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" Katsuki Bakugo .. "

Face à la foule venue observer son prétendu bonheur, les mains moites de tous ses regrets et la gorge nouée par des années de silence pesant, Katsuki tente de respirer sans s'étouffer dans son propre souffle.
Le dos bien trop droit, le regard perdu sur un éclat de peinture claire d'un mur, ses paupières tressautent malgré lui quand la brûlure d'une larme sauvage se présente à ses cils.
Ses propres poumons ne lui obéissent plus, et ses côtes semblent se briser à chaque fois que l'air y entre, déchirant toute sa poitrine pour mieux libérer ses démons à travers son corps tout entier.

Les battements de son cœur deviennent, un peu plus à chaque instant, douloureux et bruyants, résonnant jusqu'à travers son âme.
Les deux bras le long de son corps, il ne sait même plus quoi faire de ses dix doigts, serrant et ouvrant ses poings à intervalles réguliers sans jamais trouver la meilleure posture.
Figé comme un statue de pierre, les échos, les froissements, et les mouvements de la petite populace dans la pièce ne l'atteignent qu'à peine.
Il sait qu'ils sont là, mais il ne les voit pas vraiment, il les entend sans les écouter, les perçoit sans vraiment les reconnaitre.

Sans doute que tout le monde le dévisage, fronçant les sourcils sur son étrange attitude raide et vide de toute expression, mais il ne parvient pas à faire mieux.
Il ne peut pas, il essaie pourtant, de se forcer à rester naturel, à avoir l'air heureux d'être là, mais c'est plus fort que lui.
Il a accepté sa propre présence ici aujourd'hui, c'est lui qui s'est traîné lui-même ici, mais maintenant ..
Entre la foule, le bureau, et les yeux carmins posés sur sa personne, il ne sait pas ce qu'il fout là.

" Consentez vous à prendre pour époux ... "

Sa colonne vertébrale se déverrouille légèrement, permettant à son dos de bouger un tant soit peu, détendant sa posture figée et, presque en tremblant de tous les os de son corps, il tourne son visage vers l'officier derrière le bureau.
Sans vraiment porter attention à ses traits, à sa voix, à ses mains qui tiennent des documents qu'il ne veut plus signer, il avale sa salive en grimaçant de douleur.
Sa trachée prend feu à chaque nouvelle inspiration, ses pupilles s'affolent sans s'attarder nul part.
Il ne regarde ni l'homme qui s'adresse à lui, ni les affiches au mur, ni le stylo posé tout près de lui, et qui n'attend plus qu'il vienne l'attraper pour signer avec.

Dans son costume bien trop cher pour ce qu'il est en train de faire, le tissu gène sa peau blessée de l'intérieur, le nœud de sa cravate étouffe sa gorge sèche, et la boucle de sa ceinture semble s'enfoncer dans son ventre, déchirant son abdomen pour scier ses organes.

Rien ne va dans cette salle, toutes les personnes présentes ne devraient pas l'être, à commencer par lui-même, et il se sent suffoquer.

Ses jambes veulent s'enfuir, sa bouche veut crier, ses yeux veulent pleurer.
Son estomac lui fait mal, très mal, et la nausée, insidieuse, remonte dangereusement son œsophage, rependant l'amertume sur sa langue.
Son souffle se bloque à mesure qu'il s'efforce de faire face à l'angoisse qui s'insinue dans sa gorge comme un poison avalé de son plein gré, alors que le goût acide et corrosif de ses propres erreurs ronge ses muqueuses.

" Eijiro Kirishima ici présent ... "

L'air lui parait si lourd et si épais, l'oxygène reste bloqué à ses cordes vocales, incapable d'atteindre ses bronches pour faire fonctionner son esprit correctement.
Il lui semble que le plafond s'affaisse à chaque nouvelle seconde qui lui file entre les doigts, menaçant de l'écraser bientôt sous son poids et de ratatiner ses os contre le carrelage blanc.
Dans un coin de la pièce, une horloge ricane en le dévisageant, secouant ses aiguilles pour le narguer, lui rappeler combien il a perdu son temps, toute sa vie.

🄻🄾🅂🄸🄽🄶 🄶🄰🄼🄴Where stories live. Discover now