𝐈𝐈. 𝐋𝐞 𝐓𝐫𝐚𝐮𝐦𝐚𝐭𝐢𝐬𝐦𝐞

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PDV: ?

Qu'y-a-t-il de plus irritant que de rentrer chez-soi le ventre vide ? Probablement rien. Le jeune que j'avais rencontré au terrain de basket dégageait une si bonne odeur de sang. Il aurait sûrement été le meilleur repas que je n'ai jamais mangé depuis que je suis un vampire. Cela avait été si frustrant de le laisser partir et de le voir s'éloigner petit à petit.

J'ouvre la porte de la maison et ne perds pas une seconde pour retirer mes baskets. Quand je rentre, je maudis intérieurement mes colocataires d'avoir emménagé dans un coin paumé de la forêt.

Ils prennent des précautions, et se sont installés loin de la population humaine, mais après quarante-cinq minutes de marche dès que je pars faire un tour en ville, je ne peux que leur en vouloir. Par leur faute, je sens constamment des ampoules apparaître sur mes pieds. Heureusement, notre don de guérison me permet de les faire disparaître aussitôt.

De l'extérieur, le domicile paraissait vieillot et par conséquent semblait appartenir à des personnes âgées. Pourtant à l'intérieur c'était complètement différent. Les pièces ressemblaient typiquement à celles d'étudiants.

Dans la pièce principale se trouvaient mes cinq colocataires. Le plus âgé Heeseung, l'américain Jay, l'australien Jake, mon meilleur ami Sunoo et le chef d'Enhypen Jungwon.

-Niki ! appela Jake heureux de me voir. Tu es rentré !

-Ta première fois à chasser en solo c'est bien passé ? demanda Jungwon

-Mouais... j'étais à deux doigts de tuer ma proie mais au dernier moment des jeunes sont arrivés.

Certains d'entre-eux me dévisagent déçu, tandis que les autres arborent un air plus sévère.

Avant de recevoir des commentaires désobligeants de mes compagnons, je m'échappe dans ma chambre et plaque mon dos contre la porte.

Cela fait maintenant quatre mois que je suis devenu vampire pourtant je ne suis toujours pas parvenu à tuer quelqu'un. Les membres du groupe disent que je suis trop faible à cause de mon traumatisme et ce soir je voulais leur prouver le contraire, montrer que j'étais capable d'y arriver seul sans leur aide. En réalité, si je n'avais pas fait le malin ce soir à jouer au basket avec ma proie, je l'aurais tué. Enfin, je crois. J'ai hésité. Mais j'aurais pu. Ou non.

Je m'allonge confortablement dans mon lit le ventre vide et après quelques minutes, les paupières lourdes et succombant à la fatigue, je m'endors.

Lorsque j'ouvre de nouveau les yeux, un frisson électrique me parcours le corps. Il fait sombre et extrêmement froid. Mon dos me fait mal et je ne reconnais pas ma chambre. Ce n'est pas là que je me trouve. Je reste calme malgré toutes les questions que je me pose en ce moment. Je me trouve dans une petite ruelle avec comme seule source de lumière les faibles rayons de la pleine lune.

C'est étrange mais cet endroit me paraît familier.

Je me lève difficilement en étirant mon dos pour soulager la douleur. Un lampadaire à plusieurs mètres de moi s'allume ce qui me fait sursauter. La rue maintenant mieux éclairée, je parviens à distinguer les différents bâtiments qui m'entourent.

-Oh non c'est pas vrai, m'exclamé-je, pas encore ce foutu cauchemar !

Je suis d'une part soulagé d'être simplement en train de rêver mais d'une autre part apeuré par ce qui allait suivre. Ce rêve, je le fais chaque soir et la fin, je la connais par cœur.

Sachant que je ne peux y échapper, je me dirige vers le lampadaire. Une larme coule délicatement sur ma joue. Je ne veux pas revivre ça.

Plus qu'une dizaine de mètres. Des bruits de pas se rapprochent de moi. Pris de panique je m'arrête brusquement et me retourne. Il n'y a personne derrière moi, mais je le sais. Même si ça n'a duré qu'une milliseconde, je suis sûr d'avoir vu une ombre se cacher derrière le banc en pierre. C'est ce que je vois à chaque fois.

Je me remets en marche vers le lampadaire mais cette fois-ci j'accélère. Les pas recommencent eux aussi. Une seconde larme coule le long de ma joue. Plus que quelques centimètres.

Une fois au pied du piquet de lumière, je n'entends plus aucun bruit. Je me retourne dans tous les sens, guettant le moindre mouvement près de moi. Je me retient de pleurer en me mordant la lèvre inférieure. Je sens son regard posé sur moi.

Soudain, un homme bien plus grand que moi surgit de nulle part. L'action se déroula beaucoup trop vite. Je n'ai pas eut le temps de réagir et impuissant je dû me laisser faire. L'inconnu face à moi me montre ses canines assoiffés. Et comme si que je ne suis qu'un vulgaire morceau de viande, l'homme attrape brusquement d'une main ma tête, de l'autre mon épaule et insère ses dents pointues dans mon cou. La sensation de mon sang qui se vide au fur et à mesure est tellement désagréable et douloureuse.

Lorsqu'un coup de feu retentit, l'emprise que l'homme exerçait sur moi faiblit et je pu en profite pour m'en défaire. Je n'arrive plus à respirer tant je pleure. J'ai la tête qui tourne. Je n'ai plus aucune force. Mes muscles lâches. Je ne pourrai pas tenir longtemps. Je ferme les yeux et me laisse tomber à terre.

Je me réveille en sursaut et me redresse. Je respire difficilement et transpire. Les gouttes de sueurs froides se mélangent aux larmes qui ont coulé sur mes joues.

Deux mains se posent délicatement sur mes épaules. En regardant autour de moi, je prends conscience que toute la bande se trouve au chevet de mon lit.

Sunoo retire ses mains et me tend un verre d'eau frais que je prends volontiers. C'est Jungwon qui brisa le silence de mort.

-Jamais tu ne seras un vampire respecté si tu ne surmonte pas ton traumatisme. La seule raison pour laquelle tu t'amuses avec tes proies avant de les tuer c'est pour reculer au maximum le moment où tu devras leur faire subir ce que tu as vécu.

𝕯𝖊𝖑𝖎𝖈𝖎𝖔𝖚𝖘 𝕭𝖑𝖔𝖔𝖉 { 𝖍𝖔𝖔𝖓𝖐𝖎 }Where stories live. Discover now