Chapitre 2

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La sonnerie marque enfin la fin de ce calvaire. À nous la récréation.

Je sors toujours la première des cours et attends patiemment mes amis devant la salle.

— On va aux distributeurs ? J'ai trop soif, moi, sort Maé qui vient de sortir suivi du reste de mes amis.

On part rejoindre Noé. Romane, Carole et Mathilde ne font pas partie de notre petit groupe, mais on les adore quand même. On fait la queue au distributeur, pile au moment où Noé sort de son cours de sciences.

— La prof nous a achevés avec un contrôle surprise, dit-il.

— Tu es de meilleure humeur ? ne put s'empêcher de lui demander Amy, encore vexée de tout à l'heure.

— Ne me chauffe pas, Amy. Tu n'as jamais eu de chagrin d'amour, peut-être ?

— Si. Plusieurs, même.

Elle et lui sont sortis ensemble en sixième, et quand j'en parle à Amy, elle me dit qu'elle ne le compte pas comme une relation, puisqu'on était petits et que ça n'a pas duré longtemps.

— Bon, alors, tu sais ce que je vis.

— En même temps, elle était bien trop vieille pour toi. Le prends pas mal, hein...

Il hausse les épaules et ignore sa réflexion. Noé a toujours aimé charmer, et moi, si j'étais sa copine, j'aurais peur qu'il ne puisse s'empêcher d'aller voir ailleurs. Je n'aurais pas confiance en lui. Une fois nos boissons sélectionnées, nous allons nous attabler à nos tables. Celles où on s'assoit toujours. Celles qui sont hautes sur pieds. On boit comme des animaux assoiffés. On a si soif, qu'on fait un bruit qui intrigue le reste des élèves faisant la queue aux distributeurs.

— Ça fait du bien de boire ! s'exprime Robin avec, à la main, sa canette de Coca-Cola.

— Oui, ça, c'est sûr, je poursuis en buvant de nouveau dans ma canette d'Oasis. Et d'ailleurs, ce n'est que le début de l'année, mais j'ai déjà fauché ma mère. Tous les jours, je lui demande de l'argent de poche pour les récréations.

Ils se mettent tous à rire, et cette ambiance me donne le plus grand des sourires.

— Pense à prendre simplement une mini bouteille d'eau en partant de chez toi, tête en l'air! ricane mon meilleur ami.

— Oui, c'est vrai, mais ça fait un poids en plus. Et mon sac n'est pas léger, avec tout ce que nous donnent les profs! je me défends.

— Oh oui, et surtout, le livre de français qui pèse lourd, dit Robin.

— Les vacances me manquent, suit Amy, en baissant les yeux sur sa canette de Sprite.

— Oui, à moi aussi, renchérit Maé, en nous regardant un par un.

— Mais on va passer des bons moments ici, au collège, et tous ensemble.

— C'est sûr, Anna, mais en décembre, je pars à Tahiti et, pour moi, décembre, c'est demain. Ça va passer très vite.

— Oui, je sais. À peine fini ma phrase, je chasse aussitôt ma vision de la vie sans Amy, parce qu'elle m'effraie.

— Ça va aller, les amis, dit Noé, qui vient seulement de lever la tête de sa canette. Il n'a pas dit un mot depuis que nous nous étions installés.

— Oui, n'oubliez pas qu'on est une équipe ! je poursuis avec enthousiasme.

La journée vient tout juste de se terminer et je rentre enfin chez moi. Cette chaleur m'a complètement épuisée et je n'ai envie que d'une chose : sauter dans ma piscine. Je sors du collège et embrasse tous mes amis, lorsque je vois ma mère garée juste devant. Mon visage s'éclaircit. Je n'aurai pas à subir une dizaine de minutes de bus dans la chaleur. Comme je n'habite pas très loin de mon collège, je prends parfois le bus, quand je n'ai pas envie de me farcir quinze minutes à pieds. Mais la plupart du temps, j'y vais à pied, en passant chercher mon cousin Tiago, de seize ans, qui prend son bus devant mon collège pour aller au lycée. C'est notre rituel. J'ouvre la portière de la voiture et embrasse ma mère.

