La source des souvenirs

Chapitre 17

Journal de Nicolas Miller

2 septembre 1719

Les évènements de ces dernières vingt-quatre heures ne sont pas des plus aisées à relater dans mon journal. Je ne sais par où commence... sans doute par avouer que j'ai échoué dans mon rôle de protecteur.

M. Johnson avait besoin de moi, et je n'ai su y répondre... que trop tard. Que lorsque tout fut terminé et atrocement difficile à accepter pour mon maître.

Pourtant, malgré tout, je resterai dévoué à Edgar Johnson, j'en ai fait le serment et je tiendrai ma parole et ma position. Ma famille, continuera de servir et de conseiller l'héritier de la pierre. Voici, le serment que j'ai prêté à l'âge de dix ans, un genou à terre le visage vers le sol et M. Johnson, qui n'était qu'un nourrisson, mais d'ores et déjà serait l'homme le plus puissant de son époque. Puis, ce drame est survenu et à modifier beaucoup de choses...

Cela faisait plusieurs jours que la cordialité ne faisait plus parti de notre quotidien entre M. Johnson et moi-même. Plus j'y pense et plus je me dis que si j'avais laissé mon orgueil de côté et ma jalousie... Parce qu'il était réellement question de cela... Si j'avais continué à être aussi dévoué, rien de tout cela ne se serait produit. Mais dans le même temps, je savais aussi qu'il avait cessé de m'écouter, se laissant envahir par ... l'amour... le vrai, l'unique celui qui permet une confiance aveugle en l'autre. Mais quelle erreur... Je savais bien qu'un jour, il trouverait quelqu'un avec qui partager son secret, mais tout était allé trop vite. Il lui avait seulement fallu six mois avec cette fille pour que cette tragédie advienne, j'aurais dû le voir venir. Oui, j'aurais dû...

La journée s'était pourtant déroulée normalement, je n'avais rien remarqué d'inhabituel. La comtesse Walter, était au domaine depuis près d'un mois entier et elle et mon maître n'avait jamais été aussi proches. Par conséquent, j'avais décidé de ne plus me mêler de leur histoire, étant donné que M. Johnson me l'avait expressément demandé. Je faisais donc office de domestique auprès d'eux, leur organisant chaque jour des activités, et ils réapparaissaient au domaine en fin d'après-midi, pour se séparer le temps de la toilette et se retrouver pour le dîner.

Leur passion grandissait de jour en jour de fait, j'aurais dû me méfier davantage. Néanmoins, j'avais baissé ma garde. J'avais même ressenti de la sincérité chez cet Aliénor Walter. J'avais fini par croire qu'elle était réellement attachée à mon maître, au moins autant que lui à elle. Rien ne laissait présager ce qui allait arriver.

Malheureusement, quand ils sont rentrés hier soir, ils n'avaient pas le même air, M.Johnson semblait fatigué et Mlle Walter soucieuse. J'avais assimilé ça à la balade à cheval et étant donné que leurs bains étaient prêt dans leurs appartements respectifs, je m'étais dit que comme d'habitude cela leur permettrait de se reposer et de revenir fringuant. Je n'avais par conséquent, posé aucune question à mon maître sur leur changement d'humeur.

Par la suite, lorsque le Duc m'a demandé si je savais où était la comtesse, je ne me suis pas posé plus de question que cela. J'avais alors seulement suggéré qu'elle devait avoir fini sa toilette et l'attendait à présent dans le salon au rez-de-chaussée.

Et en effet, elle y était, mais pas dans la pièce que j'avais supposé. C'était lui-même qui me l'avait raconté, juste après le drame. Sa voix s'était brisée et ses gestes étaient comme hantés par la folie. Je n'avais jamais vu des yeux exprimer autant de haine et de détresse à la fois. J'avais peine à reconnaître, cet homme d'habitude si sûr de lui, à présent l'air hagard.

De mon côté, j'avais perdu la notion du temps, depuis leur retour de promenade et vaquant à mes occupations, je n'avais décelé que trop tard le drame qui se produisait dans les jardins. Ce qui m'avait alerté, fut les cris au-dehors. Mon regard s'était dirigé vers la fenêtre et j'y avais aperçu la comtesse courir dans une robe blanche et le duc élancé à ses trousses.