10 | Tu n'avais qu'à savoir faire du skateboard

455 71 145
                                    

Un doux sourire étira les lippes rosées d'Hanaé lorsque ses iris outremer rencontrèrent son alter égo, reflété par le grand miroir de sa chambre.

La jeune fille n'avait jamais vraiment été complexée, acceptant indéniablement toutes ces petites choses qui faisaient d'elle ce qu'elle était. Car après tout, cette petite poitrine, elle l'aimait – même si, elle ne cachait pas en souhaiter parfois une plus rebondie lors des quelques et rares moments où sa silhouette ne lui convenait plus.

L'adolescente était à l'aise avec son corps. Et c'était peut-être pour cette raison que l'idée de le dévoiler à son copain ne la gênait point.

La proximité de leurs corps pendant l'acte attirait l'Ishikawa. Tout comme la découverte d'une nouvelle facette, cette fois plus intime, de son petit ami. Elle savait qu'elle n'était pas parfaite mais n'en avait que faire. Elle se sentait prête.

Dommage que Tetsurou soit si peu réceptif aux petits signaux qu'elle avait pris l'habitude de lui envoyer. Hanaé en finissait presque par croire que lui ne l'était pas. Ou pire, qu'il n'avait pas envie d'approfondir leur relation.

Ses mains ne descendaient jamais plus bas que le creux de ses reins. Et si cette délicatesse avait eu raison de sa personne au début de leur couple, il y avait déjà deux mois et demi de cela, elle n'était maintenant plus que source d'une frustration qui ne cessait de grandir.

La lycéenne s'attarda quelques secondes sur le pas de sa porte, contemplant d'un regard aussi pensif que désespéré la petite boîte métallique qui trônait sur son bureau. Après un instant d'hésitation, elle finit tout de même par en retirer le couvercle et fourrer le petit rectangle en plastique rouge dans la poche arrière de son jean.

Ne sait-on jamais, pensa la châtain. Mieux vaut prévenir que guérir.

C'est donc, malgré tout, un sourire niais aux lèvres qu'Hanaé quitta sa chambre, se dirigeant vers son arrêt de bus, toute guillerette à l'idée de se retrouver seule à seule avec celui qui semblait avoir élu domicile dans son cœur. Son imagination fertile lui valu au passage l'apparition d'une scène torride qu'elle balaya d'un geste de la main sous le regard quelque peu surpris du quadragénaire assis en face d'elle.

Sa risette s'agrandit lorsque Kuroo lui ouvrit la porte. Déposant un chaste baiser sur les lèvres du garçon – et par la même occasion son sac dans la petite entrée dont était pourvu l'habitat – l'Ishikawa se dirigea sans plus de parsimonie vers le salon.

« Si tu veux te moquer Kapetto, inutile de continuer ta route. Je le protèrai de tes âneries au péril de ma vie.
- Et comment rigola doucement la jeune fille.
- En t'envoyant un ballon de volley dans la tête. (Il imita un ricanement machiavélique).
- Tu ne ferais pas ça !?
- Et pourquoi pas !? Ya un mec dans mon équipe qui a rencontré sa copine en lui balançant son meilleur service en pleine gueule ».

Hanaé ouvrit alors la bouche dans le but de traiter ce fameux coéquipier de « brute épaisse ». Mais l'adolescente ne put terminer sa phrase, une surface qu'elle identifia qu'après comme étant celle d'un des nombreux coussins du canapé rencontrant son visage.

Un silence s'installa donc dans la petite pièce à vivre de la maison - l'un étant trop hilare pour pouvoir s'exclaffer aussi bruyamment qu'à son habitude tandis que sa victime était trop ahurie pour pouvoir faire ne serait-ce que le moindre mouvement.

Blanc qui ne dura guère longtemps, brisé par Kuroo qui se mit alors à prendre ses jambes à son coup, déguerpissant se réfugier dans sa chambre.

« Toi, si je te trouve, t'es mort. Tu le sais ça ? ».

L'Ishikawa n'obtint en guise de réponse que quelques éclats de rire étouffés. Elle escalada quatre à quatre les marches de l'escalier qui la séparait de son petit ami, ayant pour optique de se venger.

