Chapitre n°5 : Seuls

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Lorsqu'elle se réveilla après la nuit de malheur qu'elle avait passé avec Malachai, il lui était difficile d'ouvrir les yeux, la douleur insoutenable qu'elle ressentait dans tout le corps et la tristesse permettait aux larmes de s'accumuler dans le bas de ses iris, ce qui n'arrangeait rien. Les souvenirs de la veille revenaient sans qu'elle puisse les arrêter et elle aurait voulu crier de colère, de tristesse, de haine et de désespoir mais elle en était incapable, sa gorge lui étant bien trop douloureuse à cause de son père et Malachai. Elle aurait voulu rester seule dans sa chambre jusqu'à la fin de la journée, jusqu'à la fin de ses jours, mais elle ne pouvait pas, elle devait se relever seule car personne ne l'aiderait à le faire.

La douleur dans son corps était si forte qu'il lui fallut cinq minutes pour s'assoir dans son lit et quinze pour réussir à se tenir debout. Il lui en fallut encore vingt pour réussir à aller dans la salle de bain à deux pas de sa chambre où se trouvait le placard à pharmacie. Par miracle, son père n'avait pas vidé la boîte d'antidouleurs surpuissant qui avait été prescrites à sa fille quelques semaines plus tôt après un accident dans le vestiaire des filles au lycée. Betty en prit trois sans hésiter avant de filer sous la douche pour se débarrasser des mains des horribles Ghoulies qu'elle sentait partout sur elle, débarrassant ce qui ressemblait à des litres de sang séché au passage.

Après près de deux heures sous la douche à essayer d'effacer les traces de Malachai et ses souvenirs, frottant à déclencher de nouveau saignement, pleurant en voyant le sang sortir de sa partie intime malgré ses menstruations de la semaine passé, Élisabeth avait fini par sortir de la douche. Une chance pour elle, les anti-douleurs faisaient vraiment effet et l'anesthésiait également de toute pensés comme la nuit dernière l'avait anesthésié de tout sentiment. La jolie blonde avait tenté d'utiliser le peu de maquillage qu'elle avait pour se sculpter un deuxième visage et un deuxième corps afin de cacher les traces de son dernier trauma. Elle s'était ensuite dépêchée de laver le trailer, en commençant par sa chambre, changeant ses draps et ses housses de couvertures à vitesse grand V avant de s'attaquer au reste du trailer et de préparer à manger pour son père.

Très vite vint l'heure pour Élisabeth de partir travailler. Malgré le travail incroyable qu'elle avait fait, Pop remarqua directement que quelque chose clochait chez la jeune femme et il décida donc de l'assigner à l'administration pour la journée. D'habitude, c'était Pop qui s'occupait de la paperasse, mais il laissait le travail à Betty à chaque fois qu'il voyait que le service serait trop pour elle. De toute façon Betty lui était d'une grande aide pour l'archivage et la trésorerie, ses papiers étaient bien plus organisé depuis qu'elle travaillait avec lui.

Être seule faisait du bien à Betty, c'était ce dont elle avait besoin et faire la paperasse lui permettait d'avoir l'esprit occupé afin de ne pas penser à la nuit dernière, ce qui lui faisait énormément de bien. Elle fût très reconnaissante envers son patron lorsqu'il lui avait annoncé qu'il l'avait couvert lorsque Jughead avait demandé si se trouvait au Dîner. Elle n'aurait pas été capable de l'affronter aujourd'hui, elle avait d'ailleurs fait bien attention de ne pas répondre à des messages et de décliner tous ses appels. Elle lui en voulait pour être franche, rien de tout ça ne serrait arrivé s'il n'aurait pas éprouvé ce soudain intérêt pour elle, même si au fond elle savait qu'il n'avait rien avoir avec l'accord que son père avec les Ghoulies.

Mais Jughead n'était pas quelqu'un qui abandonnait facilement, il était revenu le lendemain dans l'espoir de pouvoir reprendre leur routine mais aussi et surtout dans l'espoir de pouvoir lui parler, de pouvoir s'excuser, de pouvoir mieux la protéger. Pop l'avait informé qu'elle travaillait dans son bureau, faisant les comptes et qu'il fallait qu'il attende qu'elle ait fini sa journée s'il voulait lui parler alors il avait attendu durant des heures pour pouvoir lui parler mais lorsque l'heure de rentrer chez elle était arrivé, Betty n'avait jamais pointé le bout de son nez et quand il avait demandé à Pop où elle était, le vieillard lui avait doucement annoncé qu'elle était sorti par l'arrière du restaurant quelques minutes plus tôt. Il avait remercié Pop et avait quitté les lieux avant de vadrouiller durant plusieurs minutes dans les rues du South Side pour pouvoir la trouver en vain.

