Essai de Philosophie

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      "Montre plus tes émotions, à les bloquer comme ça, ça va t'exploser à la figure."

"Tu n'es pas humain."

"Vas mourir."

"Glaçon"

    Je les regarde, je les écoute, j'absorbe et je me souviens:

5 ans:

"A montrer tes émotions comme ça, tu vas être blessée."  "Pleurer c'est pour les faibles et ça ne sert à rien."  "Forges toi un caractère."

      Je me détourne, je relève la tête, les regarde comme qui dirait insolemment. Que puis-je dire? Leurs voix tournent et se mélangent dans ma tête, ombres d'un passé et hurlements du présent. Mon regard se perd dans les méandres des souvenirs:

7 ans:

      "-Papa, arrêtes, tu me fais peur.

-Arrête d'avoir peur alors, ça en devient pathétique.

-Mais, comment?

-Trouve seule. De toute façon tu ne sais rien faire. Tu n'arriveras jamais à rien."


Les souvenirs m'envahissent.

"HA! Tu cours pas vite." 

"T'as pas d'amis tellement t'es nulle." 

"Me touche pas, t'as sûrement des maladies puisque ton père, il est étranger."


Ces souvenirs m'ont forgés, eux et tant d'autres. Je ne suis qu'une personne sur sept milliards et un simple regroupement d'atomes dans un univers infini. Pourquoi pleurer et avoir du ressentiment alors qu'il y a tellement plus grand, plus passionnant? Je pars, je sors, toujours la tête haute, l'esprit dans les nuages. Les écouteurs dans les oreilles, je me plonge dans un livre. Une nouvelle fois, les souvenirs m'assaillent et refont surface.

8 ans:

"Retournes dans ton pays."

"C'est vrai que les chinois voient moins vu qu'ils ont les yeux bridés?"

"Ce ne sont que des enfants, ils ne comprennent pas, sèches moi ces larmes et réponds leurs."

Au parc:

"Sale chinetoque." "T'es pas chinoise? Tu viens d'Asie alors c'est pareil, vous avez les mêmes yeux."

Ce jour là, je courus, pas si loin, ni si vite, mais je m'éloignais. Je rentrais dans ce bâtiment et n'en sortis que bien plus tard. "Alors, qu'est-ce que tu cherches mon p'tit?"  "Tiens, si tu ne lis pas très bien, j'ai ce livre qui pourrait t'aller."  Et j'y revins, me perfectionnais dans la lecture, quand je découvris la fantaisie. Et ce livre, Eragon.

Pages après pages, je relis ce premier long roman qui a changé ma vie. Bientôt, trop tôt, je le finis, laissant s'échapper les restes de souvenir. Je me lève, descend les escaliers et vais m'asseoir sur le canapé, profitant de la solitude. Mais, bien trop rapidement, les souvenirs, bien plus désordonnés, jaillissent devant mes yeux:

6 ans:

      "- Maman, je veux me faire couper les cheveux.

- Pour faire quoi?

- Je veux une crête, comme les garçons!

-D'accord, mais seulement si tu met des robes, il ne faudrait pas qu'on te prenne pour un garçon."

Juste des TextesМесто, где живут истории. Откройте их для себя