Chapitre 37 : Larmes

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Le bord de mer avait toujours été un lieu paisible et riche en mythes et légendes. La question au sujet de l'autre bout de l'océan était dans toutes les têtes ; personne n'y avait jamais mis les pieds, et le mystère gardait ainsi de sa grandeur de génération en génération. Voir l'étendue de l'eau à perte de vue allant jusqu'à l'horizon procurait un sentiment d'humilité chez les Hyliens de la région qui se sentaient minuscules à côté de la taille que paraissait faire le monde en entier. Mais ils commençaient à avoir l'habitude de cette sensation en eux, les pêcheurs avaient d'autres occupations que de rêvasser au bord des vagues.

Agenouillée dans le sable humide, une femme ramassait des bigorneaux qui venaient s'échouer sur la plage. Elle les stockait dans un seau rempli à moitié d'eau de mer afin de les garder pour le repas, ou pour les vendre. Les produits marins faisaient le régal de beaucoup dans cette partie du royaume. Ils servaient à préparer de nombreuses spécialités dont raffolaient les visiteurs, en général. Penchée en avant, les mains plongées dans l'eau turquoise, ses cheveux blonds y trempaient un peu par moments, par manque d'attention. Sa chasse aux fruits de mer n'était pour le moment guère très fructueuse, ses prises se comptaient sur les doigts d'une main. Les mouettes qui volaient sur la côte en ce moment devaient y être pour quelque chose.

Le village d'Écaraille était très calme à cette heure-ci de la matinée, tous les habitants étaient encore chez eux, et quelques pêcheurs se trouvaient déjà en mer, au large. L'occasion de profiter de la plénitude qui s'installait progressivement dans l'atmosphère. Cette quiétude, qui était une des raisons pour laquelle la femme était venue s'installer à Firone, fut interrompue par le fier hennissement d'un cheval, probablement situé à l'entrée du village. Dans un premier temps, l'Hylienne ne prêta guère d'attention, il devait pour sûr s'agir d'un voyageur qui venait profiter de l'isolement unique de cette plage. En effet, plus l'été approchait, et plus ils étaient assez nombreux à venir en ces lieux. Mais assez vite, la femme trouva les événements étranges. Surtout lorsqu'elle perçut des pas dans le sable chaud s'avancer derrière elle à une vitesse lente. À moitié plongée dans l'eau, elle se tourna de quatre-vingt-dix degrés sur la droite et du coin de l'œil, la blonde reconnut la personne qui avançait sans même avoir eu besoin de la regarder en face. Par Hylia, ce n'était pas réel...

Elle garda son calme le plus possible bien que sa gorge s'asséchait. En récupérant son seau, elle mit fin à cette chasse aux bigorneaux et prit le chemin menant à sa petite maison non loin de là, afin d'éviter ce nouvel arrivant qui avait l'air de vouloir l'aborder. Sa démarche était rapide, très rapide. Elle ne souhaitait pas courir pour éviter d'attirer l'attention et ne pas montrer son intention de fuite. Une fois enfin pénétrée chez elle, l'Hylienne, apeurée, referma la porte brusquement et se dirigea vers une petite table disposée contre le mur doté de l'unique fenêtre de la pièce. Elle s'empara de la pointe d'un harpon et attendit que son cœur ne cesse de battre la chamade et que son niveau d'anxiété diminue.

Malheureusement pour elle, cela ne dura guère, car on frappa à la porte.

La blonde en sursauta sur le moment. Il ne pouvait être là, pas après tant de temps... C'était un vulgaire cauchemar, un mauvais rêve dont elle ne voulait que voir la fin... Il ne pouvait en être autrement ! De longues et silencieuses secondes passèrent, et la personne réitéra son action en frappant de nouveau, ce qui fit déglutir et frissonner la propriétaire de la petite cabane de bord de mer. D'un certain côté, elle savait qu'elle ne pourrait y échapper, si elle n'allait pas ouvrir, il ouvrirait par lui-même. Mais rester dans le déni était plus simple que d'affronter sa peur, faire face à son passé, et assumer ses actes... Dos à la porte d'entrée, la femme entendit la porte grincer, elle se mordit la lèvre inférieure et se retourna soudainement avec une griffe de lézalfos en main, - griffe qui servait donc aux harpons, dans la région - .

La grande histoire de la Princesse d'HyruleWhere stories live. Discover now