Chapitre 47

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À peine sorti de l'avion, l'air chaud et humide caresse agréablement mon visage. Je lève la main devant mes yeux éblouis par le soleil qui m'empêche de contempler le paysage, et descends une à une les quelques marches de métal en me concentrant pour ne pas tomber. Une fois les pieds à terre, je suis accueillie chaleureusement par une femme en robe fleurie rouge et blanche dont le sourire est si radieux qu'il illuminerait le visage le plus récalcitrant. À ses côtés se trouve un homme tout aussi souriant, chantant un air dans une langue qui m'est inconnue tout en jouant de son ukulélé. Je suis emportée par la musique, enivrée par l'odeur de l'océan mélangé au parfum sucré du collier de fleurs que l'on m'offre et me dépose gracieusement autour du cou en guise de bienvenue. 

Adam me rejoint d'un pas léger, le regard perdu dans le feuillage des cocotiers se dressant autour de la piste.

— Tu as payé pour la mise en scène ? lui demandé-je discrètement, sceptique que l'on puisse être aussi gentil et bienveillant gratuitement.

— Non c'est de coutume. Les voyageurs sont accueillis avec un collier de fleurs et repartent avec un collier de coquillage en guise d'au revoir. Les gens d'ici sont les plus altruistes qui m'ait été de rencontrer dans ma vie, tu vas adorer... me fait-il remarquer un brin sarcastique.

— Maruru, sourit généreusement Adam en s'adressant à la jolie femme qui lui orne à son tour le cou.

— Et puis-je savoir où sommes-nous ? demandé-je avec curiosité en marchant machinalement à ses côtés.

— En Polynésie Française, plus particulièrement sur l'Atoll de Tetiaroa, un des endroits les plus privés et prisés par les plus riches de ce monde.

Évidemment...

— Mais j'aime surtout cet endroit pour sa beauté paisible et inestimable qui m'a envoutée au premier regard. Le summum du luxe à l'état brut ... rajoute-t-il en observant l'horizon.

Je suis des yeux la direction qu'il fixe au détour d'un virage et suis frappée brusquement par le paysage juste devant nous. J'en avais eu un aperçu vu du ciel, mais ne m'attendait pas à être aussi émerveillée. Un éden si parfait qu'il semble être irréel. J'observe béate et silencieuse, le lagon miroitant ses nuances turquoise au coeur de bandes de plages désertes, tel un joyau caché au milieu de nulle part.

Je m'avance, clignant le moins possible des yeux pour ne rien louper de la vue tout en retirant une à une mes chaussures et les gardes à la main. J'enfonce mes pieds dans le sable chaud et moelleux, dont les grains blancs sont si fins qu'ils me paraissent être doux. J'envisage de gouter l'eau à quelques pas de moi, quand Adam me stop en plein élan.

— Le Yacht nous attend pour nous conduire à l'hôtel.

Pourquoi faut-il toujours que nous soyons pressés ?

Je fais demi-tour à contrecœur abrégeant ma surprise et cet instant qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. Ce lieu est magique...

Adam me tend la main pour m'emmener au bateau lorsque le béton brulant sous mes pieds m'arrache un hurlement. Je sautille maladroitement à clochepied, mais n'arrive pas à tenir assez longtemps en place pour réussir à me rechausser, quand deux grands bras familiers viennent à mon secours et me soulèvent avec aisance. Je m'accroche à son cou et lui esquisse un sourire reconnaissant qu'il reçoit avec immodestie. Ravie surement de me découvrir si docile.

Nous approchons de l'embarcation si rutilante qu'elle parait être flambant neuve. Adam nous y fait monter et me dépose d'un geste chevaleresque, sur un bain de soleil deux places en cuir blanc sur le pont avant. Il me laisse seule quelques instants durant lesquels j'observe le navire. Je reste stupéfaite en voyant au travers d'une vitre, un immense coin salon-salle à manger et cuisine si bien agencé qu'il ferait une parfaite maison sur l'eau où je me verrai bien y vivre pour le restant de mes jours. J'essaye d'imaginer les chambres qui doivent se trouver au sous-sol quand il revient avec deux cocktails de fruits à la main.

— Tu aimes ?

— Tu parles de quoi ? Ce lieu magnifique, ce bateau ultra luxueux ou cette délicieuse boisson que je m'apprête à boire ?

— Le tout.

Je garde ma réponse en suspens, et me redresse sur mes genoux en soutenant son air impatient avant de me lever en me dirigeant vers la proue du navire. Il m'y rejoint en silence et se place à ma droite en s'accoudant à la barrière. Je sens ses yeux me dévisager en silence pendant que je ne me lasse pas de dévorer le paysage.

— J'ai l'impression de rêver.

Cela me coute de l'avouer, mais je mentirai en lui disant le contraire. Je détourne timidement le regard et reste envoutée plus encore par ses iris assortis à l'eau sur laquelle nous flottons. Il se redresse de toute sa hauteur sans rompre notre lien. J'incline mon visage en arrière et m'adosse au garde-fou pour lui faire face, quand le capitaine met les gaz pour avancer. Je perds l'équilibre et me heurte de tout mon poids sur son torse en me rattrapant de mes mains sur sa taille. Une fois stabilisée, je devrai m'écarter, mais c'est au-dessus de mes forces. La tête lover sur son épaule, je prends une bouffer de son parfum tel un puissant narcotique, et me laisse bercer par le mouvement des vagues.

Je sens sa cage thoracique se gonfler contre moi en déposant ses lèvres sur mes cheveux, puis expire avec vigueur comme si cela lui coutait. Mais quoi ? Que s'obstine-t-il à réprouver ? Est-ce de l'ennui, de la frustration, du mépris ? Son attitude m'échappe complètement. Pourtant quand l'une de ses mains vient s'emmêler dans ma tignasses, et diriger ma tête en arrière pour me conduire à lui faire face, toutes mes craintes disparaissent. Je ne me pose plus de questions ni n'émets aucune objection.

Son regard est envieux et tourmenté à la fois. Il lutte contre lui-même à se laisser aller avec moi au lieu de calculer son prochain coup. S'obstinant à m'endiguer au seuil de son cœur pour ne pas se risquer de ressentir ne serait-ce qu'un semblant de sentiment. Pourtant dans ce qui parait être un moment d'égarement, il rejoint ses lèvres aux miennes avec tendresse. Je ne décèle dans ce baiser ni passion, ni excitation, seulement un désir assouvi et un gout de paradis se mariant parfaitement au décor. 

Priceless'GirlWo Geschichten leben. Entdecke jetzt