Je suis tiré de mon sommeil paisible, sans cauchemar pour une fois, par une chaleur intense qui m'enveloppe. Mon esprit est encore embrumé, mais je réalise que je suis lové dans les bras de mon colocataire par intérim. Mortifié, je me raidis d'un coup.

Passé le choc initial, je me mets à bouger tout doucement pour m'extirper de ses deux membres massifs qui m'entourent fermement. Ma précaution n'est due qu'au fait que je ne souhaite pas voir le brun se réveiller et me trouver dans une position davantage embarrassante qu'elle ne l'est déjà. Arrivé à mes fins, non sans mal, je file discrètement dans la salle de bain adjacente pour me remettre de mes émotions.

Hier encore, c'étaient des hurlements matinaux qui me tiraient du sommeil. Aujourd'hui, c'est un presque inconnu qui me serre dans ses bras. Certes, l'amélioration est franche, mais loin d'être parfaite. Mes craintes déjà bien présentes de la veille s'accentuent davantage un peu plus. J'ai désormais de vraies raisons de penser que ma vie en colocation ne va pas être aussi reposante que prévu. Quoique tout est relatif, car d'un point de vue physique, du plus loin que je m'en souvienne, je n'ai pas eu de sommeil calme et réparateur de la sorte depuis des années.

Une fois mes esprits repris, je retourne à pas feutrés dans la chambre pour y récupérer quelques affaires.

Je pourrais m'offrir le luxe de dormir encore un peu, vu que nous sommes aux premières heures de l'aube, mais j'ai trop peur qu'un fâcheux incident se produise à nouveau pour céder à la tentation.

Lorsque j'arrive à destination, je suis surpris de retrouver la porte de la chambre entrebâillée, alors que je suis certain de l'avoir fermée derrière moi. J'inspecte la pièce plongée dans la pénombre et y découvre un lit inoccupé.

De nouveau, je me faufile dans le couloir désert à l'affût du moindre bruit.

Je finis par entendre du mouvement provenant de la cuisine. Affolé, je réalise que la possibilité que j'aie réveillé le brun en m'évinçant de ses bras est fort envisageable. Pour ma part, même si je trouve l'incident désagréable, cela n'entache en rien mon désir de rester coûte que coûte dans cet appartement, mais cet avis risque fort de ne pas être partagé par le latino, qui est à mon sens le seul fautif de ce rapprochement inopportun.

L'idée de lui faire face et d'en avoir le cœur net ne me tente guère, alors résigné, je rejoins la chambre de nouveau.

Je me rallonge, attendant la potentielle réapparition de mon colocataire. Sans que je m'en rende compte, je me laisse aller, tant que le sommeil me happe une nouvelle fois.

C'est quelques heures plus tard que je me réveille à nouveau. Je m'élance après un bref passage dans la salle de bain, vers le salon.

J'y trouve le latino attablé.

Je ne sais pas s'il est déjà sorti ou si les pâtisseries fraîches qui jonchent la table proviennent de la petite brune qui lui chuchote à l'oreille, mais ce que je sais c'est que la gestuelle de cette jeune femme ne laisse aucune part à l'équivoque. Elle est la fiancée de mon colocataire. Celle dont j'ai entendu parler hier.

L'inconnue finit par se détourner d'Elio. Lorsqu'elle m'aperçoit, un sourire franc étire ses lèvres charnues. D'une légère tape sur l'avant-bras, la demoiselle informe son compagnon de ma présence.

Les yeux clairs qui se posent sur moi ne trahissent aucune gêne ni même une colère à mon égard.

Je ne sais pas encore si le brun s'est réveillé ce matin pendant que je m'évinçais de sa poigne, mais son attitude stoïque lorsqu'il s'adresse à moi semble m'aviser que ce n'est pas le cas ou qu'en tout cas il ne s'en formalise pas :

— Ah p'tit gars, tu as bien dormi ?

Bien est un doux euphémisme, même dans mes rêves de mondes utopiques, je ne me serais jamais présumé que je puisse plonger dans les bras de Morphée aussi facilement et en apprécier autant le confort.

Il est évident que je ne vais pas faire part de mon ressenti à mon colocataire, alors je lui réponds simplement en mesurant mes propos :

— Oui, plutôt bien.

La brune qui se racle la gorge pour attirer l'attention qu'on ne lui porte pas, lance avec un enthousiasme un brin forcé :

— Mon cœur, tu ne nous présentes pas ?

Le latino qui par réaction à cette question, s'exécute instantanément, déclare en nous regardant moi et sa voisine à tour de rôle :

— Chérie, voici Noa. Noa, cette beauté est ma petite amie Alix.

— Fiancée, rectifie aussitôt l'intéressée.

Je souris timidement pour saluer celle qui, je dois l'avouer, comme me l'a fait remarquer son compagnon, a un physique que je pourrais qualifier d'attrayant.

Le couple d'amoureux s'est bien trouvé, de ses deux partenaires émane un charisme unique, presque intimidant.

D'ailleurs je suis vraiment impressionné, non pas par leur charme naturel, mais simplement parce qu'interagir avec le commun des mortels est une épreuve que j'ai du mal à surmonter, donc de devoir faire cet effort de si bon matin n'est pas chose facile.

Je regarde à la dérobée la brune qui s'évertue à sourire depuis mon arrivée, mais alors qu'elle me voit faire, elle perd soudain son enthousiasme. Puis d'un ton sévère, sans que je m'y attende, celle-ci me demande :

— Alors Noa, c'est toi qui couches avec mon petit ami ?

____________________

____________________

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
Real loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant