Nad no ennas !

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Ils voyagèrent de longues semaines avant d'atteindre la Trouée du Rohan. Ils passèrent non loin d'Edoras, la résidence de Fengel, roi des Rohirrim, mais ne s'y arrêtèrent pas. Le souverain de la Marche n'était pas connu pour sa bonté et sa patience, et pourtant, il les avait autorisés à traverser le Rohan. Pour quelles raisons, les voyageurs ne pouvaient le deviner, mais ils ne désiraient pas provoquer un quelconque problème. Le mieux était donc d'être discrets et rapides, pour ne pas attirer l'attention du Roi et le pousser à revenir sur sa décision de les laisser passer.

En poursuivant leur route, ils arrivèrent à la Trouée du Rohan, cette interruption dans la chaîne de montagnes, marquant la distinction entre les Monts Brumeux et les Montagnes Blanches qu'ils venaient de longer. Ils cessèrent alors de suivre les reliefs et s'engagèrent sur la Vieille Route du Sud, qui allait en direction du nord-ouest. Auparavant, quand les Rois du Gondor régnaient sur l'Eriador en plus du Rhovanion, cette voie était toujours passante, toujours occupée par des convois divers qui traversaient la Terre du Milieu d'est en ouest, ou l'inverse. A présent, la chaussée était défoncée et envahie d'herbes folles. Seuls les sabots de leurs chevaux sonnaient dans le silence. Il n'y avait aucune trace de vie civilisée aussi loin que se portait leur vue.

Ils suivirent cette route quelques jours, sans trop se presser. Legolas avait hâte d'arriver à Imladris, mais il redoutait également ce qu'il allait y découvrir. Il ne pensait plus à son père, ni au royaume des elfes de la Forêt Noire. Seul comptait le présent et le voyage.

Eldalóthë regrettait de ne pas avoir pu mieux explorer Minas Tirith, mais l'accueil des humains l'avait quelque peu refroidie. Cependant, ce n'était pas là le plus important : elle était avec Legolas et Celeanor, ils étaient tous en bonne santé, et ils pouvaient aller où bon leur semblait. Que demander de plus ? Chaque instant passé auprès de celle qu'elle aimait était un instant de bonheur. Leurs étreintes et leurs baisers étaient devenus une composante essentielle de sa vie.

Et c'était largement réciproque. Celeanor n'avait jamais passé de voyage si agréable que celui-ci. Eldalóthë l'aimait. Elle était heureuse. C'était aussi simple que ça.

Ils cheminaient donc paisiblement, profitant de ces jours de liberté absolue. Depuis qu'ils suivaient la Vieille Route du Sud, ils n'avaient croisé personne. Ils arriveraient bientôt au point où il leur faudrait la quitter pour s'engager sur d'autres chemins qui les mèneraient à Imladris.

Il était près de midi lorsqu'ils furent attaqués.

Ils discutaient tranquillement, leurs chevaux étaient au pas, et ils ne faisaient pas attention au paysage, qui n'était que plaines vallonnées parsemées de maigres touffes de végétation.

Soudain, d'un repli du terrain près duquel passait la route, jaillit un petit groupe d'individus masqués. Les bandits s'élancèrent vers eux en hurlant pour effrayer leurs chevaux, prenant soin de les entourer pour les empêcher de fuir. Ils étaient armés d'épées et de haches, vêtus de vêtements sales.

Rapides comme l'éclair, les trois elfes saisirent leurs arcs et décochèrent quelques flèches. Les chevaux, bien dressés et habitués à la guerre, ne bronchèrent pas, évitant à leurs cavaliers d'être désarçonnés. Les bandits regardèrent avec surprise quelques-uns de leurs compagnons tomber, et leurs cibles bander de nouveau leurs arcs.

En un instant, les proies devinrent chasseurs.

Au galop, les elfes poursuivirent les attaquants en fuite et les abattirent l'un après l'autre, veillant autant que possible à ne pas les tuer mais à les blesser suffisamment pour qu'ils deviennent inoffensifs.

La bataille fut vite terminée.

Ils rassemblèrent leurs prisonniers, puis ramassèrent leurs flèches. Enfin, ils s'approchèrent de la dizaine d'humains blessés et effrayés qui attendaient, avachis dans la poussière de la route.

Elen síla lumenn' omentielvo [Terminée]Where stories live. Discover now