Chapitre 2

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La soirée était déjà bien entamée, tout le monde était présent et Alban, comme à son habitude, se trouvait être au centre de l’attention des convives qui avaient tous apporté un petit cadeau afin de fêter dignement les 18 ans du garçon. De l’enceinte placée sous la télévision, on pouvait percevoir de la musique électronique à un volume plutôt bas. A moins peut-être que le son n’était simplement brouillé par les bruits de gorets que poussaient les amis d’Alban agglutinés devant un téléphone portable.

  Au total, ils étaient 11. Sur ces 11 personnes, Gwen ne connaissait que Alban, et sur ces 11 personnes, il était le seul mis à part, assis au bout d’un sofa un verre de soda à la main. L’adolescent se sentait terriblement seul, son meilleur ami l’avait totalement abandonné pour s’amuser avec tous ses autres compagnons sportifs.

  La pièce était chaleureuse, la musique, les rires, les discussions houleuses tournant autour et d’un seul et même sujet semblaient parfaitement s'harmoniser dans cet environnement familier où Gwen a passé tant de temps durant ces trois dernières années. La seule et unique chose qui ne parvenait pas à rentrer dans le moule : c’était lui.

  Eux, ils s’amusaient, lui, il s'ennuyait à mourir. Eux, des basketteurs grands bruns et forts de muscles. Lui, littéraire qui, bien que grand, se voyait doté d’une paire de lunettes rondes et d’un corps plutôt maigre pour son mètre 80.

  Perdu dans ses pensées, Gwen observa avec dédain son verre dans lequel se battait dans un duel sans pitié deux glaçons en train de fondre. Il le savait dès l’instant où il appritt que cette soirée incluait l’équipe de basketball d’Alban : il n’aurait jamais dû venir. Ces adolescents plein de testostérone n'appartennaient pas à l’univers qu’il partageait  avec son meilleur ami. Le noireau était polyvalent et s'intéressait à beaucoup de choses très variées. C’était ce qui avait tout de suite tapé dans l'œil de Gwen. Il était le contraire de tous les autres amis qu’ils avaient, que ce soit en commun ou non, Alban ne s'intéressait pas qu’aux filles.

“Et toi, Gwen ? Tu as une petite amie ?”

Le jeune blondinet sursauta. Isolé au bout de son canapé, il ne pensait pas qu’on lui accorderait un seul instant le droit à la parole. Les joues du jeune homme s’enflammèrent et il but une gorgée dans son gobelet avant de répondre d’une voix basse :

“Non, je n’ai pas de petite amie, et, pour être franc… Je n’en ai jamais eu.”

Les basketteurs ecarquillèrent les yeux visiblement surpris. Un murmure s'éleva de l’assemblée tandis qu’automatiquement, les pupilles de Gwen cherchaient celles d’Alban pour pouvoir s’y encrer. 

“Mais genre, t’as déjà eu une attirance pour une fille au moins ?”

“Ouais, ne nous dit pas que tu n’as pas de meuf parce que ton truc, c’est les mecs, hein ?”

  Gwen grinça des dents. Bien qu'il ne s’était jamais vraiment posé la question sur son orientation sexuelle, il était blessé qu’on puisse lui parler si sèchement parce qu'on le soupçonnait d’être gay. Et même s’il l’était, qu’est-ce que ca pourrait bien leur faire, à eux ? Ces matchos de premières ne seraient clairement pas son genre, et l’adolescent avait bien vite compris que s’ils étaient tous majoritairement célibataire c’était tout simplement parcequ’ils étaient idiots.

  C’est Alban qui répondit avant que Gwen ne puisse réagir :

“Non, Gwen n’est pas gay. Pour tout vous dire c’est juste qu’il est un peu intimidé par les filles, c’est tout”

“J’avais le béguin pour une fille, en troisième. Hum… J’étais un peu intimidé et je ne suis jamais allé lui parler. Par la suite mes parents m’ont inscrits dans un lycée privé pour garçons et l’occasion ne s’est juste plus représentée…"

  Des petits ricanements se firent entendre. Gwen soupira et but à nouveau quelques gorgées dans son gobelet qu’il finit par écraser dans sa paume. Ces sportifs qui se croyaient supérieurs uniquement sous prétexte qu’ils pouvaient facilement avoir des dépravées dans leurs lits lui tapaient sur les nerfs.

“Normalement c’est aux filles d’avoir peur des mecs. On est plus forts qu’elles et plus puissants. Puis, genre… Vu ta taille, t’as toujours dû être grand nan ?”

“Je ne vois pas ce que ma taille vient faire là.”

“C’est vraiment n’importe-quoi, mec. T’as peur qu’une petite naine d’1m50 te fasse quoi ? Tu sais qu’il suffit de leur mettre une petite gifle pour qu’elles la ferment ?”

“Eh! J’ai une idée, comme au basket, on lui donne un petit surnom au nouveau. J’ai une idée du tonnerre… “Le garçon qui avait peur des femmes.”

“Ah ouais pas mal! On dirait un nom de film indépendant, ce genre de film pourri à budget réduit.”

  Le cœur de Gwen se serra,  sans prévenir il se leva d’un bond. Ses jambes s’étaient alourdies au même titre que ses pensées. Ils ne comprenaient pas, ils étaient bien trop bêtes pour cela. A quoi bon leur expliquer les bonnes manières si dans leurs esprits au QI négatif se comporter comme le pire des connards était normal?
 
  Une fois de plus, on se fichait de Gwen et de ce qu’il pouvait ressentir. Ils n’avaient pas le droit. Ils ne le connaissaient pas. C'était injuste et cruel.

  Sans un mot de plus et surtout, sans le soutien de son ami, il s’enfuit directement en direction de la salle de bain de la maison.





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LE GARÇON QUI AVAIT PEUR DES FEMMESWhere stories live. Discover now