Il ne se laissa pas avoir le soir d'après, il l'attendit sur le parking après qu'elle ait fini une autre journée au milieu des papiers. Elle jura en le voyant et tenta de lui filer sous le nez, mais Jughead fût plus rapide. Il avait besoin de voir qu'elle allait bien, besoin de réponses, besoin d'être là pour elle, il s'avança donc vers elle d'un pas déterminé vers elle qui semblait ne pas du tout avoir envie de le voir. À vrai dire, elle semblait légèrement déconnectée de tout.

«-Hey, sourit doucement le jeune prince des serpents.

-Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda simplement Betty.

-Je suis venu te chercher, comme d'habitude.

-Merci, mais j'ai un mauvais souvenir de ma dernière balade à moto.

-À cause de Malachai ?

-Pour ton bien, occupe-toi de ce qui te regarde.

-Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Demanda gentiment Jughead les yeux débordant d'inquiétude, Betty sentit les larmes lui monter aux yeux, baissant la tête le temps de les chasser, et, bien qu'elle n'ait sorti aucun mot de sa précieuse petite bouche, elle confirma au jeune homme ce qu'il savait déjà. Est-ce qu'il t'a touché ?

-Pourquoi t'es là ? S'énerva Betty avec les larmes aux yeux. Pourquoi cet intérêt tout à coup ? Tu ne m'as jamais adressé un mot ou un regard durant nos seize ans d'existence et soudainement tu ne peux plus te passer de moi ? Putain ton père me déteste ! Tu as tout à perdre à venir me parler sauf si c'est pour tenir ta réputation de gros baiseur ! Alors dis-moi, je suis quoi ? Une meuf de plus à baiser ? Un passe-temps pour rendre une de tes petites putes jalouse ? Ton petit jouet personnel ? Un pari ? S'exclama la jeune femme en laissant les larmes couler de ses joues, à bout de nerfs. Jughead ne répondit pas, mais elle comprit qu'elle avait tapé dans le mille et elle sentit son cœur se briser. Elle avait été stupide de croire que l'homme qui le plaisait secrètement depuis toujours s'intéresserait à elle, elle ne serait jamais assez bien pour ça. C'est ça, je suis un putain de pari. Qu'est-ce que je m'imaginais ? Personne ne veut de la pauvre petite Betty Cooper, mais tout le monde veut la voler sa virginité pour gagner un défi ! Et bien, désolé de vous décevoir, toi et tout les autres mais c'est déjà fait. Betty Cooper n'est pas une vierge ! Mais quelle pute je fais ! Tu peux me laisser tranquille maintenant.

-Betty... Tenta Jughead, la retenant par le bras alors qu'elle lui tournait le dos dans le but de lui parler. Il voulait s'excuser, lui dire qu'il était désolé, qu'il avait été stupide, mais que ce qu'il ressentait était réel et que tout ce qu'elle avait dit était faux mais elle le vit autrement.

-Non ! Sanglota la jeune femme en se défaisant de son emprise avant de se reprendre. Laisse-moi tranquille ! »

La jolie blonde quitta les lieux en laissant ses larmes ruiner son maquillage alors que cette envie de hurler qu'elle avait depuis des années ne fit que se renforcer un peu plus. Jughead venait de briser la seule chose que son père et les Ghoulies n'avaient pas réussi à détruire, son cœur. Elle avait été stupide de croire que quelqu'un lui tendait la main, elle avait toujours été seule et ça n'était pas près de changer. Une fois de plus, la vie lui avait prouvé qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même.

En la regardant partir, alors qu'il sentit une atroce douleur remplir sa poitrine, Jughead eu l'impression d'être encore plus seul qu'il ne l'avait été auparavant. Il avait souvent ressenti cette sensation tordante, mais jamais elle n'avait été aussi intense avant aujourd'hui. La voir s'éloigner de lui, au sens propre comme figuré lui était atrocement douloureux car il savait qu'elle était la bonne et que jamais il ne retrouvait un ange comme elle, quelqu'un d'aussi génial et tout était de sa faute, il se haïssait sans doute autant qu'elle le détestait à ce moment précis si ce n'est plus et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Le pire restait qu'il n'y avait rien qu'il puisse faire pour se rattraper, pour réparer les pots cassés et arranger les choses.

Il est trop tard.

Poor GirlWhere stories live. Discover now