Sur le palier d'en face (Jikook)

VI - Jungkook

J'aide Jimin à réviser deux heures durant. Jusqu'à-ce qu'il s'endorme d'épuisement. Il s'affalait petit à petit sur son cahier, et quand je lui ai demandé une formule de maths et qu'il n'a pas répondu, je me suis rendu compte qu'il s'était endormi. Jimin est drôle et attachant. Grâce à ses devoirs, j'ai appris de nouvelles choses. Et je suis content de m'être rendu utile. 

Jimin a le front posé sur le bras, une de ses mèches rebique. Je le trouve adorable. Il se donne tant de mal pour réussir ! Il est très exigeant envers lui même et s'en voulait à chaque erreur. Maintenant, il est tard et il est temps qu'il se repose. Je devrais aussi d'ailleurs... mais j'ai toujours du mal à m'endormir.

Je regarde les stylos et les feuilles éparpillées partout avec un soupir. Je ne vais laisser Jimin sur cette chaise. Alors je fais le tour de la table pour glisser mes mains sous les cuisses du garçon et sur ses côtes, pour le soulever du sol. Je le porte jusqu'à sa chambre sans effort. Il est léger. Sa tête retombe contre mon torse et il marmonne dans son sommeil. Je le dépose tendrement sur son lit, regarde un instant sa bouille tranquille, et quitte la chambre. Je ne sais pas s'il dort la porte ouverte ou pas, mais je préfère ne pas la fermer. Du salon, on peut voir l'intérieur de sa chambre. Comme ça, j'ai l'impression qu'il est un peu avec moi, que je ne suis pas tout seul. 

Je m'installe dans le canapé, glisse un coussin sous ma tête et remonte le plaid jusqu'à mon menton. Je fixe le plafond, un peu intimidé. Je me demande toujours ce que je fais là. Je me rappelle de la douceur des mains de Jimin sur mon corps, dans la salle de bain tout à l'heure. Je me remue sur le canapé, je n'arrive pas à trouver la bonne position et mes courbatures me tirent. Troublé, je sombre dans le sommeil. 

J'émerge en clignant des yeux, désorienté. Pendant quelques secondes, j'angoisse en me demandant où je me trouve. Puis je me rappelle que j'ai dormi chez Jimin. Le salon est inondé de lumière et je peux encore mieux apprécier la décoration. Je me redresse pour jeter un coup d'oeil à l'horloge murale. 7h30. Il est un peu tard...

Je me relève et tente de remettre mes cheveux en ordre. Puis je plie le plaid de Jimin et remet les oreillers à leur place. Je ne veux pas faire mauvaise impression. En me dirigeant vers la chambre du jeune homme, je me rends compte qu'il dort encore. Il n'est pas sensé avoir cours à 8h, comme la plupart des étudiants ? Moi, je commence à 10h aujourd'hui. Je vais aller le réveiller, au cas où.

Je me penche pour lui secouer l'épaule :

"Jimin-sshi... il est 7h30. Tu devrais peut-être te lever, murmuré-je."

Le garçon fronce les sourcils, toujours endormi, et s'agite un peu dans son lit. 

"Jimin-sshi, répété-je avec un sourire."

Cette fois-ci, il ouvre les yeux. Il a un sursaut en me voyant. Peut-être qu'il avait oublié que j'étais chez lui.

"Tu as dit qu'il était quelle heure ? marmonne-t-il en se frottant les yeux.

- 7h30. 

- Merde ! s'écrit-il, en se relevant brusquement."

Il se stoppe et réalise qu'il n'est pas en pyjama. Il jette ensuite un coup d'oeil à la table de la cuisine, que l'on voit depuis la chambre, et sur laquelle ses affaires de cours sont éparpillées partout. 

"Tu m'as porté jusque dans mon lit hier soir ? comprend Jimin, se tournant vers moi.

- Je dirais plutôt qu'il était 1h du matin environ."

Le garçon a un petit sourire :

"Merci. J'étais vraiment fatigué.

- Il n'y a pas de quoi, bredouillé-je en me grattant la nuque, embarrassé."

Jimin m'observe encore quelques secondes, puis s'active de nouveau, avec panique :

"Je commence à 8h et j'ai 10min de marche avant, je vais être en retard ! s'exclame-t-il en se précipitant dans la salle de bain.

- Tu manges quoi le matin ? Je peux te préparer ton petit-déjeuner, proposé-je."

Jimin se tourne vers moi, étonné de cette attention. Je crois qu'il rougit.

"Il y a des céréales dans le placard de la cuisine, au-dessus de la plaque cuisson, tu peux m'en préparer un bol ? demande-t-il alors."

J'acquiesce et m'exécute. Dans les placards, c'est plutôt bien rangé. Les produits sont bons pour la santé, en grande partie. 

"Tu prends du lait avec..., commencé-je."

Jimin vient de réapparaître dans la cuisine, vêtu d'un pantalon gris et d'une chemise blanche ouverte. Sur son torse nu. Il est en train de se coiffer rapidement avec la main. J'ai oublié ce que j'allais demander.

"ça ira comme ça, tu es adorable, répond-t-il. Tu ne commences pas à 8h toi ?

- Non, à 10h."

Jimin plonge la cuillère dans le bol que je tiens encore en main pour enfourner une première bouchée de céréales. Puis il entreprend de fermer les boutons de sa chemise, et moi de ne pas regarder. Comme il galère un peu, je décide de le nourrir pendant qu'il finit de s'habiller. En voyant que je lui tends la cuillère, Jimin s'esclaffe puis ouvre la bouche. J'ai un sourire en le regardant mâcher comme les enfants à qui on donne la béquée. 

Il se penche ensuite pour enfiler des chaussettes en râlant qu'il va vraiment être en retard. 

"Tu n'as pas besoin de ces cahiers aujourd'hui ? demandé-je en désignant la table de la cuisine.

- Merde, répète Jimin. C'est vrai ça..."

Je commence alors à ranger ses affaires tandis qu'il met ses chaussures. Je récupère son sac de cours qui traînait dans un coin, pour y fourrer les cahiers, la trousse et le reste. Jimin a un nouveau sourire en constatant mon efficacité. Il finit le bol de céréales, attrape sa veste, et se dirige vers l'entrée. Je le rejoins. On sort de l'appartement, qu'il verrouille.

"Tu n'as rien oublié chez moi ? s'enquit Jimin, essoufflé.

- Non je ne crois pas...

- Au pire c'est pas grave, tu reviendras ce soir. Merci de m'avoir aidé Jungkook-ah, je dois te laisser !"

C'est là qu'il s'avance pour m'embrasser le front, avant de dévaler les escaliers. Je reste en plan, hagard. 

"Bonne journée ! crié-je alors."

Je crois qu'il est déjà parti. J'ai un sourire un peu débile. Les dernières heures que j'ai passées en sa compagnie ont ramené un peu de joie dans mon quotidien. J'espère avoir oublié quelque-chose chez lui, pour pouvoir repasser ce soir.