8. Ce n'est qu'un au revoir

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Lucas

Tout le monde dort déjà. La maison est tellement silencieuse, que je me demande si Eleanor arrive à entendre les battements de mon cœur de là où elle est. Il fait si sombre, que je n'ai pas d'autre choix que d'avancer à l'aveugle. Je marche avec les mains devant moi pour me guider, lorsque j'effleure quelque chose de chaud et moelleux. Un petit cri aigu retentit aussitôt. Je me fige, paralysé par la peur qu'on se soit fait prendre, quand je sens le souffle d'Eleanor près de mon visage.

— Pourquoi tu m'as touché les fesses ? s'énerve-t-elle en chuchotant. Ce n'est pas du tout le bon moment.

— Désolé ! Je n'ai pas fait exprès. Pour ma défense, il fait super sombre. Je ne vois pas où je vais.

— Donne-moi ta main dans ce cas.

Elle la saisit avec fermeté, et me tire derrière elle. Sa hardiesse me fait sourire. Je ne savais pas qu'elle pouvait avoir autant d'aplomb. Je la suis docilement jusqu'à sa chambre, et soupire dès qu'elle referme la porte. J'ai l'habitude de venir ici, j'ai quasiment grandi dans cette maison. Pourtant, je n'ai jamais eu autant l'impression de ne pas être à ma place.

Eleanor ouvre ses rideaux pour laisser passer la lumière de la lune dans la pièce. Je reste debout à la regarder comme un con alors qu'elle retire son gilet. Elle ne porte qu'un fin débardeur, sans rien en dessous pour dissimuler la pointe de ses seins. Je ne suis plus puceau. J'ai déjà vu plusieurs filles nues malgré mon jeune âge. Seulement, le fait que ce soit Eleanor devant moi cette fois-ci me perturbe plus que prévu.

— Arrête de me dévisager, implore-t-elle tout en croisant les bras pour cacher sa poitrine, c'est super embarrassant.

— Désolé.

— Tu t'excuses beaucoup ce soir.

— C'est sûrement parce que je suis troublé. Je ne suis pas vraiment moi-même.

— Ah oui ?

— Ouais, tu me fais perdre mes moyens.

— Oh...

— Je te trouve magnifique.

— Je ne ressemble à rien pourtant. Je ne suis ni maquillée ni coiffée.

— Mais c'est comme ça que je te préfère. Je te l'ai déjà dit. Tu as oublié ?

— Non... bien-sûr que non.

— Menteuse, dis-je en appuyant sur les fossettes qui creusent ses joues, tu ne te souviens jamais quand je te fais un compliment. Par contre, tu te rappelles toujours de mes conneries.

Je souris lorsque ses lèvres esquissent un sourire timide. Mon compliment la flatte, je me félicite d'avoir réussi à la décontenancer. On se regarde dans le blanc des yeux pendant quelques secondes, avec une gêne non-dissimulée, lorsqu'elle rompt le contact en premier. D'une main hésitante, voire un peu tremblante, elle saisit son haut pour le retirer. Sauf que je la stoppe dans son élan, et l'attire contre moi. Son parfum m'embaume, m'apaise, et l'anxiété que je ressentais jusqu'à présent disparaît. Tout d'un coup, j'ai la sensation d'être exactement là où je devrais être.

— Tu n'en as pas envie ?

— Si, mais on n'est pas obligés de le faire.

— Je veux que tu sois le premier.

— Et moi je préfèrerais être le dernier.

— Tu pourrais être les deux.

— Je ne veux pas que ta première fois se passe comme ça.

Malgré l'attraction qui nous attireWhere stories live. Discover now