14. Dissensions

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Dans le couloir, adossée au mur, Braham en face du sien, Jill avait déjà fumé deux cigarettes

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Dans le couloir, adossée au mur, Braham en face du sien, Jill avait déjà fumé deux cigarettes.

    — Je sais que c'est fou, lui lança-t-il.

Un rire étouffé lui chatouillant la gorge, elle inhala la fumée grise, le fixant d'un regard terni.

    — C'est loin d'être fou, c'est dégueulasse, c'est tout, rétorqua-t-elle.

    — Mais remuer le passé, là maintenant... ça ne sert à rien. Encore plus quand ces choses sont faites par des hommes hors d'atteinte. Tu te fais du mal qu'à toi-même.

    — Ça reste dégueulasse.

Il ne disait pas le contraire. Versant les cendres dans son cendrier de poche, et lui la regardant faire, Jill continua d'un ton épuisé :

    — De toute façon, ça changera pas. C'est mort.

    — On peut changer, Jill. Collectivement. On peut.

On peut, se répéta-t-elle ironiquement. Elle écrasa son mégot, puis ferma le cendrier.

    — Est-ce qu'on semble vouloir changer, Braham ? On va mourir pendant l'apocalypse.

    — Tu parles encore de religion ?

    — Pour une fois, non. Ils nous ont fait craindre ce qu'on savait du monde. Ils nous ont fait nous détester par intérêt. À quoi bon vivre si on a que la peur à partager ? Ce qu'ils ont fait et ce que les gens ont accepté qu'ils fassent est dégueulasse. Je suis écœurée, parce que personne les a forcés à croire à ces choses. Le ciblage a confirmé leur peur. Si on n'était pas un troupeau de débiles, on serait appelé l'humanité. Mais on entend plus ça depuis des années. Ça existe plus ! (Soupir) C'est cette manière de nous considérer civilisés qui est dégueulasse. Je suis en colère contre nous tous d'avoir pensé que ça nous profiterait plus que la paix. Et maintenant, ce mot paix sonne comme une putain de blague. Écoute, si l'un de nous meurt...

Braham s'humecta les lèvres en la regardant avec amertume.

    — Je ne laisserai personne mourir, affirma-t-il avec conviction. Je te le promets.

    — Même toi t'y crois pas. Écoute... si l'un de nous meurt pour cette connerie que représente la paix, ce sera débile. Parce qu'on savait que rien s'arrangerait. Ce qui te pousse à y croire encore, c'est l'espoir. C'est pas vrai. Ce qui sera vrai, c'est qu'on sera mort pour rien.

    — On est toujours en vie.

    — J'ai l'impression de plus vivre, toi, si ?

Silence. Silence intérieur. Jill détourna le regard, inspirant et expirant profondément.

    — Et si t'allais parler à Zoé ? changea-t-il de sujet. Peut-être que tu te sentiras mieux.

La jeune femme secoua la tête sans le quitter des yeux.

Rouge sur Noir (terminée)Where stories live. Discover now