1. Un château (presque) enchanté

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Bonsoir ! 

Croyez-le ou non, le chapitre de cette semaine fut achevé un mardi, et je suis assez contente de lui. Mon personnage préféré rejoint l'aventure d'une manière qui me plaît assez, sans pour autant trop se rapprocher d'Immortels. 

Au fait, rassurez-vous, pas de spoiler d'Immortels dans cette histoire. Si certains personnages sont communs, le récit pas du tout. 

J'espère que vous apprécierez ce chapitre. 

Bonne lecture ! 

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Il était une fois, dans un pays quasi-lointain, une petite cité médiévale baptisée Greyhall par ses premiers habitants. Elle se situait au milieu d'une zone rurale, bordée par une large forêt. La route principale serpentait à travers bosquets verdoyants, champs en jachère et sautait par-dessus une petite rivière qui abreuvait d'eau claire toute la vallée. Au centre de lieux, endormie dans ce cocon de verdure, Greyhall se dressait, les remparts parés de plantes rampantes, refuge des oiseaux endémiques. La vie y était douce, paisible, rythmée par les saisons et les caprices de la nature. Une seule question taraudait les habitants des lieux : quel péché avaient pu donc commettre leurs ancêtres pour qu'ils soient tous maudits à ce point ?

Car derrière la cité planait une malédiction, une infamie inaltérable dont tous les exorcismes et purifications du monde n'avaient pu venir à bout. Au bout de la vallée, naturellement baigné d'une brume éternelle, il se tenait à flanc de falaise. Un château aux pierres noires tout droit sorti d'un conte de fée dominait toute la vallée et l'inondait de ses maléfices. Il n'était plus habité depuis plus d'un millénaire mais ses propriétaires n'en avaient jamais quitté l'enceinte.

Une nuit noire était tombée sur Greyhall, elle amenait au creux de ses bras une brise glaciale qui figea toute la cité. Volets et persiennes étaient fermés depuis quelques heures, seuls quelques passants se hâtaient dans les rues assombries. Les lampadaires étaient exceptionnellement éteints, signe d'une date funeste. Les rares sources de lumière provenaient d'interstices entre deux planches d'un volet mal fermé, ou encore des fenêtres mal cachées par des rideaux qu'un touriste aventureux et inconscient aura laissé ouverts.

Appuyé sur le rempart est, silencieux, l'homme frottait vigoureusement ses mains que le froid attaquait avec ardeur. Sean Davis était le maire de Greyhall depuis plus de trente ans, il était né dans ces rues enchanteresses, avait appris à nager dans les eaux de la rivière, la Néïade, et avait construit toute sa vie entre ces murs dont il connaissait l'histoire narrée par les anciens. Les pierres des remparts de Greyhall formaient un bouclier millénaire, elles portaient les stigmates de leurs luttes avec les démons mais n'avaient jamais cédées. Cela n'empêchait pas le vieil homme d'être terrorisé en cette nuit d'hiver, comme tous les ans.

— Les grands esprits se rencontrent, dit une voix grave sur sa droite.

Sean sursauta et se tourna brutalement sur le côté. Il mit une main à sa ceinture et se saisit du poignard qu'il portait toujours ces nuits-là, cadeau de son grand-père. L'inconnu leva une main en guise de gage de paix. Il tenait une petite lanterne qu'il pouvait occulter ou découvrir à volonté. Les appareils électriques n'étaient pas fiables en ces temps obscurs.

— Ce n'est que moi.

— Je pensais que tu étais souffrant John, dit Sean en se calmant. J'ai croisé ton épouse ce matin, elle m'a informé de ton état et m'a prévenu que tu ne viendrais pas ce soir.

— Je viens tous les ans depuis soixante ans, rétorqua son vieil ami, je n'allais pas manquer cela à cause d'une simple fièvre.

Les deux hommes s'installèrent sur les remparts et observèrent, ou plutôt devinèrent, la route qui suivait la rivière, douve naturelle, en contrebas des remparts. Ce chemin-là ne rentrait pas dans la cité, mais menait là-bas, au château. Les terrassiers, en des temps lointains, avaient calqué la trajectoire de la route sur celle de la rivière qui courait le long du côté est des remparts et fuyait jusqu'au château qu'elle embrassait de part et d'autre avant de se jeter du haut des falaises.

Wood Castle - Priez pauvres fous !Where stories live. Discover now