13. ENFANTILLAGE

197 43 1
                                    

Les Palakis avaient quitté le site touristique pour se laisser absorber par une nature indomptable, bien loin de toute civilisation. Contrairement à ses compagnons, Achak n'était pas un combattant et poursuivre l'expédition au-delà de cette limite n'aurait pas été digne de la sagesse de son animâme. Il s'était donc résigné à patienter sur le site, leur adressant quelques encouragements en guise d'accompagnement.

À coups de machette, le reste du groupe se frayait un chemin entre les lianes, les branches et les feuillages. Une forte humidité rendait chacun de leurs pas plus lourd et plus pesant que le précédent. Avancer relevait d'un véritable combat. Une lutte contre la fatigue découlant de ces terres inhospitalières. Quand ce n'était pas les ronces qu'il fallait redouter, c'était les sangsues. Leurs mollets s'étaient changés en véritables cibles, attirant ces vampires comme des phares de voiture en pleine nuit. De temps à autre, il leur arrivait de chuter sur une pierre sculptée enfouie dans le sol, signe de la présence passée d'une civilisation humaine. L'unique point positif était qu'aucune fouille n'avait été effectuée dans le secteur. Cette partie du monde restait inexplorée, vierge du passage dévastateur de l'homme moderne.

Brusquement, les branches d'un arbre massif furent secouées. De ses acrobaties adroites, Jin descendit des hauteurs qu'il venait de gravir et regagna le groupe.

— Toujours rien à l'horizon, annonça-t-il. Si ce n'est des arbres, des arbres, et, suspens, encore des arbres.

L'espoir de l'entendre évoquer une quelconque construction s'édifiant d'entre les lianes s'envola. Cette étendue de verdure infinie réduisait constamment la motivation du groupe à néant.

— Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, s'agaça Lucia.

— Tâchons de ne pas nous décourager, intervint Milo. Le soleil commence à décliner, profitons-en pour établir notre campement et nous reposer.

Les Palakis lui obéirent. Très vite, ils dressèrent une installation des plus rudimentaire. Le reste de la soirée fut consacré à la détente des muscles, à la relaxation du corps et de l'esprit ainsi qu'aux appels envers les familles via des téléphones satellites.

Plus tard, installés dans leurs hamacs étroits, tous regrettèrent amèrement de ne pas avoir plus profité de leurs matelas moelleux à Washington. La nuit se montra longue et le vacarme oppressant de la faune sauvage rendit toute somnolence inenvisageable. Les quelques heures de repos dont ils purent bénéficier s'avérèrent néanmoins salvatrices durant la journée qui en suivit.

Après une interminable marche, Jin, éclaireur attitré du groupe, redescendit euphorique de l'arbre qu'il venait de gravir.

— Qu'y a-t-il ? Tu as trouvé le temple ?! lui demanda Milo.

— Beaucoup mieux, suivez-moi !

Les membres de l'Ordre lui emboîtèrent le pas tandis qu'il enjambait les fourrés pour se ruer vers sa trouvaille. Il s'arrêta finalement net face aux bordures d'une corniche surplombant un précipite haut de plusieurs mètres.

Milo arriva à son niveau et se pencha pour contempler l'origine de toute cette effervescence. En contrebas, un lac bleu azur était né d'une crevasse naturelle, dont le torrent d'une chute d'eau s'y déversait dans un bruissement harmonieux. Le cadre était splendide, certes, mais sur le coup, Milo ne comprit pas les raisons qui avaient poussé Jin à les conduire ici. Il ne réalisa finalement les attentions de son ami que trop tard. Jin le poussa depuis la falaise, le faisant plonger dans l'eau d'une chute spectaculaire. Ignorant les foudres du jeune lion, il se retourna vers ses autres camarades d'un air fier.

— À qui le tour ?

Son regard se posa sur Lucia qui, aussitôt, le dissuada de passer à l'acte.

Kiza et l'Ordre des PalakisWhere stories live. Discover now