Chapitre 3

173 16 2
                                    


Ce matin-là, Chifuyu n'avait pu s'empêcher de se lever dès l'aube, excité à l'idée d'aller au cinéma aujourd'hui. Il avait confirmé sa venue en postant lui même une lettre dans la boîte au lettre de ce fameux « Edward ». Cela lui évitait le frais d'un timbre ainsi le fait que son correspondant ne reçoive pas sa réponse dans les temps. Toute la matinée, il avait décidé de regarder un film avec son colocataire. S'il n'avait pas une occupation précise lors de ces prochaines heures, il allait craquer. Attendre un événement dans sa journée, sans faire rien d'autre, rends l'attente insupportable.

Kazutora s'amusait fortement regarder son ami essayer encore et encore des tenues, afin de trouver la parfaite pour le soir qui arrivait. Au sol, des cadavres de vêtements, froissés alors qu'ils venaient à peine d'être soigneusement repassés. Cette scène en était presque ridicule : Kazutora le complimentait tandis que Chifuyu se rabaissait pour n'importe quelle tenue, ne se trouvant pas à la hauteur. Pourtant, il le savait bien, l'obscurité empêcherait à son rencard de voir sa tenue, le stress prenait simplement le dessus sur la raison. Mais ce n'est qu'après avoir vidé l'intégralité de son placard, ainsi que d'avoir fait toutes les combinaisons possibles qu'il opta pour un style sobre : une chemise, entrouverte sur les premiers boutons, un pantalon en toile ainsi qu'un long manteau. Il regarda à nouveau l'heure, cette fois-ci, il était presque en retard. Il couru donc, enfila sa moto et parti en direction du cinéma, se situant à l'opposé de chez lui.

Par chance, il n'eut pas trop de retard, enfin peut-être au niveau du temps mais l'autre homme n'était pas encore arrivé. Il pénétra à l'intérieur, poussant une porte qui tenait par miracle vu son état. Devant lui, une pièce avec des sièges pourris, détruits, sales. L'ancien écran de projection était tagué. Un magnifique graffiti vert le ornait. L'absence total de lumière rendait le tout terrifiant, d'autant plus lorsque Chifuyu senti une main sur son épaule. Il fit un bond énorme, son cœur tambourinait dans ses oreilles. Il avait oublié qu'il n'était pas là tout seul et qu'il attendait quelqu'un. Il se retourna donc, distinguant cette silhouette qui l'avait tant hanté ces derniers temps. Le plus petit entama donc la discussion, cherchant donc ce qu'ils pouvaient faire dans un tel lieu.

« À ton avis bêta ? On va regarder un film ! Dit son interlocuteur en montrant fièrement dans ces bras du matériel de projection.

- Mmh, ça me va », répondit Chifuyu sans poser plus de questions sur le film qu'ils allaient à tout deux voir.,

Les deux mirent donc le matériel en place afin de lancer le film. Ce dernier s'avérait être un film d'horreur car d'après le plus grand « le contexte s'y portait bien ». Chifuyu devait s'avouer qu'il ne suivait pas trop, occupé à regarder l'objet de sa convoitise et de ses désirs. Lorsque leurs deux regards se croisaient, aucun ne lâchait avant deux minutes au minimum, créant une nouvelle fois cette tension palpable dans l'air. Chose sûr étant que les deux n'allaient pas finir ce film sans se sauter dessus. Le blond avait sa main sur la peau de l'homme à ses côtés, dessinant des petits cercles sur son avant-bras. L'autre avait son bras autour de la taille du plus petit, resserrant parfois son étreinte quand il avait envie.

Un son un peu fort pour les oreilles de Chifuyu lui avait fait relever sa tête, suite à quoi le noiraud lui avait susurré dans l'oreille « Ne t'en fais pas, ça ne doit être qu'un animal », ajoutant à ses dires un bisou sur le front. Cet aspect de gentillesse avait réveillé Chifuyu, ne s'y attendant pas. Il décida donc de suivre ses pulsions et de poser ses lèvres contre celles de son compagnon. Ainsi avait donc démarré un festival de baisers en tous genre, de caresses et autre actes bien plus intimes, au beau milieu de ce cinéma. À l'issue de quoi, le plus grand lui avait demandé de devenir son sexfriend, chose à laquelle l'autre avait accepté. Il fallait bien en faire quelque chose de cette relation.

La semaine suivi, Chifuyu avait réussi son entretien d'embauche dans le bar. Ses soirs étant bien prit, il était difficile de voir « Edward ». Il n'avait ni le temps de continuer à lui écrire des lettres, ni le temps de le voir. Dans la semaine écoulée, il avait du le voir que trois fois en plus. Ces fois-là, comparé aux deux dernières fois, Chifuyu se dirigeait directement chez son partenaire de nuit et bien souvent, l'autre lui ouvrait, le sourire au lèvres. Et ainsi, les deux passèrent une bonne partie leur nuit ensemble. Lorsque c'était le cas, Chifuyu n'avait que trois petites heures de sommeil avant de reprendre ses cours le lendemain. Heureusement pour lui, il était habitué aux petites nuits de ce genre. Entre temps, il avait revu son ami Takemichi, profitant des rares moments où il était seul. Ils riaient tellement ensemble, presque comme si ces neufs années d'absences n'avaient jamais eu lieu. N'osant pas encore inviter des gens dans son appart commun avec Kazutora, les deux n'avaient pas pu se voir autrement que chez Takemichi ou dehors. Kazutora lui avait pourtant de faire comme bon lui semblait mais le plus jeune voulait pas déranger le calme. Les deux garçons avaient donc fait le compromis de parler tout le temps par message, les messages défilaient mais ne s'arrêtaient jamais. Dès que l'un des deux recevait une notification, peut importe le contexte de la situation, il répondait. Chifuyu lui livrait tout, ce qui se passait en cours, ce qu'il voyait au bar lorsqu'il travaillait, les choses qui se passaient avec « Ed » et même les choses les plus insignifiantes de sa vie. Il le savait, son interlocuteur n'allait jamais le juger, peut importe ses actions. Il était d'une vraie aide lorsqu'il e trouvait dans le plus grand des pétrins. L'inverse était valable également. Il lui avait donc exprimé son soucis de ne pas s'être fait encore un grand nombre d'ami dans cette ville. Hormis Kazutora, il n'avait que son plan Q régulier, sinon rien, le vide. Il s'entendait bien avec ses collègues, ses camarades de classe, mais il ne pouvait en appeler malheureusement aucun comme un « ami ». Et, pour contrer se problème, Takemichi l'avait invité à un rassemblement qu'il avait avec ses amis au senctuaire mercredi qui arrivait. Lui-même ne savait pas pourquoi mais Chifuyu avait accepté, n'ayant rien de prévu à cette date là.

Lorsqu'il avait reçu cette demande de sortie, Chifuyu se situait devant son appartement, prêt à y rentrer, après être allé à la boîte au lettres. Il attendait cette réponse, il avait envoyé une lettre il y avait de cela deux jours et, enfin, il avait une réponse. Elle était là, en plein milieu de la petite boite métallique. Dessus, une écriture manuscrite qu'il connaissait par dessus mille. Un peu hasardeuse, ne suivant pas des lignes parallèles fictive, multiples rayures. Il courut donc jusqu'à sa chambre afin de dévorer ces lignes de textes.

« Cher Alex,

Je fus bien heureux de recevoir ta réponse. Alors comme ça tu bosses au bar « Le Celtique », intéressant j'ai une pote qui bosse là-bas aussi. Je sais où te croiser du coup...

Bref, je voulais te demander de nous rejoindre, moi et mes potes à une petite soirée qu'on se fait entre nous. Certes, il y aura plus de lumière qu'à notre habitude mais comme on sera pas mal, il sera bien difficile de se reconnaître dans toute cette foule. Amène tes potes si t'as peur d'être tout seul, peut importe, les gens avec qui je traîne son assez comment dire... ouverts d'esprit ? Bref c'est au sanctuaire mercredi à 20 heures.

Je dois t'avouer que cette fois je n'ai pas grand-chose à dire hélas, le fait de trop souvent se voir ne me donne pas le temps d'avoir des anecdotes croustillantes à te donner.

En espérant que tu viennes,

Ed. »

Il le savait, la coïncidence était bien trop grosse : ses deux amis se connaissaient forcément. Il était dans la merde jusqu'au cou. Il ne pouvait pas refuser à son ami sa venue et serait donc bien obligé de voir son correspondant. Il ne savait comment réagir, et pourtant mercredi n'était autre que le lendemain.

Une relation épistolaireWhere stories live. Discover now