La Vérité

Fin de l'innocence

Liam s'observait dans le miroir. Sa tenue affichait un « je suis cool et détendu », qui était tout à fait l'effet recherché. L'inverse des émotions qui se bousculaient à l'intérieur de lui. Il savait qu'il ne devrait pas être aussi tendu. Il n'avait même pas de réelles raisons de l'être. Theo avait conscience d'être important pour le bêta, tout comme lui l'était pour la chimère. Ils étaient l'ancrage l'un de l'autre depuis leur rencontre et leur relation avait toujours mêlait amitié et amour. C'est d'ailleurs ce qui la rendait spéciale aux yeux de Liam. Theo était à la fois son meilleur ami et l'homme qu'il aimait.

Ils n'avaient jamais eu besoin de parler de leurs sentiments respectifs, car ils étaient évidents pour l'un comme pour l'autre. La seule raison pour laquelle il ne formait pas officiellement un couple, c'était par choix. Le lien entre eux était important et d'une certaine façon ils avaient pris leur temps. Ils devaient être certains de vouloir d'une véritable relation, d'être suffisamment mûrs pour s'engager sur le long terme.

Ils ne s'étaient mis aucune pression, mais ces derniers temps Liam se satisfaisait de moins en moins de la situation. Il ne supportait plus d'être près de Theo sans être avec lui et il avait envie de passer à l'étape suivante. Tout ce qu'il espérait c'est que Theo en soit au même point que lui.

Il se décida enfin à quitter des yeux son reflet. Il récupéra ses affaires dans sa chambre avant de descendre les escaliers. Theo n'allait pas tarder à arriver. A cette idée, la panique monta d'un cran. Liam aurait juré qu'un tel niveau d'anxiété était extrêmement proche de la peur. Il tenta alors de se raisonner. Il se rassura en se répétant que la chimère connaissait déjà ses sentiments envers lui et que dans le pire des cas, il devrait juste être encore un peu patient.

Rien n'y fit, au fur et à mesure des minutes l'angoisse en lui montait jusqu'à ce qu'il ait l'impression de manquer d'air. Il comprit ce phénomène. Une crise de panique identique à celle que Stiles faisait souvent.

Le cœur de Liam rata un battement en réalisant ce qui venait de se produire. Stiles, il se souvenait de lui. Derek avait donc raison, cet homme existait bel et bien.

Retrouver ses souvenirs n'avait rien de commun avec la sensation que l'on disait éprouvé au moment de sa mort. Sa vie ne défilait pas devant ses yeux. Il ne revivait pas les événements. C'était bien plus étrange que cela, comme intercaler de nouvelles informations au milieu d'autres, plus anciennes. Liam ne s'était rendu compte de rien, mais son mal être était dû à cela. Lentement, son esprit intégrait la vérité et reconstruisait son existence. Petit à petit, tout ce qu'il tenait pour acquis disparaissait et avant qu'il en ait réellement prit conscience, son corps avait tout de suite commençait à lutter contre.

Liam ne sut jamais combien de temps avait duré cette espèce d'état second, proche de l'hypnose, mais quand toutes les pièces de sa mémoire finirent de se mettre en place, un frisson glacé le parcourut. Au même instant, il sentit la présence de la chimère derrière la porte. Jusque là, il n'avait plus vraiment eu conscience de ce qui l'entourait. Il reprit ses esprits et sortit de chez lui aussi vite qu'il le put. Malheureusement, c'était déjà trop tard. Theo s'était enfui.

Liam ouvrit les yeux dans une obscurité complète. Sa respiration était irrégulière et pour se calmer il passa sa main près de lui cherchant son compagnon. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler qu'il n'était pas dans son lit et que Theo n'était pas avec lui.Depuis deux ans, il n'avait plus dormi seul et chacune des crises d'angoisses déclenchées par ses cauchemars, c'est dans les bras de son partenaire qu'il les avait étouffées. La panique qu'il ressentit à ce moment-là fut heureusement très vite interrompue par des voix. Liam tendit l'oreille, cherchant à savoir de qui elles venaient.

— Lydia ! Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure-ci ?
— J'ai eu envie d'attendre pour vous voir. Je voulais être certaine que vous arriviez sain et sauf.
— Je comprends.

C'était Scott, Liam l'avait identifié. L'entendre lui fit d'ailleurs un effet étrange. Comme si le loup en lui reconnaissait son alpha et désirait plus que tout éprouver à nouveau ce sentiment d'appartenance à la meute.

Se sentant épuisé et par conséquent incapable de contenir ses émotions, il préféra rester allongé dans son lit. Il continua cependant à écouter, cherchant à s'imaginer une scène qu'il ne pouvait voir. N'entendant plus rien à part des bruits de tissus que l'on froisse, il en déduit que Scott avait surement pris Lydia dans ses bras pour la réconforter.

Liam avait conscience que la mort d'Enzo était une épreuve pour tout le monde. Il n'y était lui-même pas insensible, mais il était là pour Bonnie, uniquement pour elle. Il n'avait jamais rencontré son partenaire. La sorcière et le bêta avaient estimé qu'il était plus prudent qu'elle soit la seule de leur ancienne vie à faire partie de la nouvelle. Aux yeux de Theo, Bonnie était une amie d'enfance de Liam, qu'il avait dû quitter après son déménagement et son changement de lycée. Ils s'étaient perdus de vue et retrouvés par le plus grand des hasards sur les réseaux sociaux. N'habitant pas loin l'un de l'autre ils avaient repris contact et depuis la jeune femme lui rendait visite de temps en temps.

Ne disait-on pas que les histoires les plus simples faisaient les meilleurs mensonges ?

— Il est pas là ?

La voix de Malia avait transpercé le silence qui s'était installé rendu plus pesant par l'obscurité.

— Chut ! fit Lydia. Liam est arrivé en fin de soirée. Il se repose à l'étage.

Ce dernier se concentra afin de conserver un rythme cardiaque lent et régulier, maintenant ainsi l'illusion qu'il était endormi, au cas où des oreilles indiscrètes seraient en train de l'espionner.

— Je n'étais pas sûr qu'il viendrait, admit Scott. Je pensais qu'il ne voudrait pas prendre le risque avec Theo.
— Espérons que la version vicieuse et manipulatrice de son mec ne fera pas irruption.
— Malia ! la réprimanda Lydia. Essaye s'il te plait d'avoir un peu de tact, c'est plus compliqué pour lui que ce que l'on croyait.

Elle s'interrompit un instant avant de poursuivre.

— Le mieux en fait ce serait carrément que tu t'abstiennes d'aborder le sujet avec Liam.

La conversation entre eux s'arrêta là. Quelques minutes après, le bêta entendit les portes d'autres pièces de la maison s'ouvrir et se fermer. Puis le silence se fit progressivement, le laissant  seul avec lui-même. La réplique de la coyote tournant en boucle dans sa tête.