Chapitre 28

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Quelques mètres seulement après être sortie du cachot, Hermione croisa les prochains élèves de Drago. Instinctivement, elle passa une main dans ses cheveux pour vérifier qu'ils étaient à nouveau parfaitement coiffés et que sa robe de sorcière tombait correctement. Elle n'en revenait pas d'avoir osé le laisser faire. Elle avait bien tenté de lui dire que sa salle de classe n'était pas un endroit approprié pour faire l'amour ; il n'en avait tenu compte. Heureusement, elle l'aurait détesté s'il avait arrêté de l'embrasser et de la caresser comme il sait si bien le faire. Un petit hoquet joyeux traversa ses lèvres qu'elle essaya de transformer en un bonjour quand elle prit conscience du regard des élèves sur elle. Elle se demanda s'il ressentait aussi cette ivresse qui la saisissait après leurs étreintes. Elle ne saurait expliquer sa raison. Était-ce le contact charnel, l'interdit, ou plus simplement lui, le responsable de son état ? Elle n'était pas dans la capacité de le dire. Plus clairement, il s'agissait certainement d'un tout. Elle, qui n'avait que très peu dérogé aux règles, en franchissait de nombreuses avec Drago. Et le pire, c'est qu'elle aimait ça. Enfin, quand elle ne pensait pas à Ron qui devait se retourner dans sa tombe. À cette idée, son cœur tomba dans sa poitrine. Elle savait qu'un jour elle tournerait suffisamment la page pour s'investir dans une nouvelle relation. Elle savait aussi que Drago ne serait pas celui qui lui tiendrait compagnie ; trop d'obstacles viendraient à bout de leur relation. En attendant, elle prenait du plaisir à partager ces quelques instants de bonheur volés. Elle devait se concentrer sur cette idée si elle ne voulait pas sombrer dans la folie.

Son attention fut soudain attirée par une agitation quelques mètres devant elle. Un attroupement de quelques filles de septième année s'était formé et semblait s'agiter autour de l'une d'elle. En entendant les cris, Hermione pressa le pas et s'annonça :

- Mesdemoiselles, puis-je savoir ce qu'il vous arrive.

Le silence s'abattit soudain sur le groupe qui s'écarta devant Hermione laissant sa vision s'élargir sur la jeune fille encerclée l'instant d'avant. Elle reconnut Cassandra Goyle, la fille de Grégory Goyle et Millicent Bulstrode. Comme ses parents avant elle, elle appartenait à la maison Serpentard dont elle représentait à merveille la mauvaise image. Hermione songea encore, avant d'avoir conscience que la jeune fille avait un problème, que c'était à cause de personne telle qu'elle que la maison souffrait d'une aussi mauvaise réputation. Ressemblant plus à un bouledogue croisé à un pitbull plutôt qu'à une fille, elle cumulait les défauts de ses deux chers parents. Autrement dit, elle était aussi mauvaise que bête.

Hermione se sermonna pour avoir eu une telle pensée. Cependant, elle n'eut pas le loisir de se reprendre car elle croisa le regard vide – enfin encore plus vide qu'en temps normal – de la demoiselle qui se tenait le cou et gémissait lentement. La directrice s'approcha plus rapidement cette fois :

- Cassandra, pouvez-vous m'expliquer ce qu'il se passe ? demanda-t-elle d'une voix plus dure qu'elle ne l'aurait voulu.

La jeune fille tourna un regard vitreux qui peinait à se poser sur Hermione. Elle ne semblait pas avoir compris ce que celle-ci venait de lui demander. N'obtenant pas de réponse, elle se tourna vers ses amies pour leur demander des explications. Delphine Zabini, l'ainée de Blaise, prit la parole :

- Madame la Directrice, nous nous rendions en cours de potion lorsque Cassandra a soudain poussé un grand cri. Depuis, elle se tient le cou et gémit. J'ai même l'impression qu'elle ne nous reconnait pas.

- Allez chercher le professeur Malefoy et Madame Pomfresh, ordonna Hermione en s'approchant un peu plus près de Cassandra dont elle mit une main sur l'épaule pour attirer son attention.

Celle-ci fit un bond tel qu'elle se cogna contre le mur. Elle battit des mains comme pour éloigner un insecte agaçant et hurla en même temps. C'est à ce moment-là qu'Hermione le vit. Exactement à l'endroit où se situait la main de Cassandra l'instant d'avant, il y avait un petit animal. La directrice aurait été bien incapable de dire de quel animal il s'agissait. De prime abord, elle crut que c'était une araignée. Elle s'approcha de nouveau dans l'idée de l'identifier avant de chercher à le retirer. Elle vit alors qu'il ressemblait plutôt à un minuscule scorpion la queue redressée prête à attaquer de nouveau.

Hermione recula aussitôt. Elle ne souhaitait pas être à son tour piquée par l'animal. Elle sortit sa baguette pour l'immobiliser mais, avant d'avoir pu faire un mouvement, Cassandra l'arracha de sa grosse poigne et l'envoya valdinguer contre le mur où il s'écrasa dans un bruit métallique.

- Il faut l'attraper, rugit Drago qui venait d'arriver.

Mais l'animal, remit de sa chute détalait par un trou dans le mur.

- Herm... Mrs Weasley, vous avez eu le temps de l'identifier, demanda Drago en se tournant vers elle, les bras ballants d'avoir laissé partir la bête.

- Je ne peux l'affirmer mais occupons-nous d'abord de cette jeune fille. Je crois que l'état de Melle Goyle nécessite des soins rapides.

Ils s'approchèrent tous deux de la jeune fille. De plus en plus pâle, celle-ci s'appuyait contre le mur qui la maintenait debout tout en lançant encore ses gros bras dans tous les sens la vigueur en moins. Drago fit apparaitre un brancard de sa baguette et l'allongea dessus juste avant que ses jambes ne la portent plus. Elle tomba alors dans l'inconscience.

Des pas rapides leur firent tourner la tête. À l'angle du couloir, ils virent tout d'abord le bord du chapeau puis le bas de la robe avant de voir apparaitre Madame Pomfresh en entier. Comme les élèves, Hermione engagea un mouvement dans sa direction. Elle fut coupée dans son élan par Drago qui lui attrapa le bras. D'un signe du menton, il lui montra en silence le cou de Cassandra. On pouvait à présent y voir une piqûre rougir, une piqûre qui en rappelait deux autres. Ils échangèrent un regard sans rien dire. Ils pensaient tous les deux à la même chose et cela n'avait rien de réjouissant. 

La potion oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant