Chapitre 30 : Le gage

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La salle de Vyenn était calme, tout le monde se préparait tranquillement pour la soirée. Brusquement, une voix hurla depuis les loges.
- WOLFGANG !
Les membres des deux groupes se tournèrent aussitôt vers l'autrichien, qui affichait un grand sourire, visiblement satisfait. Florian soupira alors.
- T'as fait quoi encore ?
- On a encore parié. Et il a encore perdu.
- C'était quoi cette fois ? Demanda Lorenzo, curieux.
- Notre arrivée ici la semaine dernière. Il était sûr qu'on serait à l'heure. Et il était bien motivé. Jusqu'à ce que je commence à le...
- On a compris ! Le coupa Karl. Tu peux nous épargner les détails.
- Il est vraiment naïf, sourit Constance, amusée.
Mozart ricana.
- Oh que oui.
- Et qu'est ce qu'il a perdu ? Demanda Florian.
- Il devait me laisser choisir sa tenue pour chanter ce soir.
- Oh, et forcément, vu le hurlement de rage que nous venons d'entendre, t'as été vicieux.
Le blond sourit avec innocence, et Salieri apparut devant eux, il semblait hors de lui. Il vrilla son regard sombre sur son cadet et siffla.
- Ne me dis pas que le truc qu'il y a dans ma loge est le costume que t'as décidé de me faire porter.
- Oh si maestro, c'est exactement ça. Et j'ai vraiment du galérer pour le trouver en plus ! J'ai hâte de te voir avec.
- Je te hais Wolfgang.
- Tu es victime de ma victoire mon amour. Et arrête de te plaindre, j'aurais pu choisir de te faire porter Barnabé aussi.
Il y eut un long silence, durant lequel les autres échangèrent un regard curieux sans savoir à quoi l'autrichien faisait référence, tandis qu'Antonio devenait rouge pivoine, contractant sa mâchoire pour ne pas incendier son partenaire d'insultes. Ce fut Florian qui posa la question que le brun souhaitait à tout prix éviter.
- C'est qui Barnabé ?
L'italien pinça ses lèvres, toujours plus cramoisi. Il était mort de honte. Il répondit enfin.
- C'est le nom qu'il a donné au sextoy qu'il a acheté...
Sa voix s'était faite de plus en plus basse au fur et à mesure de sa phrase. Wolfgang fronça les sourcils.
- Que j'ai adopté ! Il fait partie de la famille ! Je lui ai même dessiné un visage pour lui donner un côté amical et convivial !
Il afficha alors une grand sourire, fier. Antonio, lui, aurait voulu devenir invisible en sentant tous les regards posés sur son partenaire et lui.


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Les musiciens étaient sur scène, mais il n'y avait encore personne derrière le micro, et la foule se demandait quand le leader des Danaïdes allait faire son entrée. La salle était plongée dans le noir, et les lumières se portaient uniquement sur l'estrade où le groupe s'apprêtait à jouer. Derrière la régie, située dans le fond de la salle, Mozart souriait. Il s'empara d'un micro.

- Cher public, ce soir sera une prestation un peu spéciale... En effet, le chanteur que vous attendez avec impatience n'ose pas avancer sur la scène. Ne vous inquiétez pas, il va très bien, mais le show de ce soir échappe un peu à son contrôle. Comment dire... Il a perdu un pari récemment...

Il ricana doucement au micro, sachant pertinemment que Salieri l'entendait depuis les coulisses, et imaginant sans peine son visage s'enflammer d'une couleur rouge pivoine. Il reprit.

- Et en perdant son pari, il a eu un gage, qui consistait à me laisser choisir sa tenue de scène pour ce soir. Et j'ai été taquin, je l'avoue. Du coup, puisqu'il semble embarrassé à l'idée de se montrer, vous devriez l'encourager à venir !

Joueuse, l'assemblée commença à frapper des mains en criant le nom du musicien. Derrière les rideaux, Antonio se mordit la lèvre. Il voyait très bien dans son esprit le sourire qui devait illuminer le visage de l'autrichien à cet instant. Paradoxalement, ce fut cette image qui lui donna enfin le courage d'avancer sur la scène. Il s'approcha du micro tandis que la salle était soudainement plongée dans un silence surpris, et il se sentit rougir d'avantage. Dans son dos, ses acolytes étouffaient leurs rires de façon très indiscrète et il contint son envie de se retourner pour leur adresser un regard incendiaire. Le public commença alors à applaudir et à siffler, ce qui ne fit que l'embarrasser un peu plus. Salieri saisit le micro et il souffla, gardant son regard baissé sur le sol pour ne croiser ni le public, ni le visage de son fourbe de partenaire.

- Wolfgang... Je te déteste.

Le blond rigola doucement devant le micro, tandis que ses yeux admiraient l'homme de sa vie, vêtu d'un costume de soubrette. La jupe noire et blanche était assez courte, et Antonio la portait à merveille. Il avait la totale, des longues chaussettes blanches remontant jusqu'au dessus de ses genoux, le corset serré sur son torse et le nœud noir autour du cou, ainsi qu'une petite coiffe blanche dans ses cheveux noirs. Il dit alors.

- T'es magnifique mon chat. N'est ce pas ?

La foule cria avec enthousiasme. L'italien baissa la tête, les joues rouges, puis il tourna son regard vers Florian pour lui indiquer de commencer à jouer. Dès qu'il ouvrit la bouche pour chanter, il se sentit moins gêné, et le public explosa aussitôt. Personne ne pouvait résister à la voix si pure du leader des Danaïdes, même soumis à un gage quelconque. Derrière la régie, Mozart se sentit séduit par son partenaire. Non seulement par sa voix, mais aussi son charisme. Il était beau, et il se fit la réflexion que les jupes lui allaient bien, elles retraçaient ses longues jambes fines mais musclées. Il sentait son être se réchauffer tandis qu'il imaginait divers scénarios avant de secouer la tête pour se concentrer sur la voix sublime d'Antonio. Le concert était une réussite, et le pari qu'il avait gagné également.

Mozalieri - Une mélodie qui fait malWhere stories live. Discover now