C'était elle

Chapitre 8 - Une demande inattendue

Olympe était assise autour d'une petite table ronde décorée simplement et avec soin. La grande nappe blanche touchait presque le sol tandis que les flammes des bougies s'étiraient désespérément vers le plafond. Une seule rose rouge occupait le centre de table dans son vase soliflore. Les yeux encore remplis d'étoiles, elle observa le feu de cheminée réchauffer la pièce. La bonne odeur de bois brûlé emplissait ses narines tandis qu'elle regardait les étincelles virevolter et écoutait les bûches craquer. Les flammes orangeâtes qui nimbaient la salle de vie de lueurs dégingandées produisaient un effet hypnotique sur elle. Le dîner avait été parfait. Andrea s'était comporté en vrai gentleman en faisant preuve d'un romantisme qu'elle ne lui connaissait pas. D'ordinaire, leurs soirées se résumaient par de langoureux baisers et des ébats à n'en plus finir. Le repas passait, en d'autres termes, au second plan. Cependant, ce soir était différent. L'homme s'était donné du mal pour lui plaire, ne laissant au hasard aucun détail. De sa tenue impeccable à la décoration soignée, rien n'avait échappé à son contrôle.

- Tout va bien, mia bella ?

Olympe se détourna du feu crépitant pour reporter son attention sur son petit-ami qui avait repris place face à elle.

- Oui ! Comment pourrait-il en être autrement alors que tu me gâtes plus que de raison ? plaisanta-t-elle.

- Tu mérites bien plus, tesoro. Et je ferai en sorte de te le rappeler tout au long de notre vie.

Les paroles d'Andrea surprirent Olympe parce qu'elles lui promettaient l'éternité. Andrea et elle n'avaient encore jamais discuté de l'avenir de leur relation alors ces quelques mots prononcés avec la plus grande sincérité lui faisaient entrevoir un futur qu'elle n'avait pas osé dessiner. Un futur où son amour pour lui serait réciproque. Un futur où ils seraient heureux et amoureux jusqu'à la fin.

- Essayeriez-vous de me faire passer un message, Monsieur De Massari ? le taquina-t-elle, une main soutenant innocemment son menton.

Andrea sentit son cœur louper un battement. Il pensait tout ce qu'il venait de lui dire mais il n'avait pas prévu de laisser échapper ses envies pour le moment. Néanmoins, la lueur qui avait illuminé les yeux de sa petite-amie lui avait fait comprendre non seulement qu'elle était surprise mais aussi que c'était tout ce qu'elle espérait, et même plus, sans oser le dire. Sa tentative d'humour n'était destinée qu'à chasser les espoirs qu'elle fondait en secret, il l'avait deviné. Andrea en eut mal au cœur. Olympe lui cachait ses véritables sentiments et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, il le savait. Alors qu'elle agissait toujours de manière prudente pour ne pas le brusquer, lui se laissait embrunir par ses démons du passé. Chiara n'était plus sa femme et ne le serait plus jamais, il en avait conscience. Tout comme il avait conscience que les sentiments qu'il avait un jour éprouvés pour elle s'étaient évanouis. C'était effrayant de le réaliser mais c'était un merveilleux pas en avant et il en devait le mérite à Olympe. Sans elle, où serait-il en ce moment ? Probablement enfermé entre les quatre murs de son bureau, plongé dans ses dossiers et ses projets pour oublier la douleur de la trahison.

- Andrea ?

L'appel de la jeune femme le sortit de sa torpeur et l'expression qu'elle revêtait le fit culpabiliser. Elle devait penser à coup sûr qu'il l'avait encore quittée pour retrouver sa mélancolie et les souvenirs doux-amers de Chiara. Mais pour une fois, elle avait tort. Ce soir il avait réalisé à quel point elle avait bouleversé sa vie, le confortant dans son projet...

- Oui, tesoro. Je suis là.

Il se saisit de ses deux mains par-dessus la table et en embrassa les phalanges. Il fallait qu'il la rassure. Il ne supportait plus de la voir douter en silence. Cela n'avait que trop duré. Depuis quatre mois qu'ils étaient ensemble, il n'avait pas une seule fois pris la peine de dissiper son inquiétude mais cela allait changer dès ce soir.