Le Lycée des milles et une surprise... [Tome 1]

Chapitre 3 [3/3]

  Marcher à contre-sens de la masse d'élève n'aurait pas été une tâche facile pour moi. J'aurai sans doute me cacher dans le recoin d'un mur ou faire un détour s'il n'y avait pas eu Sharnalk avec moi.J Le voyant, les élèves avaient naturellement tendance à s'en éloigner. Le cercle était bien moins grand qu'hier lors de la « visite guidée ». Les élèves le regardaient tous, certains – garçons et filles confondus – avaient tendance à le regarder d'un air languissant presque au défi, d'autres étaient craintifs et enfin certains étaient jaloux. Les expressions de leur visage étaient toutes variées et je m'en expliquais bien les raisons, autant que je m'expliquais l'attention tantôt hostile tantôt inquiète des regards qui se posaient ensuite sur moi comme par ricochets.

Ce fut donc presque soulagé qu'on arriva finalement à la cantine.

« Je ne sais pas comment tu fais pour être à l'aise au milieu de tant d'attention...
— Je ne sais pas. » Rigola-t-il en me tapotant le dos amicalement. « Les regards ne comptent pas vraiment pour moi en réalité... Peut-être parce que je suis plus effrayant qu'eux ?
— Comment pourrais-tu être plus effrayant qu'une armée prête à te voler ta virginité au moindre clin d'œil de ta part ?
— Tu es drôle quand tu te détends. Et ne t'inquiète pas pour ma 'virginité', je suis capable de me défendre. » Me répondit Sharnalk avant de regarder autour de lui l'ensemble des rangées de tables et de chaises, toutes vides de présence humaine depuis plusieurs heures. Preuve en était du silence qui régnait dans les environs contrairement au précédent couloir. Le produit répandait une agréable odeur de fleur dans les environs. Les cuisiniers avaient dû quitter la zone une fois le ménage terminé et ne reviendraient certainement plus. La zone était à notre entière disposition. Me tournant vers le blondinet, je lui montrais l'ensemble des places libres de mes bras.
« Installe-toi où tu veux. Je vais nous préparer deux boissons avec ce qu'il y a.
— D'accord, je t'attends là. » Fit-il en tirant une chaise au hasard avant de s'y installer.

Quelques minutes plus tard, je reviens et installe deux milk-shakes entre nous. Comme je ne connaissais pas les préférences alimentaires du blond, j'ai préféré réaliser deux grands classiques comme peuvent l'être la vanille chocolat et le parfum au café. Choisissant sans aucune hésitation la boisson au café, le blond commença à la siroter sans attendre ma permission. Après tout, si je les avais amenés s'était bien pour les consommer.

« Dis-moi, il me semble que les cuisines sont fermées lorsque les cuistots partent alors... Comment es-tu entrée dedans ?
— Une information pour une information. » Lui demandais-je après un instant d'hésitation.

Comme il me l'avait dit, notre relation s'était détendu depuis que l'accord entre Kuroro et moi avait été passé. Le jeune Ryuseih se comportait bien, amicalement, et faisait de son mieux pour me mettre à l'aise, que je sois moins craintive avec eux. Étrangement, je lui en étais assez reconnaissante mais une autre partie de moi, plus pragmatique, voulais savoir jusqu'où cela pouvait aller. Pas bien loin, vis-je avec surprise, lorsque le blond figea quelque peu son regard avant de sourire un peu plus doucement, très certainement amusé. Il me répondit après quelques minutes de réflexion.

« J'écouterai ta question, et on verra ensuite si j'y réponds.
— Super ! » M'enjouais-je de voir que l'on pouvait doucement commencer à coopérer l'un avec l'autre. « Qui m'a ramené dans votre QG ? Je veux dire, la brune à lunette me semble bien musclée, mais elle n'avait pas changé de tenue plus tôt. » Questionnais-je en faisant attention à ne pas prononcer le nom de la concernée, puisque je n'étais pas encore censée le connaître.
« Je n'ai pas d'intérêt à répondre à cette question... Tu en as déjà fait l'analyse toi-même et tu es une fille plutôt maligne de ce que j'ai vu. Tu connais déjà la réponse, n'est-ce pas ? » Commença le blond en me souriant de manière confiante avant de reprendre. « C'est celui que tu appelles notre chef qui t'a porté jusqu'à notre repère avant d'aller se changer.
— Hein ? Attends, mais il m'a regardé comme s'il allait me tuer sur place à mon réveil. Je l'imagine mal me porter comme une princesse avant de m'installer délicatement sur l'un des divans.
— Pourtant c'est ce qu'il a fait à quelques détails prêts. Il était déjà couvert de vomi par ta faute et tu lui es tombé dans les bras en perdant conscience. Ses vêtements déjà fichus ne pouvaient pas l'être plus alors tant qu'à faire, il pouvait très bien te porter d'un bout à l'autre du lycée pendant que tu dormais confortablement de ton côté. Ce n'est pas grand-chose au final. Aussi, il n'est pas vraiment du genre à refiler le travail ingrat au autre. J'espère que ton opinion de lui évoluera positivement à l'avenir. Il n'a encore rien fait à ton encontre qui puisse le justifier ; ce serait tout le contraire même.
— Peut-être, mais je suis encore un peu perdue dans tout ça. D'ailleurs, pourquoi m'avoir laissé dormir tranquillement après ça ? » Demandais-je soudainement intriguée par ce détail. « Vous pouviez très bien me réveiller dès mon arrivée.
— Tâtât ! Ce n'est plus à ton tour de poser les questions. Comment es-tu entrée dans les cuisines ?
— J'ai crocheté la serrure. Un ami m'a appris comment faire il y a quelques mois de cela en me disant que cela pourrait mettre utile à l'avenir.
— Tu as un matériel de crochetage sur toi ?
— Évidemment, le crochetage avec les invisibles ne sont qu'un mythe.
— Est-ce que je peux le voir ?
— 'Tâtât ! Ce n'est plus à ton tour de poser les questions.' » Lui répondis-je en pinçant un sourire fier, l'index brandissant la négation et tout mon poids appuyé contre mon bord de la table. Je commençais vraiment à me sentir à l'aise avec lui. J'en regretterai presque de ne pas pouvoir lui faire confiance. « Chacun son tour monsieur ! J'ai moi aussi enco- !
— Que font deux élèves ici ? »