empire state of mind

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❝  Baby, there's nothing you can't do.
Now, you're in New York. ❞

☆ ͡    ݂      ۫

Dans les rues New yorkaises, le tonnerre sonore grondait entre les ruelles illuminées. Il y avait cette touche d'habitude collée aux lippes bavardes ; les injures, les klaxons qui ne cessaient de s'accrocher au ciel, destinés à fracasser les nuages de neige de leur vacarme exécrable. Les bourrasques étaient poudrées d'une coulée féerique, c'était comme un baiser de voie lactée. Et les danses enneigées virevoltaient autour des silhouettes, lorsque quelques couples venaient à jouer les vieux amoureux sous les branches de gui, le cœur en pétard et les yeux en feux d'artifice — c'était Noël, se disait-il, c'était malheureusement Noël.

New York était belle sous son pelage d'hiver et les gratte-ciel semblaient vêtus de ces nuées fantasques, bien que lumineuses en ces beaux jours de fête. Parfois, voyait-il ces enfants agités sur la grande place, quelques parents dont le regard demeurait que trop distrait dans ces galeries urbaines où l'esprit de Noël ne cessait de briller. Le Rockefeller Center s'habillait de présences insolites, c'était la mascarade des étrangers, le carrefour des nations qui se mâtinait à cette part d'hommes marginalisés dans les coins de rues les plus reculés. Manhattan frissonnait sous les souffles du mistral hivernal, et accompagnée de ces lumières enjôleuses qui épousaient les silhouettes, elle resplendissait malgré les sombres passés. Le cristal de décembre se brisait en une diluvienne danse givrée.

Personne ne se connaissait, personne ne se regardait. Le monde continuait à vivre sans se soucier de l'existence des siens. On y était affreusement solitaire, proche des lointains.

Car nous ne sommes tous qu'un mirage dans la vie d'autrui — le secondaire qui ne parvient à s'imposer face au principal factice.

Le gigantesque sapin de la grande place surplombait le reste de l'espace, majestueux, divin. Les étincelles rougeoyantes de son pelage apportaient une certaine chaleur dans les cœurs trop froids, abîmés de givre par le poison maladif que déversaient les paroles trop crues, les comportements malotrus. L'humain était de cela, une conjonction de défauts qui lui collait bien à la peau.

La luxure des jolis corps s'ancrait à la tête trop pleine, les pensées erratiques et la jalousie de ne pouvoir diaboliser les passions de chair. Alors on y succombait quelque part. On y succombait car tout cela, ça faisait bien trop mal — la monotonie des jours heureux, les expériences qui surgissaient comme un souvenir, des terribles traumatismes.

Le bonheur ne suffisait sans doute plus, les âmes s'octroyaient à quémander le mauvais pour se sentir vivre dans les bras d'autrui.

« Comment ça tu me plaques ?

Écoute, Jisung...

Tu... Tu rigoles hein ? Dis-moi que tu déconnes. »

Il toisait la jeune fille d'un air dédaigneux, les prunelles vides et larmoyeuses. Les flocons blanchis épousaient les mèches lisses et brunettes de la demoiselle, apportant une certaine harmonie dans le maculé de sa chevelure. Les phalanges entrelacées, le couple se présentait sans embarras face au coréen, immobile de stupéfaction. Jisung serra des dents.

« Donc si je comprends bien, tu m'as fait bougé du Queens jusqu'à Manhattan, pour t'écouter me dire que tu me plaques pour cette meuf ? »

Son ex petit-ami n'osait pas lui répondre, il préféra laisser le silence guider ses futures actions, dans le plus grand désarroi de Jisung. Les traits de son visage se crispaient doucement face au néant sonore qui s'installait depuis ses derniers mots, lâchés comme de la poudre à canon ; une bombe prête à faire des étincelles dans ce monde de cons.

OUT OF SIGHT,                                                           minsung Where stories live. Discover now