Chapitre 50 : Un dîner presque parfait

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Installée confortablement sur le divan, les Haut de Hurlevents ouvert sur mes genoux, je me rends compte à quel point cette histoire d'amour est d'une tristesse sans nom. Cette pauvre Catherine... obligé d'épouser un homme qu'elle ne désire pas, pour tenter d'épargner son véritable amour à la rudesse d'une vie de serf. Je suis triste pour elle... tellement triste.

Le bruit délicat des coussinets de Vigor sur le parquet, me sort de ma rêverie, et je le vois agiter sa queue fièrement avant de s'allonger sur son coussin près des fenêtres, ouvertes pour profiter de l'air frais de la fin de journée. Henry arrive à son tour, jetant la laisse en cuire sur le canapé. Il retire sa veste, celle qui cachait encore sa chemise d'Auror et son pantalon noir, serré, puis dépose sur la table du salon, deux énormes sacs cartonnés aux initiales « GS ».

- Qu'est ce que c'est ? demandé-je, en refermant mon livre.

- Notre repas de ce soir, me dit-il, d'un petit clin d'œil.

- Oh...

- Je me suis dis que vous... ne deviez pas savoir faire un dîner, et comme je me suis dis que je ne pouvais décemment pas vous servir des pâtes au beurre -ma spécialité- alors... je suis passé chez le traiteur.

Mes joues se colorent d'un rouge coquelicot. Bien sûr que non, je ne savais pas faire de dîner. Ni de souper, ou de petit déjeuner. Et hormis les deux fois où je me suis retrouvé avec Henry dans les cuisines, c'était une pièce qui m'était complètement inconnu.

- La perfection n'existe pas, Charlotte, me dit-il en venant près de moi. Je suis rassurée de vous voir si... humaine parfois, m'avoue-t-il en riant..

- Et moi de vous voir si prévenant, répondis-je en me mordillant la lèvre inférieure. J'aurais eu peur de faire flamber votre cuisine...

Il se met à rire doucement avant de remonter les manches de sa chemise sur ses avant-bras musclés. Ce simple geste fait bouillir mon imagination de jeune fille vertueuse.

- Que lisez-vous ? me demande-t-il, curieux.

- Les Hauts de Hurlevents, je... je me suis permise de me servir dans votre bibliothèque, répondis-je, embarrassée. Pardonnez-moi si je n'en avais pas le droit.

- Vous n'êtes pas la seule a avoir eu des cours éthiques et morales, enfant..., me dit-il, amusé. Mes livres sont à vous, Charlotte. Servez-vous comme bon vous semble...

- Merci, répondis-je, le rose aux joues.

- Pourquoi avoir choisit celui-ci ? me demande-t-il, curieux en agitant sa baguette pour que les sacs cartonnées ne disparaissent dans la cuisine.

- Je ne sais pas... Déjà, parce que c'est une femme qui la écrit sans doute, et puis... c'est une belle histoire d'amour, avoué-je en caressant le nom de l'auteur de mes ongles longs.

Henry esquisse un vague sourire, et ses pas l'éloignent de moi, pour le rapprocher des nombreuses étagères prêtes à s'écrouler sous le poids de ses livres.

- Beaucoup de femmes moldus écrivent des Histoires -d'amour, la plupart du temps- et il y en a même qui sont mondialement reconnu... vous avez George Sand du siècle dernier. Ecrivain française qui a publié ses écrits féministes et engagés sous un pseudonyme masculin. Je trouve que Valentine est une de ses plus belles œuvres. Cela remet en question les mariages arrangés, le poids de l'aristocratie et la condition des jeunes filles à mariés. Vous... apprécierez beaucoup sa plume, je pense, m'explique-t-il en récupérant un livre à la couverture rouge sang.

- Vous avez l'air de.... vous y connaître, déclaré-je, impressionnée.

- J'ai plus de romans écrit par des femmes que par des hommes, m'avoue-t-il d'un petit sourire presque gêné. Je trouve qu'elles imagent la société tel qu'elle est et pas telle qu'elles aimeraient qu'elle soit...

First ImpressionWhere stories live. Discover now