Chapitre 24 : Himéros

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Il faisait froid, il faisait noir.

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais enfermé dans le coffre de leur Mercedes, mais une chose était sûre, je voulais en sortir. L'air commençait à manquer, et j'avais beau ne pas être très grand, je devais quand même plier les jambes pour rentrer dans le petit espace. La position que j'avais adoptée me provoquait des fourmis dans tout le bas du corps, plus une vive douleur au niveau des côtes sur lesquelles reposait actuellement tout mon poids.

Non mais sincèrement ils branlaient quoi ?

C'était pas compliqué de foutre les gens dehors, surtout que Jin était respecté et Namjoon pouvait tuer tout le monde d'une simple baffe. Vraiment, je commençais à saturer. Puis, pourquoi Yoongi restait ? S'ils me sortaient qu'ils devaient aussi faire le ménage je leur demanderais gentiment s'ils ne me prenaient pas pour plus con que j'en avais l'air.

L'alcool quittait peu à peu mon corps, ou du moins, les effets corporels dus à la consommation s'estompaient fortement. Ma tête avait arrêté de tourner, mon estomac ne se tordait plus sur lui-même (stoppant par la même occasion mon irrépressible envie de dégueuler mes tripes sur le revêtement de la bagnole) et je retrouvais peu à peu une réflexion logique.

Logique selon Park Jimin.

Ils n'avaient plus à craindre que ma langue se délie ou que je divulgue leur plan, je pouvais retrouver ma liberté.

Sauf que bien entendu, je n'avais aucun moyen pour les contacter. Si nous étions dans un dessin animé, une petite ampoule s'éclairerait au-dessus de ma tête. Comment n'y avais-je pas pensé avant ? Sans attendre, je tâtai les poches de ma veste, puis celles de mon pantalon. Mais rien ; je n'avais pas (plus) mon téléphone.

À ce constat, je sentis une crise d'angoisse prendre racine au creux de ma gorge. S'il y avait bien une chose qu'il ne fallait pas que je perde, c'était celle-là (si on ne comptait pas l'ordinateur qui comportait un grand nombre de documents confidentiels sur Ayame et les Suraisuburēdo).

Je tentai alors de garder mon calme, me concentrant sur ma respiration en me repassant le fil de la soirée en tête. La grande salle, Namjoon, la fuite, Riyō, le bar, le champagne puis le coffre. Et à aucun moment je n'avais utilisé mon portable. Alors, soit je l'avais oublié lorsque je me bourrais la gueule, soit il était tombé de ma poche lorsque j'étais entré dans quelqu'un.

Dans les deux cas, j'allais m'en prendre une.

Je n'avais plus trop envie de sortir, finalement. Qu'ils prennent bien leur temps, qu'ils vérifient même derrière les portes des chiottes ainsi que les espaces entre les rideaux et les fenêtres. Il me fallait trouver une excuse, ou du moins, une explication valable à la perte de mon smartphone.

Mais comme d'habitude, les dieux étaient contre moi, des bruits de pas passèrent à cet instant à travers à la carrosserie pour venir tinter à mes tympans comme des cloches.

Plus poisseux que moi, ça existait ?

J'entendais leur voix se rapprocher de ma position et je tendis l'oreille pour comprendre ce qu'ils se racontaient.

— Bilan plutôt positif du coup.

— Je n'ai pas encore fait la compta de la soirée, mais je pense qu'on a fait pas mal de bénéfices.

— J'imagine bien, il ne reste quasiment plus rien.

Sans surprise, Yoongi et Seokjin discutaient. Ce qui était étrange, c'était le manque de présence de Namjoon. Lui, il fallait que je le garde à l'œil. Mais avant que je ne puisse me reconcentrer sur la discussion des deux coréens présents à l'extérieur, une porte de la voiture s'ouvrit et quelqu'un s'assit à l'intérieur tout en mettant le contact.

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