Mise en quarantaine

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Nous ne sommes qu'au début du chemin, atteindre notre destination maintenant à l'allure où nous roulons relèverait du miracle. Et aucune autre alternative ne s'offre à nous.

Des voitures sont visibles de tous côtés, la circulation est paralysée. Nous faisons du sur place, depuis déjà un moment. Je tente un coup d'œil dans sa direction, il est pensif et n'a pas conscience que je l'observe. Malheureusement, il lui faut peu de temps pour s'en rendre compte. Je le comprends, au regard méprisant qu'il me renvoie. Je lui réponds en le fixant dans les yeux de toute ma hauteur, lui jetant au passage une œillade pleine d'insolence et de désinvolture.

Je suis fière de moi, après tout pour qui il se prend ce mec, on est dans la même situation, l'échelle sociale n'a plus d'importance. Il pourrait agir avec plus d'humilité et accepter qu'il ait aussi peu de contrôle que moi sur ce que l'on vit. Ça le rendrait surement plus humain et plus supportable. Mais non, le temps s'écoule dans un silence pesant, où l'on entraperçoit pourtant, une tension intérieure qu'il répugne.

Il la masque mais... jusqu'à quand ?

Je secoue la tête, pour revenir à la raison.

Après tout qu'est-ce que cela peut me faire ?

Pourquoi m'y intéresser ?

Ses états d'âmes n'ont aucun intérêt pour moi. Le plus important est que je sorte d'ici, le plus rapidement possible, grommelé-je pour moi-même. Tout en me tassant dans ce siège en cuir, inconfortable.

Dans ma tête, j'échafaude mille et une façon de le torturer, cette petite fantaisie m'aide à ne pas passer à l'acte, mais elle me permet surtout d'oublier les drames qui nous entourent.

Je serre mes bras sur ma poitrine, en me raclant la gorge. Il faut se rendre à l'évidence, il ne reste plus que quelques minutes, alors que nous n'avons pas avancé depuis notre arrivée sur la rocade. Notre sortie est à présent impossible, nous sommes piégés.

Je veux parler, mais pourquoi faire ?

Je sais pertinemment que je ne serais pas écoutée, cependant, ce détail ne m'a jamais empêché de dire ce que je pense, jusqu'à présent. Que ce soit Sacha ou Le dalai lama en personne, mon avis restera le même et je dois me faire entendre.

Un sourire se forme sur mes lèvres, il n'y a pas plus éloigné comme comparaison, c'est certain. Je préférai un million fois faire la route avec le dalai lama plutôt qu'avec Monsieur j'ai un bâton coincé dans les fesses qui d'un seul regard pourrait être à l'origine du déclenchement de la troisième guerre mondiale.

Bref, ce choix encore une fois, je ne l'ai pas. Adieu promesse de mutisme...

Je soupire.

Arff et puis merde, prenant mon courage à deux mains, je dis d'une voix de diplomate étranger tentant d'éviter par tous les moyens de ne pas froisser son homologue étranger. Mais sonnant parfaitement faux.

« J'ai une suggestion à faire » susurré-je, mielleuse.

Je suppose qu'adopter un air renfrogné, ainsi que grogner, tout en gardant ses yeux sur le volant, n'est ni encourageant, ni un bon signe. Sacha a dégainé sa panoplie de gros con. Je fais grincer mes dents très discrètement, mais je ne peux empêcher mon air effaré de s'inscrire sur mon visage devenu crispé.

Il finit par bougonner des mots incompréhensibles, je suis pratiquement sure qu'il doit savoir ce que je vais lui dire. Car, il m'a très certainement catalogué dès notre première rencontre.

Prise en otageحيث تعيش القصص. اكتشف الآن