.
La trouvant trop tiède, il y fit apparaître quelques glaçons dans son verre, puis retourna vers sa femme.
Dehors, le ciel se couvrait présageant un violent orage.
Caché dans un recoin de la fenêtre un inconnu ricana et s'en alla en murmurant:
- Enfin, ça faisait longtemps que je n'ai pas tué de mages !

À la vie, à la mort ! (One Shot 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant