Stiliste

| CHAPITRE 4 | DU FIL A RETORDRE |

Lorsqu'ils revinrent en ville -en dansant a moitié pour un Stiles bourré qui beuglait des paroles de musiques sans queue ni tête- , Derek reçut un appel de Laura qui lui disait qu'elle allait rejoindre quelques unes de ses rencontres dans leur résidence ( parce qu'elles avaient des atomes crochus, apparemment, et son frère ne voulait absolument pas savoir ce qu'elle insinuait par là, parce que c'était Laura et personne ne voulait savoir ce que faisait Laura pour décompresser. ) Il voulait mettre rapidement fin a la discussion, alors il répondait par monosyllabes, même si ça avait le don d'emmerder profondément sa sœur. Comme il était pressé de revenir a son camarade alcoolique,  Derek ignorait le ton agacé de sa soeur et faisait tout son possible pour écourter la discussion. Il ne sentait plus l'odeur de l'ivrogne derrière lui, et il craignait le pire. Mais sa sœur semblait avoir comprit son manège et prenait tout son temps pour dire ce qu'elle voulait lui communiquer.

"Okay, je vois bien que je te gène mais Der-" avait commencé sa sœur au bout de quelques minutes de conversation à sens unique. Et Derek avait coupé l'appel a ce moment là, parce que hé, c'est bon ! Si elle savait qu'elle le faisait chier, c'était très bien ainsi, et ça suffirait comme excuse. Il éteignit même son portable.

Le temps qu'il se retourne, Stiles avait effectivement disparu. D'abord, Derek pensa a paniquer parce qu'aujourd'hui ses sens mettaient un temps fou a trier les informations quand il était en ville, et ce, même s'il n'y avait que trois passants et qu'ils étaient sur un parking sans circulation. Il n'arrivait pas a poursuivre l'alcoolique seulement avec son odeur. Il pensa ensuite a utiliser ses yeux de lycaon pour repérer l'idiot, mais il était en pleine rue et franchement, il n'avait pas envie de s'attirer des ennuis pour une bêtise alors qu'il passait une nuit étonnement agréable.  Avant même qu'il ne réfléchisse a un nouveau moyen de localiser l'odeur du garçon, il entendit un boucan d'enfer quelques mètres plus loin. Apparemment, l'adolescent bizarre qu'il recherchait venait de prendre une poubelle sous son bras et il tentait d'insérer une clef de voiture dans la serrure d'une Jeep bleue claire.

Derek plissa les yeux. Il ne comptait quand même pas conduire dans cet état, au moins ? espéra-t-il. ( Et pourquoi diable essayait-il de voler une poubelle publique ? ) Mais quand Stiles ouvrit enfin la porte avec un juron que même le diable aurait banni, le barbu ne put que soupirer. Bon, ok, il n'était peut-être pas l'exemple de bon sens absolu quand il décidait de prendre sa Camaro pour faire du 240 kilomètres/heures dans la forêt, au risque de s'éclater contre un sapin... Mais au moins lui, il avait trois raisons : la première, même si c'était de l'alcool qui coulait dans ses veines et non pas du sang, il ne sentirait même pas ivre ; la deuxième : il était loup garou, il n'en avait rien a foutre des blessures ; la troisième : il n'en avait rien a foutre non plus des arbres, ces connards n'avaient rien a faire là. (Bien qu'il conduisait dans une forêt, et qu'en réalité ces pauvres arbres avaient bien le droit d'être là.)

Quand le brun réussi a démarrer le moteur de sa carcasse de voiture en chantant une comptine de noël, Derek se décida a réagir. Il se foutait bien que le jeune homme écrase des piétons sur sa route - les riches du centre ville avaient même moins de valeur a ses yeux que les arbres et les buissons- mais il ne pouvait pas non plus laisser , moralement parlant, un garçon comme ce gamin risquer sa vie pour une bête histoire d'alcool. C'est ainsi qu'il attrapa l'inconnu par le col pour le sortir de la Jeep, arrachant les clefs de la voiture avant qu'il ne se décide a appuyer sur l'accélérateur.

- Mais je veux rentrer chez moi ! geignit Stiles en se raccrochant a sa portière pour ne pas quitter le bijou que représentait le véhicule a ses yeux.

Derek se contenta de reposer le jeune homme a terre, passant un bras dans l'habitacle pour resserrer le frein à main.

- Ok, tu vas rentrer chez toi. Mais il est hors de question que je te laisse conduire.