Chapitre 5

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Quelques jours puis semaines passent à faire ce stratagème, mais aucune nouvelle des gendarmes, à croire que ce n'est pas leur priorité.
Bien sûr, ils ne relâchent pas leurs vigilances et bientôt, Marc devient un élément de soutien et d'aide pour Marinette.

Un jour, alors qu'elle sert tranquillement ses clientes, elle entend deux d'entre elles parlaient ensemble.

- Je t'assure, des papiers trafiqués !
- Mais pourquoi les gens iraient falsifier leurs papiers ?
- Je ne sais pas, pour traverser les frontières peut-être ? Beaucoup quittent les villages et la ville, alors, pourquoi pas ?
- Ça se tient... Mais comment ils font ?
- Oh, ça, je ne sais pas, il paraît qu'il faut connaître les bonnes personnes, tout ça est très discret

Marinette se dit a elle-même que pour être discret, il ne faut pas en parler dans une boulangerie populaire...
Avec le sourire, les deux femmes sont servies et les informations restent bien dans la tête de la miss...

Du soir même, elle se rend au fond de sa remise libérer Nathaniel de sa montagne de farine et l'emmène dans son lieu de vie, au-dessus de la boulangerie, Marc les attendant déjà.

Après quelques embrassades et retrouvailles pleines de tendresse, Marc prépare le repas pendant que Marinette leur raconte les nouvelles du jour.

- Des faux papiers ?
- C'est ce qu'elles ont dit. Il y a des gens qui font des faux papiers pour passer les frontières et partir d'ici.
- C'est vrai que la douane doit être sévère... Et que veux-tu faire de cette information ?
- On peut essayer de créer une fausse carte d'identité française pour toi et une fausse lettre de refus à la guerre.
- C'est... Ambitieux... Et dangereux
- Tu penses que te cacher n'est pas dangereux ?
- Si bien sûr, mais là, il faudrait que je m'expose de nouveau aux autres, sachant que des gens me connaissent, il suffit que quelqu'un de la gendarmerie me reconnaisse et on est foutu.

Marc sert les trois assiettes et s'assoit avec eux.

- Et puis où est ce qu'on fait des faux papiers ?
- Il faut connaître des gens qui s'en occupent.
- Oui, et ça, ce ne sont pas des infos qui courent les rues !
- Si ce n'est que ça, je peux m'arranger...
- Tu penses à qui ?
- Alya...

Les garçons levèrent un sourcil, mais Marinette répondit par un sourire, elle était sûre que son amie pourrait lui trouver les infos qu'elle a besoin.

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Le lendemain, lors de la tournée qui se fait de plus en plus dure pour la belle, Marinette sourit, au loin, sur le bord du chemin, occupé de marcher avec des sacs, Alya.
Marinette ralentie à hauteur de la rouquine et se penche vers elle.

- Alya ! Où vas-tu ?!
- De l'autre côté de la ville !
- Monte, je t'y emmène !

Heureuse du geste de son amie, Alya charge ses affaires dans la camionnette et monte à côté elle.

- Merci beaucoup Marinette, j'ai les mains en feu...
- Oh, c'est bien normal... Comment vas-tu depuis l'appel ?
- Ça se passe, j'ai reçu une lettre de Nino récemment et pour le moment, il est entier...
- Dieu soit loué et qu'il les accompagne sur le champ de bataille...
- Tous les jours, je prie pour eux, tu peux en être sûre !
- Et le ciel te rendra tes prières...

Alya regarde en souriant à son amie et la scrute un peu.

- Dis-moi... Loin de moi surveiller ta ligne, mais tu n'auras pas pris un peu depuis la dernière fois ?
- Oh que si ! J'ai même pris un enfant dans le ventre !
- Oh bon dieu, tu es enceinte ?
- Oui !
- De Adrien ?
- Oui, quelle question !
- Je m'en assure seulement ! Félicitations ! Et ça se passe bien ?
- Pour le moment, oui, j'ai de l'aide à la boutique et Marc m'aide à la maison.
- Marc ?
- Mais oui, tu sais, le garçon timide aux cheveux noirs, celui qui est toujours avec Nath'
- Aaahh ! Lui ! C'est étonnant qu'ils n'aient jamais été fichés si tu veux mon avis ! Mais... Il est là ?

Marinette fait un arrêt, descend avec son amie et libre les baguettes et les pains au ravitaillement populaire avant de remonter en voiture.

- Donc, nous disons, oui, il est ici, il s'est fait refuser à la guerre parce qu'il est trop maigre et il est considéré comme malade.
- Malade, carrément ?
- Il a la peau sur les os, tu devrais voir ça... Du coup, il est tout seul et il m'aide à la maison.
- Et... Il n'y a rien, rassure-moi...
- Quand on se disait qu'il avait dû être fiché avant la guerre, nous n'avions pas tort, tu sais !
- J'en étais sûre !

Nouvel arrêt de la camionnette devant un hôpital.

- D'ailleurs, Alya, j'aurai besoin de ton aide et de ton talent à trouver des choses...
- Je t'écoute.
- Hier, j'ai entendu des femmes parlaient à la boulangerie comme quoi, il y aura des personnes qui créent des faux papiers... Tu serais recherché une de ces personnes ou quelqu'un qui pourrait m'y amener ?
- Ne m'en dis pas plus, je suis ta femme !
- Je savais que je pouvais compter sur toi...
- À condition que je sois la marraine !
- Parce que tu en doutais ?

Alya sourit en serrant Marinette dans ses bras le temps que la camionnette est à l'arrêt.
Le dernier gros arrêt avant de devoir partir dans les petits villages, la rouquine aide son amie a déchargé avant de reprendre ses affaires et de saluer la boulangère. Cette dernière remonte dans son véhicule, redémarre et sourit sur la route.

- Ça, c'est fait...
L'information n'a pas mis de temps à arriver, à peine deux jours plus tard, Alya est venue rendre visite à Marinette à sa boulangerie et lui a confier un papier où une adresse était notée.

La boulangère n'a pas perdu de temps à son tour. Du soir même, elle discutait de la marche à suivre pour obtenir ses précieux papiers.

- Mais tu es sûre de ce qu'elle avance ?
- Alya ne me trahira jamais, on peut lui faire confiance.
- Et elle ne t'a vraiment pas demandé pourquoi tu avais besoin de cette adresse ?
- Rien du tout, elle me demandera pourquoi dans quelques mois tout au plus
- Mais tu ne nous avais pas dit qu'elle était une grande curieuse ?
- Si. Mais pas me concernant... Disons que j'ai toujours de bonnes excuses et que même si elle ne me croit pas, elle ne me demandera pas de compte... Pas dans l'immédiat !

Les garçons se regardent perplexe, mais ils n'ont pas vraiment le choix, demain, ils iront à cette adresse avec leurs économies.


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- Aller... Viens, la voie est libre.

Marinette ouvre les portes de sa camionnette et aide Nathaniel à monter à l'arrière avec la marchandise. Tandis que Marc monte à l'avant avec la demoiselle.

- Je suis vraiment navrée Nath', mais on n'a pas de place à l'avant.
- Ne t'en fais pas, la farine ne me dérange pas !
- D'ailleurs Marinette, tu sais ce qu'on dit des femmes qui conduisent ?
- Et toi, tu sais ce qu'on dit des hommes qui sont avec d'autres hommes mon petit Marc ?
- Un point partout ! Démarre maintenant.

Le véhicule gronde et parcourt les rues de la ville pas encore éveillées. Les rares personnes qu'ils croisent, ce sont des ouvrières que la conductrice salue de la main.
Chaque matin, elle croise toujours les mêmes qui ont passé leur nuit dans les usines.

Aujourd'hui, la boulangerie est fermée. Même en cette période, malgré que ce ne soit pas très prudent, le jour du Seigneur passe avant.

- J'y pense, on n'est même pas sûr qu'ils seront là ! On est dimanche !
- De toute façon, maintenant, on est en route. Nous verrons bien une fois arriver.

Et l'adresse les emmène en dehors de la ville, plus loin des usines, vers une petite ferme au milieu de champs qui tiennent encore debout.
Marinette entre dans l'allée et se gare sur la cour où deux gros chiens aboient de toutes leurs forces sur les inconnus.
Marc fait descendre son amour et tous les trois se dirigent vers la porte d'entrée.


Un coup
Deux coup
Trois coup
Un temps
Deux temps

Et une petite dame aux cheveux en bataille, déjà en grande forme malgré l'heure matinale, ouvre.

- Ouais ? Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Alix ?!

L'interdit de guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant