C H A P I T R E | 1.5

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Raven prit mon visage entre ses mains et me regarda, rouge de colère.

— Yoko Narumi Mistuko Hitachi, si je te surprends encore une fois à dire ou à penser de cette manière, je te noie dans ce ruisseau, c'est clair ? demanda-t-elle. Ce sont les hommes qui ne sont pas assez bien pour toi, pas l'inverse. Peu de personnes te mérite, donc tu vas arrêter de te morfondre pour un con qui n'a pas conscience de la chance qu'il avait de t'avoir près de lui, c'est clair ? Il a eu un comportement injustifiable envers toi et te quitter c'était juste digne d'un lâche comme lui.

Ses yeux s'embuèrent et je sus directement à quoi elle pensait.

— Yoko, il était mauvais pour toi. Je n'ai pas envie de te rappeler tout ce qui s'est passé, mais tu dois l'oublier. Il te faisait du mal.

J'essayai de l'interrompre, cependant c'était peine perdue. Elle était trop protectrice envers moi. On avait vécu des évènements pénibles certes, mais il n'était pas le seul responsable. Elle le rendait coupable de tout.

Je hochai timidement la tête et elle me prit dans ses bras. C'était peine perdue de la faire changer d'avis, donc j'agrée. Je ne voulais pas me disputer avec elle, mais surtout je ne voulais plus penser à lui. Néanmoins, oublier quelqu'un qu'on a aimé était une tâche plus difficile que je ne le pensais.

— Tu sais ce qu'on va faire ? finit-elle par demander après m'avoir consolée. On va t'inscrire sur un site de rencontre. Les hommes sont comme des voitures : si tu as un accident et que tu ne reprends pas le volant rapidement, tu en auras peur. Et on ne veut pas de ça. Donc on va te trouver quelqu'un.

— Raven, objectai-je, je ne vais pas utiliser quelqu'un pour me guérir. Je ne veux pas de relation pansement.

— Tu ne le veux peut-être pas, mais tu en as besoin. De plus, tu crois que tu es la seule sur ce site qui cherche à se réparer ? C'est un échange de bons procédés. Qui sait, tu trouveras peut-être l'homme de ta vie, insista-t-elle.

M'inscrire sur un site de rencontre ? Suis-je désespérée à ce point ? Une image de mon réfrigérateur rempli de glace et de vin puis celle de ma chambre inondée de photos de Cameron et moi me vint en tête et je ne pouvais plus nier l'évidence : j'étais désespérée, et la compagnie d'un homme ne pouvait pas me faire de mal. Du moins, pas autant que la perte de Cameron.

— Tu as raison... admis-je péniblement. Je vais m'inscrire sur un site de rencontre.

Un rictus se dessina sur ses lèvres et je savais que quelque chose de diabolique se préparait dans son cerveau de cinglée.

— Je savais que tu allais dire ça, alors je me suis permis de prendre un peu d'avance et je t'ai déjà créé un profil. J'ai même des candidats potentiels ! se réjouit-elle.

— Raven ! criai-je en me levant. Tu m'as créé un profil ? J'y crois pas, pestai-je en me tirant les cheveux. Tu...je... argh ! bafouillai-je.

Je n'avais pas assez de mots pour exprimer ma colère contre elle. Je savais qu'elle faisait ça pour mon bien et que j'aurais dû me douter qu'elle allait faire une bêtise : elle était trop calme ces derniers jours. Je respirai longuement et me tournai vers elle. Raven me faisait de nouveau ses yeux de chien battu. Je levai les yeux au ciel et me rassis près d'elle, la bousculant au passage.

Ma colère était redescendue aussi vite qu'elle était apparue. J'avais énormément de sautes d'humeur en ce moment. Je mettais ça sur le compte de ma rupture, mais je sentais que ce n'était pas dû qu'à ça. Il y avait autre chose, mais je ne pouvais pas mettre le doigt dessus.

— Fais voir les prétendants, grognai-je.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire et je ne pus empêcher les miennes de faire de même. Elle me donna son téléphone sur lequel je pouvais apercevoir plusieurs profils. Quatre pour être exacte.

— J'ai passé des soirées à éplucher tout le site pour te sélectionner l'élite. Il y a Charles, dit-elle en me montrant sa photo. Divorcé, il vit pas très loin d'ici, aime les animaux et les longues randonnées.

— Point négatif ?

— Il a 40 ans, lâcha-t-elle le plus innocemment du monde.

— 40 ans ? m'étranglai-je. Raven ! seize ans de différence c'est trop pour moi.

— Rabat joie, grommela-t-elle.

Je lui mis un coup de coude dans ses côtes et elle éclata de rire. Je ne pus pas m'en empêcher et la suivis dans son fou rire. Elle se calma et me montra ensuite le profil d'un autre homme. Ma bouche sembla se détacher de ma mâchoire. Visage souriant, dents blanches, cheveux noirs coupés court, des yeux verts pétillants, peau foncée qui était parsemée de taches de rousseurs tout bonnement adorables : tout était parfait chez lui, physiquement parlant.

Qu'est-ce qui me prenait ? Pourquoi j'avais les hormones en feu comme ça ?

— Raven... il est incroyable.

Elle me regarda non sans fierté. Elle était ravie de me voir bouche bée devant cet homme.

— Je te présente Zack, il aime la cuisine et le bon vin. Il est peintre et potier. La bonne nouvelle c'est qu'il vit ici !

— Et la mauvaise ?

— Il n'y en a pas ! Sauf si tu considères qu'être diaboliquement sexy est un défaut !

Il vivait ici. Il vivait ici et pourtant je ne l'avais jamais croisé. C'était étrange, je croyais connaître presque tout le monde à Oldham.

— Tu l'as déjà vu quelque part en ville ? demandai-je subitement.

Elle fronça les sourcils et finit par me répondre par la négative quelques secondes plus tard.

— Peut-être qu'il ne travaille pas ici ? ça justifierait sa discrétion.

— Peut-être, répétai-je en haussant mes épaules.

— Tu lui envoies un message ?

— Là, maintenant ? m'étranglai-je.

— Je profite que tu sois un petit peu fatiguée. Dans ton état normal tu ne le feras jamais.

Elle n'avait pas tort. « Qui ne tente rien n'a rien » pas vrai ? On n'a qu'une vie. Il fallait bien que je me lance un jour.

— Passe-moi ce téléphone, ordonnai-je.

Raven me le donna non sans sauter de joie. L'appareil dans les mains, je ne savais plus quoi faire. Qu'est-ce qu'on était censé écrire pour démarrer la conversation pour la première fois ?

— Qu'est-ce que je lui dis, moi ? « Salut, je te trouve beau comme un dieu, ça te dit de sortir boire un verre un de ces jours ? »

Elle éclata de rire. Elle prenait son pied à me voir stresser comme ça.

— Tu pourrais commencer par un bonjour comme quelqu'un de normal peut-être ? suggéra-t-elle hilare.

Je levai les yeux au ciel. Mes mains tremblèrent légèrement lorsque je pressai sur le bouton « envoyer ». Je lâchai brusquement le téléphone après que le message avait été distribué.

Advienne que pourra, je ne pouvais pas revenir en arrière.

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1163 mots 🤪

Bonjour tout le monde ! J'espère que votre semaine s'est bien passée. Premier chapitre est officiellement clos. Qu'en avez-vous pensé ?

J'adore le personnage de Raven. Elle est audacieuse là où Yoko est timide et sans elle je ne pense pas que notre jolie japonaise serait sortie de sa léthargie amoureuse si je peux dire ça comme ça 😭

Petit coin questions :
1. Comment présagez-vous les chapitres suivants ? Quel impact aura ce mystérieux jeune homme sur Yoko ?
2. Que c'est-il passé entre Yoko est son ex ? Des idées ?
3. Que ce passera-t-il dans les prochains chapitres ?

Je vous fais de gros becs, à bientôt <3

Sauve-moi tant que tu peux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant