dreaming costs money,

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Peu de choses en ce monde étaient régies par une source autre que l'argent, Koko ne le savait que trop bien.

Pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de se poser la même question encore et encore. Ses interrogations étaient risibles tant elles étaient persistantes, tant elles avaient de pouvoir sur lui, qui n'était qu'un esclave des chèques et des billets par lesquels son existence était rythmée.

S'il pouvait tout avoir, des demeures les plus luxueuses aux prostitués que tout le monde désirait, alors comment se faisait-il qu'une chose aussi commune et répandue que l'amour lui échappait? De ses mains par lesquelles il avait acquis tant de yens, fait d'elles leur maison, il ne faisait rien lorsqu'il s'agissait d'aimer.

Au creux de sa paume ne résidait que le pouvoir d'acheter, de posséder, de contrôler. La chair tiède d'autrui ne venait pas s'y reposer, n'y résidait pas comme s'il s'agissait d'un havre de paix comparable à aucun autre; un jardin d'Eden dans lequel une abondance d'affection sans égal était à trouver.

Du bout de ses doigts, il ne venait pas cueillir le miel suave de sa moitié, le porter à ses lèvres dans un besoin de se délecter de cette douceur qu'il ne pouvait trouver nulle part ailleurs. Du bout de ses doigts, il ne faisait que bouger ses pions sur l'échiquier de sa vie et agrandir son empire de jour en jour, son royaume dont les murs étaient faits d'or et d'argent.

Sa bouche n'embrassait pas, ne déposait pas sur l'épiderme d'un être cher toute l'attention qu'il avait à son égard. Sa langue ne laissait pas de trainées amoureuses sur l'armure d'un autre, ne la goûtait pas dans le but de savoir tout d'elle, jusqu'au goût qu'elle avait. À la place, elle se mouvait dans sa gueule dont découlait un poison sans pareil, des ordres dont le but n'était que de le rendre plus puissant, plus solaire, plus vaniteux.

Et de ses prunelles onyx il ne regardait que le monde bouger à ses pieds, tandis qu'il tirait sur ses ficelles et le faisait évoluer à sa guise. Car là résidait tout l'intérêt de posséder un trésor qui n'était autre qu'une somme à faire pâlir les plus démunis: avoir le contrôle.

Un univers à sa merci, le respect des plus grands et une place au sommet assurée dans un milieu aussi dangereux que celui de la délinquance, voilà ce que les talents de trésorier d'Hajime lui offraient. Il avait au creux de ses mains abîmées par la violence d'une vie un tout, sculpté dans les bois les plus coûteux et les plus fragiles. Bâtie dans un marbre aussi froid qu'intemporel, l'infinité matérielle qui s'offrait à lui était son précieux-lui pour lequel il avait sacrifié tant de choses.

Mais à quoi servait cette capacité à assouvir tous ses désirs et besoins physiques si elle ne lui permettait pas d'aimer, et surtout d'être aimé en retour? Dans cette liste interminable de choses qui étaient à sa portée grâce à sa fortune, dans ce trop plein de tout, il demeurait un vide qu'il se plaisait à nier. Son existence le désarmait, il ne parvenait pas à saisir sa signification. Il était la preuve que n'avoir rien tout en ayant tout était possible, et que peu importait à quel point il essayait de rétablir la balance et de redonner à sa vie un semblant d'équilibre, le fossé entre ce qui lui était nécessaire et lui-même ne faisait que s'élargir.

Il ne demandait rien d'autre que la chaleur d'un corps à adorer, l'étendue d'un intellect qui le fascinerait et le pousserait à voir plus loin qu'il n'avait jamais vu. Récente était la prise de conscience comme quoi l'argent ne pouvait pas tout lui procurer. Mais maintenant qu'il savait cela, que l'idée qu'il devait faire autrement afin de combler ce néant qui avait fait de lui son foyer résonnait en lui encore et encore, il était perdu. Désarmé face à une thématique qu'il n'avait pas pris la peine d'explorer depuis des lustres maintenant, il ne s'en sortait pas. Il avait beau tenter de sonder ses profondeurs autant qu'il le pouvait, l'amour ne venait pas toquer à sa porte, ni la veille, ni aujourd'hui, ni jamais.

𝐃𝐘𝐈𝐍𝐆 𝐅𝐎𝐑 𝐓𝐇𝐄 𝐊𝐍𝐈𝐅𝐄. | hajime kokonoiWhere stories live. Discover now