— Je suis venue te chercher. Vu cette chaleur, tu aurais desséché dans le bus.

Je la regarde tendrement et lui souris gentiment. Que je l'aime, je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Elle est la prunelle de mes yeux.

— Merci, ma petite maman.

— Comment s'est passée ta journée, ma chérie ? me demande-t-elle, les yeux fixés sur la route.

— J'ai eu très chaud, mais on peut dire que ça a été. Amy et Noé se sont vaguement disputés à cause de la rupture de Noé avec sa copine. Mais bon, Amy n'a pas tort, elle lui a dit que l'écart d'âge n'arrangeait rien.

— Oui, c'est sûr qu'à votre âge, l'écart d'âge en fait beaucoup. Vous n'êtes que des enfants, en revanche, les terminales, eux, sont presque des adultes.

— Oui, mais ça me fait mal au cœur de le voir si triste, dis-je en soupirant, retenant ma tête à l'aide de ma main, le regard penché sur la fenêtre.

— Je me doute, ma chérie. Alors, envoie-lui un petit message, dis-lui que s'il veut se confier ou parler de tout ça, tu es là pour lui. Noé est très présent pour toi depuis que ton père est mort, et aujourd'hui, c'est à toi d'être là pour lui, tu comprends ?

Je regarde le ciel et pense fort à papa.

— Oui, je comprends. Je lui envoie un message quand je rentre à la maison. Mes sœurs sont déjà là ?

— Agathe, non, elle a des longues journées et tu sais, elle a le bac, cette année. Quant à Mila, je comptais aller faire des courses avec elle. Si tu veux venir avec nous.

— Non, je ne préfère pas, vu la chaleur. Et puis, je préfère aller dans la piscine pour me rafraîchir.

— Très bien, mais fais attention à toi.

— Promis.

On arrive à la maison et, comme prévu, maman entre dans la maison, afin de prendre Mila et Yuka pour aller faire les courses. Et moi, je ne trahis pas mon programme que j'attends depuis mon réveil ce matin. Je cours me mettre en maillot de bain et, juste avant de plonger dans cette eau qui va rafraîchir mon corps, j'envoie un message à Noé.

Moi: Je t'envoie ce message pour te dire que si tu as besoin de parler, je suis là.

Je ne suis pas très douée pour dire ce genre de choses, mais j'espère que mon message lui fera plaisir.
Je pose mon téléphone sur mon transat et plonge enfin dans l'eau. Même l'eau est chaude, mais elle me rafraîchit, lorsque je nage vers le fond. Je remonte à la surface, plaque mes cheveux dans le dos d'un geste sec de la tête. Ça me fait beaucoup de bien, je me sens beaucoup mieux. Mon téléphone reçoit une notification, je me lève et m'empare de lui.

Noé : Merci beaucoup, Anna. Oui, j'aimerais, pourquoi pas, en discuter avec toi, je sais que tu seras une bonne oreille, et ça me fera du bien.

Son message me fait sourire comme une idiote.

Moi: Ça me touche. On peut se voir demain, si tu veux, je quitte assez tôt. Tu pourrais venir chez moi, j'ai une piscine, que tu connais déjà, elle va nous rafraîchir.

Noé : Ça me va, alors, on se voit demain en cours, et j'ai hâte d'être demain soir.

Le soir, plongée sous la couverture de mon lit, je ne peux m'empêcher de penser au déménagement d'Amy, et tout se remet en doute. Alors, mon sourire s'efface, ma super journée reste derrière moi, et je fais face. De toute façon, elle doit partir, elle doit partir. Comme dirait ma professeure de français, madame Rivette : « C'est le destin. » C'est ainsi, et personne ne peut rien changer. Je soupire, tourne et retourne dans mon lit, je n'arrive pas à dormir.

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⏰ Last updated: Nov 22, 2021 ⏰

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