Who Is He?

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— Je mise sur un tueur à gages ! Tu as eu de la chance, en fait.

— Ne sois pas stupide, Kay.

— Tu étais sa cible désignée, mais cette nuit, tellement merveilleuse et sur laquelle j'aimerais vraiment entendre davantage de détails, l'a fait changer d'avis !

Carah lève les yeux au ciel puis boit une gorgée du thé préparé par sa sœur à son arrivée. Entretemps, elle a appelé Allan pour le rassurer et lui apprendre qu'une de ses collègues l'a gentiment hébergée à cause de ses problèmes de transport. Soulagé, son colocataire l'a interrogée sur son programme de la journée puis a raccroché, offrant l'occasion à l'infirmière de faire part de ses découvertes à une Kaylah un peu trop enthousiaste.

— Ou alors... c'est un recruteur. Il vient de te faire passer un genre d'audition pour te proposer ensuite de travailler à sa solde dans une jolie maison d'hôtes, où tu devras porter des vêtements de soubrette !

— Toi et ton esprit tordu ! Tu ne penses vraiment qu'à ça, ma parole.

— Ma théorie, répond Kaylah d'un air faussement sérieux, c'est que face à ma sœur trop innocente, nos parents ont cru bon de faire pencher la grivoiserie de mon côté. Tu n'aimes pas mes idées ?

— Vraiment pas. C'est du n'importe quoi. S'il s'agit d'un assassin, pour quelle raison suis-je une cible ? J'ai eu tellement peur sur le moment que j'ai filé en vitesse sans prendre le temps de chercher à en savoir plus. J'aurais peut-être dû.

— Alors, retournes-y.

— Plus facile à dire qu'à faire.

— Pas forcément, il faudrait juste que tu reconsidères le fait de ne plus le voir en dehors du boulot, argumente Kaylah.

Carah préfère garder le silence et boire quelques gorgées de thé, songeuse. De nombreux scénarios traversent son esprit, tous plus abracadabrants les uns que les autres. Tout ceci n'a aucun sens. C'est à peine réel pour elle qui mène une vie tout à fait normale. Les seules armes qu'elle a pu voir, jusqu'à présent, c'était à la télévision ou au cinéma.

— En tout cas, ça n'explique pas pourquoi il t'a approchée, reprend sa sœur.

— Je ne suis pas sûre de vouloir le savoir.

— Le coup de foudre est mon hypothèse préférée !

— J'en doute, soupire Carah en vidant sa tasse de thé.

— Après, je peux repartir sur des théories bien plus intéressantes, concernant des prouesses qui ne sont pas liées à tes qualifications médicales.

— Je devrais alerter la police, murmure pensivement la jeune femme.

— Ah, ça peut être intéressant à écouter comme version des faits.

— Du genre : « Monsieur l'agent, j'ai potentiellement couché avec James Bond ou le vilain du film » ?

Kaylah s'esclaffe, plus amusée par la situation qu'inquiète. Entre les deux sœurs, c'est celle qui garde toujours son calme et possède un flegme sans faille. Carpe diem est le leitmotiv de la cadette. Tout le contraire de Carah, en réalité.

— Il n'y a pas de quoi en faire toute une histoire. On croise toutes un jour ou l'autre un mec un peu louche dont on parlera encore des années plus tard. Pour certaines, c'est un fétichiste des pieds, pour d'autres, c'est docteur Sexy.

Comme toujours, Kaylah tente de dédramatiser la situation à sa manière, d'arracher un sourire à son aînée, de l'empêcher de s'enliser dans des réflexions trop profondes et, la plupart du temps, inutiles. À la suite de son petit discours, Carah hoche la tête et décide de s'offrir la nuit pour réfléchir à cette solution. Tout dépendra de sa prochaine rencontre avec son amant.

Elle prend ensuite congé avant de se diriger vers l'hôpital. Son service ne commence pas avant une bonne heure, mais elle souhaite s'y rendre à pied. Prendre l'air ne lui fera sûrement aucun mal. De plus, cela l'aidera à s'éclaircir les idées.

Sans compter que se retrouver face au docteur Taylor ne la réjouit pas tant que ça. Elle pourrait se faire porter malade, mais elle est trop fière et refuse de fuir cet homme, qu'importe son identité.

Perdue dans ses réflexions, la jeune femme ne remarque pas cette voiture aux vitres teintées qui la suit depuis son départ de l'appartement de Kaylah. Deux imposants individus aux costumes sombres en sortent lorsqu'elle s'engage dans une rue moins fréquentée, un de ses raccourcis habituels.

Ils l'attirent avec brusquerie à l'intérieur du véhicule. L'un d'eux s'empare de son coude tandis que l'autre place une main devant sa bouche afin d'étouffer ses protestations. La berline démarre en trombe et s'engouffre dans la circulation dense du prochain embranchement.

— Mademoiselle Evans ? Carah Evans ?

— Vous n'avez pas le droit de faire ça ! Qu'est-ce que vous me voulez ?

— Quelques informations. Connaissez-vous cet homme ? continue son ravisseur en lui tendant un portrait du docteur Sean Taylor.

Toute cette histoire devient de plus en plus étrange. Carah serre les dents, aussi angoissée qu'en colère, mais hésite pourtant à répondre. Il semble de plus en plus clair que son amant n'est pas un médecin comme les autres et qu'il n'attire pas que les regards du personnel féminin de la clinique. Merde ! Depuis qu'elle a cédé à cet homme, elle enchaîne les emmerdes !

— Qui êtes-vous ?

— Nous posons les questions, pas vous.

— Je n'ai rien à vous dire, laissez-moi sortir ! tente Carah malgré la peur qui lui tord le ventre.

Irrité par cette femme récalcitrante, Donovan perd patience. Il lui assène un coup à l'estomac assez puissant pour lui couper le souffle et la faire s'évanouir. Ainsi, ils auront largement le temps de la ramener dans l'une de leur retraite.

Ellelui répondra. Elle n'a pas le choix. Jamais ils n'ont été aussi proches de leurobjectif qu'en cet instant. Plus rien ne les arrêtera, et sûrement pas uneinfirmière trop bornée pour son propre bien. Malheureusement pour elle, ilssont prêts à tout. 

Carah Evans, le tome 1 : celui où tout part en c*** [édité]Where stories live. Discover now