Chap 50 : Comment comprendre que quelqu'un connait son secret ?

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- Ça fait longtemps Sakai, dis-je au moment même où la porte du gymnase grinça et qu'il entra.

Assise par terre, les jambes tendus et la tête au niveau des genoux, je finissais mes exercices d'étirements sans me presser. Après quelques expirations profondes je relevai enfin la tête vers lui doucement le dos bien tendu. J'avais vite compris à quels points les étirements allaient maintenant devenir aussi obligatoire que les échauffements. Les courbatures que je m'étais coltinés mes premières semaines ici me l'avais bien vite fait comprendre. C'est pour quoi je prenais une attention toute particulière à reproduire exactement les gestes que nous ordonnaient de faire Monsieur De Belloy suite à ses cours.

- Effectivement, trop longtemps même, me répond-t-il en venant vers moi.

Mon regard croisa le sien et je retiens toute expression faciale. Je devais me rendre à l'évidence, même si j'avais été contente de m'apercevoir qu'il n'était pas resté à Saint Maxime pour les vacances, étrangement le voir devant moi sans témoins aux alentours faisait accélérer mon cœur. Déesse il était vraiment beau. Même sa petite barbe de trois jours lui allait divinement bien. Je me relevais et tendis mes mains vers le ciel en essayant de me grandir le plus possible sans pour autant lâcher Alexandre du regard. Il avait dû être heureux de revoir ses parents et sa meute. Après tout, ils étaient sa famille et comme ils habitaient loin, il ne devait sans doute les voir que pendant les vacances. Je me demandais ce que ça faisait d'avoir une famille aussi grande. Moi je n'avais que ma mère et parfois je doutais même qu'elle soit bien du même sang que moi.

- Je m'excuse pour la dernière fois, déclarais-je une fois qu'il se fût suffisamment rapproché. J'ai peut-être été un peu trop dure avec toi.

- Non c'est moi, répondit-il quelques secondes après la surprise de mon excuse passée. C'est de ma faute. Je n'arrive jamais à me fixer sur le comportement que je dois adopter devant toi.

- Pourtant tu ne sembles pas avoir de problème envers les autres, lui fis-je remarquer.

- Les autres c'est les autres. Toi c'est toi. Tu ne peux pas comparer. C'est ... totalement différent.

Ces derniers temps, je m'étais pas mal repasser nos moments ensemble dans la tête à la recherche de la raison pour laquelle il arrivait autant à me faire pêter des câbles, en vain. Maintenant je savais. C'est parce qu'il avait l'irritant don de toujours me surprendre. M'obligeant ainsi à toujours être sur mes gardes. Or je détestais ne pas arriver à cerner une personne. Comme pour Donovan De Belloy je ne savais pas si je devais me méfier de lui ou pas. Et ça me taper vraiment sur le système. Je baissais enfin les bras et me mis à faire des mouvements circulaires avec ma tête. Je n'avais jamais compris l'intérêt de détendre cette partie du corps mais visiblement c'était essentiel alors tant pis je m'y pliais aussi. Même suite à mes entrainements personnels.

- Je ne vois pas en quoi je suis différente, lançais-je.

Il éclata de rire avant de passer sa main dans ses cheveux avec un air légèrement déçu. Pourquoi avais-je sans cesse l'impression que nous parlions deux langages opposés ? Que le véritable sens de ces paroles m'échappait toujours ?

- Tu nous vois amis ? objecta-t-il.

- Non, laissais-je s'échapper bien trop vite.

Bizarrement cette simple idée me faisait grincer des dents. Non, Alexandre et moi ami c'était impossible. Quelque chose en moins était complétement opposé à cette idée alors même que je ne le détestais pas non plus.

Surnaturelle, tome 1: SAVOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant