TRINITY - Tome 1 : Les humains viennent des étoiles. Et nous ?

[ 23 ] Motos, sortie en ville et bibliothèque

[ Institut Électre Even, Île de Logres, Ontario, Canada,
05 Avril 20**,
08H26 ]

Il est encore tôt. Les élèves mangent au self alors que moi, je suis levée depuis bien longtemps, déjà lavée, habillée et mon premier café de la journée avalé. Par une petite porte secondaire, je sors à l'arrière de la bâtisse de style gothique avec ses pierres grises multiséculaires et ses petites tourelles, qui la décorent sans que je n'en comprenne trop l'utilité. Mes yeux sont attirés une seconde par la coupole de verre au sommet de la bâtisse. Je me demande ce qu'il s'y trouve.

Cela fait maintenant quelques jours que nous sommes ici et je comprends mieux à quoi ressemble ce fameux château. Trois ailes bien distinctes forment un « U », une à l'ouest, une à l'est et la dernière au nord. Au centre des trois ailes se trouve un jardin très simple avec une grande fontaine.

Mains sur les hanches, je réfléchis au moyen le plus discret de quitter l'île. Pas que je sois prisonnière de ce château comme dans un mauvais remake de La Belle et la Bête, mais je tiens encore à mon indépendance et à mon intimité. Je n'ai tout bêtement pas envie que tous sachent ce que je fais chaque jour, à chaque heure et à chaque minute.

En regardant autour de moi, je me dis que le plus simple est de récupérer ma moto pour filer au-delà du pont qui mène au continent. Evangéline nous a donné un badge qui ouvre le large portail de fer forgé, gardé par une caméra de surveillance, qui se trouve à l'entrée de la propriété. La question qui se pose est plutôt : Où ma moto adorée a-t-elle bien pu être garée ?

Je contourne le château pour tomber sur le parking ouvert. Je sillonne en long, en large et en travers la place goudronnée marquée de blanc, mais ne trouve rien hormis quelques voitures qui doivent appartenir aux professeurs et à quelques élèves en âge de conduire. Pas de chance : ma moto ne se trouve pas ici et je ne sais pas où se trouve le parking souterrain. Le château est grand, nous n'avons pas eu le temps de tout en voir.

Je tire sur une couette attachée à l'aide de deux chouchous rouges à l'arrière de ma tête, près de ma nuque, et je fais tourner une mèche entre mes doigts, me décidant à rebrousser chemin pour faire le tour du bâtiment. Des pas se rapprochent de moi. À cinq heures. En un bond, je me retourne, poings levés, en garde. Déformation professionnelle.

― Hey ! Du calme ! Je ne vais pas t'attaquer par derrière, se défend une voix masculine.

Mes poings retombent de part et d'autre de mes hanches. Arsène lève les mains d'un air innocent. Je lui lance une petite grimace, embarrassé par mon geste défensif de tantôt que je sais exagéré.

― J'ai cru que t'allais m'envoyer une balayette ou me faire manger ton poing, plaisante-t-il en se rapprochant de moi, les mains dans les poches.
― Ne t'en fais pas, je n'assomme personne sans une bonne raison.
― C'est rassurant, note-t-il en s'arrêtant face à moi avec un large sourire. Sinon, qu'est-ce que tu fais là ?
― Je cherche désespérément ma moto...

Son sourire s'élargit et je me demande ce qu'il peut avoir en tête. Il me contourne pour passer devant moi.

― Tu me suis ? Je vais te montrer où je l'ai garé.

Je repense à notre arrivée. C'est peut-être lui qui s'est occupé de nos véhicules ? Dans ce cas, il va aussi pouvoir me montrer où se trouve notre fourgon. Je lui emboîte le pas sans me faire prier. Il me conduit cette fois-ci tout à l'arrière du château et m'ouvre une grille encastrée dans le mur à la place d'une porte. Nous descendons une petite rampe et atterrissons dans un grand parking souterrain. D'un côté, il y a deux voitures aux allures particulières, comme si elles avaient été modifiées pour être plus rapides et solides. À leur côté se trouvent des véhicules plus vintage, couverts d'une fine couche de poussière. Au fond de la pièce, je vois avec bonheur notre fourgon noir adoré qui ne semble pas avoir subi de mauvais traitements. Enfin, dans un autre coin se trouvent quelques motos, dont la mienne.