Les étoiles filantes

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J'adore les étoiles. Depuis très jeune, j'apprécie beaucoup d'observer le ciel nocturne, même si je n'ai jamais réussi à me rappeler de toutes ces constellations. Je vous jure, ces Grecs avaient la mémoire incroyable.

Il y a quelques jours, je regardais les Perséïdes (très jolies !) et moi qui ai un esprit moitié imaginatif, moitié rationnel, j'ai réfléchi à ce que j'avais appris sur les phénomènes astraux. Et j'en suis arrivé à la conclusion que ce spectacle magique était explicable d'une manière assez désinvolte : les étoiles filantes, ou "essaims météoritiques" c'est des nuages de poussière laissées par des météores rocheuses et métalliques qui foncent à une vitesse d'environ 42 km/s et, lors de leur frôlement avec l'atmosphère terrestre entre 85 et 120 km d'altitude, s'embrasent spontanément et se fragmentent en brûlant généralement en dessous des 50 kilomètres d'altitude puis retombent en poussière et en morceaux sur la terre ou dans la mer.

Alors j'ai réalisé qu'observer les choses avec une rationnalité à toute épreuve enlève parfois la magie du moment. Parfois, il vaut mieux observer un phénomène sans tenter de le comprendre, et juste profiter de l'instant de plaisir et d'émerveillement qu'il procure. Avec cette moitié imaginative de mon cerveau, je peux inventer une petite histoire à raconter aux plus jeunes, certes d'une qualité médiocre, mais qui permet de vivre la magie de l'instant avec une légende ou un mythe, comme ces Grecs avec leur imagination aussi grande que le mont Olympe.

Il y a longtemps, le ciel était noir, sans aucune lueur à part le Soleil le jour et la Lune la nuit. Une tribu de chasseurs vivait dans une petite vallée tranquille. Ils mangeaient à leur faim, car les bois environnants pullulaient de proies bien juteuses. Par ailleurs, ils tuaient juste assez de bêtes pour remplir leurs estomacs, jamais plus, jamais moins. Mais un jour par an, les chasseurs prenaient leurs arcs, leurs poignards, leurs bolas, et faisaient un carnage. Ils abattaient assez d'animaux pour nourrir trois villages entiers pendant une pleine semaine. Et le soir, à la lueur des torches, ils festoyaient, se goinfraient de viande en buvant de l'hydromel bien trop fort. Et une semaine après, ils redevenaient les hommes et les femmes calmes, respectueux de la nature, tuant seulement assez pour manger. Et le cycle se répétait.
Mais l'esprit de la vallée voyait d'un mauvais oeuil cette cruauté inutile et gratuite, ce bémol inquiétant, qui se reproduisait chaque an. Elle ressentait le vide soudain de la forêt, le soir du carnage. Et malgré son respect pour le comportement des hommes en dehors de ce jour, elle décida d'agir. Et agir fortement.
L'esprit de la vallée contrôlait un pouvoir gigantesque. Elle qui était invisible aux yeux des humains, marcha jusqu'au point central du campement de la tribu. Et elle ferma les yeux.
Aussitôt, le sol trembla. Une fissure s'ouvrit, et un phacochère colossal en sortit. C'était un sanglier mâle d'une tonne et demie, le dos hérissé de poils drus et métalliques. Ses yeux étaient des boules de feu incandescentes, et ses narines difformes laissaient échapper des flammes vives. Ses défenses mesuraient deux hommes adultes. Sa peau était impénétrable par toutes les armes imaginables.
L'esprit de la vallée s'effondra, vidée de son pouvoir, et de sa vie. Le phacochère tourna ses yeux de braise vers les chasseurs, qui s'armaient déjà, et leur fonça dessus.
Ce fut un vrai carnage. On eût dit que la forêt reprenait les vies qui lui avaient été arrachées. Tous les chasseurs furent tués. Leurs esprits s'envolèrent dans le ciel et se réduirent à des petites taches lumineuses. A partir de ce jour, chaque fois qu'une âme rendait son dernier souffle, il trouvait une place dans le ciel, parmi les autres. Par ailleurs, le soir venu, et les chasseurs morts, le sanglier regagna la forêt et s'endormit.
La légende veut que les esprits des chasseurs morts, mécontents de leur défaite, tentent régulièrement de revenir sur Terre pour tuer le sanglier magique qui la leur a infligée. On dit aussi que l'esprit qui avait jadis la garde de la vallée leur fait barrage aussi longtemps que possible, jusqu'à ce que les chasseurs la contournent. Alors, elle dresse une barrière magique autour la Terre pour les retenir. Les chasseurs, en s'y écrasant, dit-on, s'enflamment tout aussi puissamment que les yeux du phacochère géant, sous eux.

Si on observe le phénomène des étoiles filantes avec cette petite histoire en tête, par exemple, on les voit différemment. Un homme sage dirait que tout dépend du point de vue. Et cette observation est plus excitante, plus magique que n'importe quelle explication rationnelle.

La morale ? Choisissez, en fonction du moment, le côté qui l'emporte: imaginaire ou rationnel. Parfois, le rationnel permet de mieux COMPRENDRE. Parfois, l'imaginaire permet de mieux PROFITER. Les deux font rêver !

Voilà la fin du deuxième chapitre ! N'hésitez surtout pas à me dire ce que vous avez pensé de ma petite histoire en commentaires, je voudrais vraiment savoir votre avis, c'est un style d'écriture très nouveau pour moi, ce style fiction/philosophique... Un vote ferait très plaisir aussi, sinon le phacochère vous bouffera les orteils la nuit prochaine... mouahahaaa :D

A très bientôt !

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⏰ Last updated: Nov 01, 2021 ⏰

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