Ouvrir la porte de la chambre de Tetsurou fut une rude épreuve – qu'Hanaé remporta non sans efforts. Lorsque l'adolescente entra enfin dans la pièce, elle vit le garçon recroquevillé dans un coin de son lit, espérant sûrement que se faire tout petit lui permettrait d'échapper aux conséquences de son acte.

La châtain se jeta donc sur le matelas, cherchant d'une main distraite un quelconque coussin qu'elle pourrait lancer, en guise de revanche, sur la chose qui lui servait de copain depuis deux mois et demi, déjà. Un juron s'échappa de ses lèvres quand elle se souvint que ce dernier lui avait un jour déclaré dormir sans oreiller.

Ne lâchant pas du regard Kuroo – ce fourbe était capable d'utiliser ces quelques secondes d'inattention pour fuir –, Hanaé extirpa de sa poche arrière le préservatif et lui en pleine face, faute d'avoir un quelconque autre projectile à portée de main.

L'expression abasourdie qui étira alors le visage du grand brun lui arracha quelques gloussements qu'elle ne prit pas la peine de dissimuler.

« D'une pierre, deux coups. Inutile de me dire que je suis un génie.
- Deux coups ? répéta le lycée, visiblement perdu.
- Bah en plus de me venger, c'est assez... (Il y eut un court silence durant lequel l'Ishikawa chercha ses mots). Explicite ?
- Si, à tes yeux, me balancer une capote en pleine gueule c'est pas explicite j'veux même pas savoir ce qui l'est de ton point de vue.
- Hum... Je sais pas. Les signaux que je t'envoie désespérément depuis trop longtemps pour pouvoir compter peut-être ? ».

Il ne lui répondit point, rigolant doucement à son humour déjanté, avant que leur iris ne se croisent. L'océan enragé de ses yeux se perdant dans ces nuances ocres que la jeune fille aimait tant. Hanaé put y lire une affection sans faille, un amour puissant et inébranlable qui lui fit rater quelques battements.

Tetsurou s'approcha ensuite délicatement d'elle, collant son front contre celui de sa bien-aimée, leur souffle chaud se mélangeant doucement. Ses bras s'enroulèrent instinctivement autour du buste de la lycéenne qui se sentait sur le point de défaillir. Défaillir de joie. D'amour. D'envie. Défaillir de tout.

« J'avais juste peur de mal interpréter. Je ne voulais surtout pas te brusquer.
- Tu ne peux pas faire plus brusque que notre rencontre de toute façon.
- C'est vrai qu'on a connu plus délicat. J'adore me faire percuter, c'est bien connu ».

Sa moquerie fit mouche puisque la jeune fille se renfrogna faussement.

« Oui enfin, c'est en parti à cause d'Osamu ronchonna la châtain.
- Si tu veux mon avis, c'est plutôt de ta faute. Tu n'avais qu'à savoir faire du skateboard.
- Oui. Mais non.
- Ne remet surtout pas en question ton incapacité à piloter une pauvre planche à roulette railla le plus grand ».

Quelques éclats de rire résonnèrent dans la pièce avant que les deux jeunes ne s'embrassent à nouveau, se couvant mutuellement et réciproquement d'un regard aussi doux qu'intense.

Bientôt, leurs vêtements se retrouvèrent par terre tandis que leur peau nue s'effleurait, se caressant toujours un peu plus, ne cessant jamais de rechercher davantage de contact.

C'était maladroit, confus, parfois presque fébrile, et pourtant si appréciable.

C'était un peu comme un champs de bataille, où l'on apprenait sur le tas.

C'était beau, sincère et passionnée.

C'était un peu comme un feu d'artifice, un mélange de couleurs et de sensations qui formaient un tout.

Un très beau tout. Et c'était peut-être bien cela que l'on appelait l'amour.

Tomber amoureux était une expression qu'ils disaient.
Alors, ils avaient dû sacrément bien chuter.

Enfin, c'était la faute d'un trop plein d'élan disait Hanaé.


𝐓𝐫𝐨𝐩 𝐩𝐥𝐞𝐢𝐧 𝐝'𝐞́𝐥𝐚𝐧 [ 𝐟𝐢𝐧 ]

𝒹ℯ𝓈 𝒶𝓋𝒾𝓈 ?

Trop plein d'élan | 𝐡𝐪 𝐀𝐔 |Donde viven las historias. Descúbrelo ahora